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KANT: L'homme est un être destiné à la société

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L'homme est un être destiné à la société (bien qu'il soit aussi, pourtant, insociable), et en cultivant l'état de société il éprouve puissamment le besoin de s'ouvrir à d'autres (même sans viser par là quelque but) ; mais d'un autre côté, embarrassé et averti par la crainte du mauvais usage que d'autres pourraient faire du dévoilement de ses pensées, il se voit contraint de renfermer en lui-même une bonne partie de ses jugements (particulièrement quand ils portent sur d'autres hommes). C'est volontiers qu'il s'entretiendrait avec quelqu'un de ce qu'il pense des hommes qu'il fréquente, de même que de ses idées sur le gouvernement, la religion, etc. ; mais il ne peut avoir cette audace, d'une part parce que l'autre, qui retient en lui-même prudemment son jugement, pourrait s'en servir à son détriment, d'autre part, parce que, concernant la révélation de ses propres fautes, l'autre pourrait bien dissimuler les siennes et qu'il perdrait ainsi le respect de ce dernier s'il exposait à son regard, ouvertement, tout son coeur. KANT

« « L'homme est un être destiné à la société (bien qu'il soit aussi, pourtant, insociable), et en cultivant l'état de société il éprouve puissamment le besoin de s'ouvrir à d'autres (même sans viser par là quelque but) ; mais d'un autre côté, embarrassé et averti par la crainte du mauvais usage que d'autres pourraient faire du dévoilement de ses pensées, il se voit contraint de renfermer en lui-même une bonne partie de ses jugements (particulièrement quand ils portent sur d'autres hommes).

C'est volontiers qu'il s'entretiendrait avec quelqu'un de ce qu'il pense des hommes qu'il fréquente, de même que de ses idées sur le gouvernement, la religion, etc.

; mais il ne peut avoir cette audace, d'une part parce que l'autre, qui retient en lui-même prudemment son jugement, pourrait s'en servir à son détriment, d'autre part, parce que, concernant la révélation de ses propres fautes, l'autre pourrait bien dissimuler les siennes et qu'il perdrait ainsi le respect de ce dernier s'il exposait à son regard, ouvertement, tout son coeur.» KANT QUESTIONS 1.

Dégagez l'idée centrale et le mouvement du texte. 2.

Expliquez : a.

« en cultivant l'état de société il éprouve puissamment le besoin de s'ouvrir à d'autres (même sans viser par là quelque but) » ; b.

« parce que, concernant la révélation de ses propres fautes, l'autre pourrait bien dissimuler les siennes et qu'il perdrait ainsi le respect de ce dernier s'il exposait à son regard, ouvertement, tout son coeur » 3.

La vie en société nous rend-elle dépendants du jugement d'autrui ? > QUESTION 1 Kant soutient que l'homme est par nature sociable et insociable.

Il est sociable, parce qu'il est par nature poussé à rechercher la compagnie de ses semblables afin de développer ses qualités d'homme.

Mais il est insociable parce qu'il répugne à s'ouvrir complètement à eux et craint l'image qu'ils lui renverront de lui.

Le premier paragraphe du texte pose cette thèse.

Le second (à partir de « C'est volontiers ») la développe. C'est un cercle vicieux de la méfiance qui explique l'insociabilité de l'homme : on craint qu'autrui ne se serve de nos opinions à nos dépens; et d'être le seul à se dévoiler.

Du coup, on suspecte autrui et on se renferme davantage, etc. Kant pose donc la question de l'influence d'autrui sur le jugement de chacun et plus largement, il interroge le hiatus qui sépare les apparences et l'essence, ce que l'on donne à voir et ce que l'on est vraiment. > QUESTION 2 a.

« en cultivant l'état de société il éprouve puissamment le besoin de s'ouvrir à d'autres (même sans viser par là quelque but) » Cela signifie que l'homme ne peut pas longtemps se contenter de côtoyer ses semblables.

Il a besoin d'approfondir ses relations avec autrui, d'échanger des idées, même si ce commerce n'est pas finalisé par autre chose que par lui-même.

C'est ce qui le distingue de l'animal. b.

« parce que, concernant la révélation de ses propres fautes, l'autre pourrait bien dissimuler les siennes et qu'il perdrait ainsi le respect de ce dernier s'il exposait à son regard, ouvertement, tout son coeur » La vie sociale est un jeu d'apparences en miroir.

On peut toujours s'attirer le respect, au moins extérieur, d'autrui lorsque l'on adopte une conduite conforme à la morale : donner à un démuni, par exemple.

Mais rien ne permet à autrui de savoir si on agi par pur devoir (par respect de la dignité de la personne humaine) ou seulement conformément au devoir et pour d'autres motifs (soulager sa conscience, donner une bonne image de soi aux personnes présentes).

Sauf si on le lui indique directement.

Or, si on avoue que l'on a seulement agi conformément au devoir, que donc notre attitude n'est pas en elle-même morale, autrui nous retirera son respect.

Il renverra de nous-même une image peu flatteuse. > QUESTION 3 [Introduction] On oppose souvent la solitude et l'aridité de la quête de la vérité aux apparences trompeuses de la vie sociale.

L'homme devrait faire retraite en lui-même et s'émanciper du jugement simplement reçu d'autrui (le préjugé) afin d'initier une pensée autonome et personnelle, dans les domaines théorique et éthique. Mais la dépendance envers le jugement d'autrui peut aussi être comprise en un sens positif.

Car comment pourrait-on penser juste si l'on ne communiquait ses pensées à autrui et s'il ne nous communiquait les siennes ? Peut-on concevoir la quête de la vérité sans intersubjectivité ? L'enjeu (et le paradoxe) de ce questionnement est de savoir dans quelle mesure cette dépendance à l'égard du jugement d'autrui permet à chacun de progresser vers plus d'autonomie. [I.

La vie en société aliène le jugement personnel]. »

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