KANT: Qu'est-ce donc, au demeurant, la religion ?
Extrait du document
«
"Qu'est-ce donc, au demeurant, la religion ? La religion est la loi présente en nous
pour autant qu'elle reçoit son poids d'un législateur et juge au-dessus de nous (...).
Chants de louange, prières, fréquentation de l'église ne sont destinés qu'à donner à
l'homme des forces nouvelles, un courage neuf pour s'amender, ou à servir
d'expression à un coeur animé de la représentation du devoir.
Elles ne sont que
préparations à des oeuvres de bien, mais non oeuvres de bien elles-mêmes, et l'on
ne saurait se rendre agréable à l'Être suprême qu'en devenant meilleur.
Il faut commencer auprès de l'enfant par la loi qu'il porte en lui.
L'homme perdu de
vices est méprisable à ses propres yeux.
Ce mépris a son fondement en l'homme
même, et il n'en est nullement ainsi parce que Dieu a interdit le mal.
Point n'est
besoin en effet que le législateur soit en même temps l'auteur de la loi.
Ainsi un
prince peut dans son pays interdire le vol sans qu'on puisse parler de lui comme de
l'auteur de l'interdit de voler.
L'homme puise à cette source la claire vision que sa
bonne conduite seule le rend digne du bonheur.
La loi divine doit apparaître en
même temps loi naturelle, car elle n'est pas arbitraire.
De là vient que la religion
entre dans la moralité." KANT
Analyse du sujet: Seule la conduite morale peut être source de bonheur véritable et de salut.
Il n'y a donc pas
d'opposition entre loi morale et loi divine.
Conseils pratiques: Il est souhaitable de bien connaître son cours sur la morale kantienne.
Définissez avec soin les
concepts principaux: loi, oeuvres de bien, bonne conduite, bonheur, etc.
Analysez avec soin les arguments
démonstratifs de Kant.
Articulation des idées :
Une définition de la religion dans ce qu’elle a d’essentiel, de fondamental : c’est la loi (morale) qui nous est donnée par
Dieu (« législateur et juge au-dessus de nous »).
En d’autres termes c’est la connaissance de tous nos devoirs en tant
qu’ils sont des commandements de Dieu.
Une conséquence : tout le reste, tout ce qui ne relève pas de l’observation de la loi morale (les rites, les louanges, les
prières, etc.) n’est pas essentiel aux yeux de Dieu lui-même.
Une précision capitale : la loi morale ne saurait être tenue pour « arbitraire » parce que Dieu nous l’a donnée (comme si
elle dépendait du caprice de Dieu qui en serait l’auteur), mais elle est loi morale, parce qu’elle est le devoir déterminé
par notre raison même (chacun « porte la loi en lui »).
Une seconde conséquence : la morale et la religion ne sauraient être divergentes ; dès qu’il agit moralement l’homme
agit aussi religieusement.
Intérêt philosophique :
L’intérêt philosophique de ce texte est de donner une forme pure et un caractère universel à la religion en la
dépouillant de toutes les croyances et comportements superstitieux, puisque dans son essence elle se trouve ramenée
à l’observation de la loi morale, du devoir, elle-même universelle.
RELIGION & RAISON CHEZ KANT.
• La loi morale est la condition de possibilité du « vrai culte », d’une religion authentique.
Dans le « faux culte », c’est
la théologie (interprétation des écrits bibliques) qui est le fondement, la condition de possibilité de la morale.
L’homme
perd son autonomie rationnelle et devient le jouet des exégèses théologiques, des prêtres devenus « fonctionnaires »
(hétéronomie de la volonté).
On voit ici le danger que la religion ne sécrète son poison mortel : le fanatisme et
l’impossibilité d’une amélioration de l’homme, assujettis au rang d’éternel « mineur ».
• Les sentiments de « crainte » (« Respecte la loi divine, si tu ne veux pas être damné ») , d’« espoir » (« Respecte la
loi morale, .
si tu veux être sauvé») ne peuvent fonder que des « impératifs hypothétiques », cad des maximes
conditionnées par l’égoïsme, l’intérêt ou que des moyens en vue d’une fin plus ou moins louable.
• Instrumentalisation des « Ecritures ».
Exemple : le Christ devient exemple de l’impératif catégorique, de la moralité en
acte.
• A l’opposé de ces principes de prudence (éviter le malheureux, chercher l’utile) on opposera l’impératif catégorique
(«Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne des autres, toujours
comme une fin et jamais simplement comme moyen » ) qui commande de manière inconditionnée ce qu’il s’agit de faire.
C’est lui que Kant invoque sur les termes de « loi » et de « conscience » moral.
La postulation de l’existence de Dieu
apporte consistance et relief à la conscience morale.
L’homme ne pêche plus seulement contre sa conscience et
devant l’humanité mais aussi contre la déité.
Si le remords devenu péché, faute est fortifié par l’existence de Dieu, il
n’en demeure pas moins que la primauté, le fondement appartient bien au « tribunal » de la conscience avant celui du
« Jugement dernier »..
»
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