Kant: l'espace comme forme a priori de la sensibilité
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HTML clipboardL'espace constitue le milieu dans lequel nous vivons et agissons : c'est pourquoi la réflexion sur sa nature est importante. Sans le définir, comment comprendre, par exemple, le fonctionnement de la perception qui y trouve nécessairement son fondement ? Aristote considérait que ses orientations élémentaires (le haut et le bas, la droite et la gauche...) étaient des absolus de la nature ; mais il réfléchissait relativement à un univers tenu pour fini, dans lequel la terre était considérée comme centrale. Après les découvertes de Copernic et de Galilée, une telle conception n'est plus possible.
«
VOCABULAIRE:
A priori: Ce qui précède l'expérience, et n'est tiré que de l'esprit ou de la raison.
Chez Kant, les formes a priori de la sensibilité (l'espace et le temps) et de l'entendement (les catégories)
rendent possible l'expérience (l'a priori est ici transcendantal).
Les marques de l'a priori sont l'universalité et la
nécessité.
L'expérience, quant à elle, n'offre que des généralisations et du contingent.
Fidèle à l'idéalisme cartésien, Kant ne tient pas l'espace pour un concept tiré de l'expérience.
Il est le
fondement de toute perception possible.
Si je n'avais au préalable la représentation de l'espace, il me serait
impossible de savoir ce qu'est l'extériorité (un autre lieu de l'espace que celui où je me trouve), de même qu'il
me serait impossible de me représenter les choses comme distinctes et placées les unes à côté des autres.
Cette expérience originaire de l'extériorité n'est possible que grâce à cette intuition a priori de l'espace.
Plus
généralement, toutes nos intuitions extérieures sont fondées sur cette représentation a priori.
La preuve en est
que l'on peut se représenter un espace sans objets, mais non des objets en dehors de tout espace.
Tous
les principes de la géométrie reposent sur cette intuition a priori qui en fonde la vérité.
Pour la même raison, les
principes mathématiques ne sont pas tirés de l'expérience : c'est a priori, et non en référant à l'expérience, que
nous savons qu'il n'y a qu'une seule ligne droite possible entre deux points.
Enfin, l'espace n'est pas un concept de rapports entre les
choses, mais une intuition pure.
Par elle, nous savons qu'il n'existe qu'un seul espace, que celui-ci n'est pas constitué de parties, mais en
lui toutes les parties, séparations, divisions, distinctions peuvent y trouver place, et tout concept que nous pourrons produire de l'espace
ne sera qu'une limitation de cette intuition.
L'espace se donne comme une grandeur infinie, ce qui montre là qu'il est intuition et non
concept : un concept ne sera qu'une délimitation au sein de cet infini ; et cette intuition de l'infini permet de concevoir la notion d'un
progrès à l'infini de l'intuition.
KANT (Emmanuel).
Né et mort à Königsberg (1724-1804).
Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de
Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.
En 1755, il est privat-dozent de l'Université de sa
ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques et de philosophie.
En 1770, il devient titulaire de la chaire de
logique et de métaphysique.
Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les
trois Critiques.
La Révolution française l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée,
que pour en aller apprendre les nouvelles.
Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur la politique et la
religion.
A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.
Kant mourut le 12 février 1804, après une très longue agonie.
— A ses
débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.
Il considère la science comme un fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit
nous préoccuper.
La lecture de Rousseau lui fait aussi considérer la moralité comme un fait.
Nous retrouvons, en conclusion du système
kantien, comme postulats, les croyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.
Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé
le savoir par la foi.
» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, les données de
la sensation.
Le monde intelligible est une« illusion théorique».
Le pouvoir de la raison pure est illusoire.
Les principes de l'entendement
pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'est la dialectique transcendante.
La raison doit
reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser son objectivité.
— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde
sensible, ou phénomènes liés à l'espace et au temps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.
L'intuition
et le concept sont les sources de la connaissance.
— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance du
monde intelligible.
— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède une réalité objective, il
faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.
L'espace et le temps sont les formes a priori de toutes les données empiriques.
C'est ce
qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de la sensibilité.
Les représentations données par ces deux éléments
sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide des catégories, ou principes de l'entendement pur.
Les catégories (analytique
transcendantale) qui dessinent les limites de la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.
Elles sont
posées à l'occasion de l'expérience, mais la dépassent.
La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ;
chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur).
Quantité : unité, totalité, pluralité.
Qualité : réalité, négation, limitation.
Relation : substance, causalité, réciprocité.
Modalité : possibilité, existence, nécessité.
—
L'analytique et la dialectique constituent la logique transcendantale.
La raison a une destinée pratique, une faculté d'agir.
Si la raison pure
théorique est illusoire, la raison pure pratique est infaillible Elle est liberté, elle se donne à elle-même ses propres règles morales, qui
définissent son autonomie.
— Il y a en l'homme une tendance naturelle au désordre et au péché : cette tendance est servitude.
La liberté
devient donc un commandement, un impératif à nous adressé ; elle est la raison d'être de la règle morale.
Le devoir, loi imposée par la
raison à la volonté, est la façon que nous avons de connaître la liberté.
L'impératif (le la moralité est catégorique, absolu, inconditionnel,
universel.
« Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle.
» Cette maxime de
l'action a pour objectif une fin en soi, qui est l'être raisonnable.« Agis de telle sorte que tu traites toujours l'humanité, en toi-même et en
autrui, comme une fin et jamais comme un moyen.
» Dans ce monde idéal, cette république des fins, « chaque citoyen serait à la fois
législateur et sujet ».
Donc, « agis comme si tu étais législateur et sujet dans la république des volontés libres et raisonnables ».
—
L'homme étant naturellement porté vers le désordre, ne peut accomplir ces impératifs catégoriques qu'imparfaitement.
De cette
imperfection, naît le conflit religieux.
Aux principes généraux de la raison pratique, sont liés des postulats.
« L'existence de Dieu et
l'immortalité de l'âme sont les postulats qui garantissent à la raison pratique l'utilité de son effort.
La croyance rétablit ce dont la raison
pure théorique n'avait pu fournir aucune preuve valable.
» — Kant analyse d'autre part la notion du beau et la notion de la finalité.
Le
beau est ce qui plaît universellement sans concept ; c'est aussi une finalité sans fin.
L'idée de finalité a une valeur subjective ; le principe
théologique a une nécessité entièrement relative à la constitution de notre esprit, qui pose ce principe : « Rien n'existe en vain.
» — Kant
demeure l'un des plus grands philosophes de tous les temps ; son influence fut considérable au rixe siècle, et se poursuit de nos jours.
On ne peut désormais plus se livrer à des études philosophiques sans rencontrer, d'une façon ou d'une autre, la pensée de Kant..
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