KANT : le devoir comme impératif catégorique
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«
KANT : le devoir comme impératif catégorique
Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.
Dans ce cas la
raison exerce une contrainte sur la volonté.
Cette contrainte
s'appelle un impératif.
Les impératifs sont de deux sortes :
— les impératifs hypothétiques expriment la nécessité pratique de certaines actions
considérées non en elles-mêmes mais pour leurs résultats, c'est-à-dire comme des
moyens subordonnés à une fin (par exemple, je dois prendre ce médicament pour
guérir, si je veux guérir).
Les impératifs hypothétiques se
rattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ;
— les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pour leurs
résultats, mais pour elles-mêmes.
Ils ordonnent sans condition et sont d'une
évidence immédiate : dès qu'ils sont aperçus, la volonté sait qu'elle doit s'y
soumettre.
En outre, étant indépendants de toute fin, les impératifs catégoriques
s'imposeront à n'importe quelle volonté particulière.
Ils se caractérisent donc par
leur universalité.
C'est pourquoi il n'y a au fond qu'un seul impératif catégorique
d'où tous les impératifs du devoir peuvent être dérivés et que Kant énonce ainsi : « Agis uniquement d'après la
maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ».
De cette formule,
Kant en déduit trois autres :
• « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.
»
• « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout
autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.
»
• « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujet dans un règne
des fins rendu possible par la liberté de la volonté.
»
Pour éclaircir ce que signifie l'impératif catégorique, Kant en propose trois formulations :
1.
« Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature » (II) : agir
moralement, c'est vouloir que la maxime de notre action devienne une loi valable pour tous les êtres raisonnables,
comme les lois physiques valent pour l'ensemble des êtres de la nature.
Pour connaître son devoir, il faut donc se
demander si un système fondé sur l'universalisation de notre maxime serait cohérent ou souhaitable.
Lorsqu'on enfreint
son devoir, on ne veut pas que tout le monde agisse comme nous : on prétend au contraire « faire une exception pour
nous (ou seulement pour cette fois) en faveur de notre inclination » (II).
2.
« Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre
toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen » : le devoir impose de nous respecter
nous-mêmes et de respecter autrui en tant qu'être raisonnable, constituant des fins en soi.
La personne humaine a
une valeur absolue, inconditionnelle, contrairement aux choses, qui n'ont de valeur que relativement à leur utilité pour
nous.
Lorsque j'ai besoin d'autrui, je n'ai pas le droit de le réduire à un simple moyen au service de mes propres buts :
je dois toujours considérer sa personne.
3.
« Agis de telle sorte que ta volonté puisse se considérer elle-même en même temps comme légiférant
universellement grâce à sa maxime » : cette formule, qui articule les deux premières, signifie que l'homme est à la fois
l'auteur et le sujet de la loi morale.
C'est le principe de l'autonomie de la volonté.
S'opposant à ceux qui expliquent
l'obéissance aux règles morales par des mobiles extérieurs, Kant y voit le principe suprême de la moralité : j'obéis à la
loi morale parce que j'en suis l'auteur et sans autre but que de la respecter.
Le devoir relie tous les hommes au sein
d'une communauté idéale, dont ils sont à la fois les membres et les législateurs : le « règne des fins ».
KANT (Emmanuel).
Né et mort à Königsberg (1724-1804).
Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à
l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.
En 1755, il est
privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques et de
philosophie.
En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.
Il vécut dans une demi-retraite
pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.
La Révolution française
l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pour en aller
apprendre les nouvelles.
Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur la politique et la
religion.
A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.
Kant mourut le 12 février 1804, après une très longue
agonie.
— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.
Il considère la science comme un fait, dont la
possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.
La lecture de Rousseau lui fait aussi considérer la moralité.
»
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