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Kant: Nul ne peut faire l'expérience de la mort

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« La mort est l'éclipse de la faculté de sentir.

Si nous pouvons en avoir une approche dans les expériences du sommeil et de l'évanouissement, la mort en elle-même ne peut être l'objet d'une quelconque expérience, car faire une expérience relève de la vie : il faut être affecté.

Nous n'avons que l'expérience de la mort des autres.

Dans l'Anthropologie, Kant n'affirme pas que mourir est douloureux.

Les râles et les convulsions ressemblent surtout à des réactions mécaniques de la force vitale.

Peut-être qu'ils ne font qu'exprimer la douceur d'une délivrance du mal.

En règle générale, nous n'avons pas tant peur de mourir que de la pensée qu'un jour nous serons morts, et l'erreur, source de toute frayeur, est de croire que nous aurons encore en nous cette pensée, cadavres scellés dans un cercueil, gisants dans un cimetière.

Si nous pouvons craindre cette pensée qu'un jour nous serons morts, la pensée "je suis mort" est rigoureusement impossible.

Si nous pouvons penser des prédicats de nous-mêmes qui ont valeur négative (je ne suis pas en bonne santé, je suis malheureux, etc.), il est impossible, parce que contradictoire, de penser : "Je ne suis pas." Se posant comme Je, le sujet ne peut se nier lui-même. KANT (Emmanuel).

Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, il est privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques et de philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolution française l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pour en aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur la politique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, après une très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science comme un fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussi considérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, les croyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoir par la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, les données de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.

Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'est la dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser son objectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et au temps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont les sources de la connaissance.

— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance du monde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède une réalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.

L'espace et le temps sont les formes a priori de toutes les données empiriques.

C'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de la sensibilité.

Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide des catégories, ou principes de l'entendement pur.

Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limites de la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance. Elles sont posées à l'occasion de l'expérience, mais la dépassent.

La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ; chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur). Quantité : unité, totalité, pluralité.

Qualité : réalité, négation, limitation.

Relation : substance, causalité, réciprocité.

Modalité : possibilité, existence, nécessité.

— L'analytique et la dialectique constituent la logique transcendantale.

La raison a une destinée pratique, une faculté d'agir.

Si la raison pure théorique est illusoire, la raison pure pratique est infaillible Elle est liberté, elle se donne à elle-même ses propres règles morales, qui définissent son autonomie.

— Il y a en l'homme une tendance naturelle au désordre et au péché : cette tendance est servitude.

La liberté devient donc un commandement, un impératif à nous adressé ; elle est la raison d'être de la règle morale.

Le devoir, loi imposée par la raison à la volonté, est la façon que nous avons de connaître la liberté.

L'impératif (le la moralité est catégorique, absolu, inconditionnel, universel.

« Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle.

» Cette maxime de l'action a pour objectif une fin en soi, qui est l'être raisonnable.« Agis de telle sorte que tu traites toujours l'humanité, en toimême et en autrui, comme une fin et jamais comme un moyen.

» Dans ce monde idéal, cette république des fins, « chaque citoyen serait à la fois législateur et sujet ».

Donc, « agis comme si tu étais législateur et sujet dans la république des volontés libres et raisonnables ».

— L'homme étant naturellement porté vers le désordre, ne peut accomplir ces impératifs catégoriques qu'imparfaitement.

De cette imperfection, naît le conflit religieux.

Aux principes généraux de la raison pratique, sont liés des postulats.

« L'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme sont les postulats qui garantissent à la raison pratique l'utilité de son effort.

La croyance rétablit ce dont la raison pure théorique n'avait pu fournir aucune preuve valable.

» — Kant analyse d'autre part la notion du beau et la notion de la finalité.

Le beau est ce qui plaît universellement sans concept ; c'est aussi une finalité sans fin.

L'idée de finalité a une valeur subjective ; le principe théologique a une nécessité entièrement relative à la constitution de notre esprit, qui pose ce principe : « Rien n'existe en vain.

» — Kant demeure l'un des plus grands philosophes de tous les temps ; son influence fut considérable au rixe siècle, et se poursuit de nos jours.

On ne peut désormais plus se livrer à des études philosophiques sans rencontrer, d'une façon ou d'une autre, la pensée de Kant.. »

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