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KANT: «La vraie politique ne peut donc pas faire un pas sans avoir auparavant rendu hommage à la morale...»

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« Thème 383 KANT: «La vraie politique ne peut donc pas faire un pas sans avoir auparavant rendu hommage à la morale...» Morale et politique sont distinctes mais c'est nécessairement la morale qui sert de guide à la politique. «La vraie politique ne peut donc pas faire un pas sans avoir auparavant rendu hommage à la morale; et si la politique est par elle-même un art difficile, l'union de la politique avec la morale n'est pas du tout un art: la morale tranche le noeud que la politique ne peut délier, aussitôt qu'elles ne sont pas d'accord.» Kant, Essai philosophique sur la paix perpétuelle (1795). • Kant affirme la subordination nécessaire de la politique à la morale.

L'opposition entre les deux n'est pas vraiment objective, elle est seulement subjective: l'égoïsme des hommes les amène à ressentir ce qui est bon pour eux comme différent de ce qui est bon pour la collectivité. • Trop de crimes, dit Kant, sont commis au nom de l'intérêt «supérieur» de l'État.

II faut donc distinguer entre le «moraliste politique», «qui se forge une morale à la convenance de l'homme d'État» et qui est une simple fiction, car une telle morale spéciale n'existe pas: et le «politique moral», qui est certes un idéal difficile à atteindre, mais qui est concevable, dans la mesure où il est celui qui se sert de la morale comme critère de décision politique. La vraie politique [...

] ne peut faire aucun pas sans rendre d'abord hommage à la morale ; et bien qu'en soi la politique soit un art difficile, ce n'en est pas un cependant de la réunir à la morale, car celle-ci tranche le nœud que la politique ne peut trancher dès qu'elles sont en conflit.

Le droit de l'homme doit être tenu pour sacré, dût-il en coûter de gros sacrifices à la puissance souveraine.

On ne peut ici user d'une cote mal taillée et inventer le moyen terme d'un droit pragmatiquement conditionné (qui tiendrait le milieu entre le droit et l'intérêt) ; bien au contraire, la politique doit plier le genou devant le droit ; mais elle peut espérer en revanche parvenir, lentement il est vrai, à un degré où elle brillera avec éclat d'une manière constante. KANT La politique utilisée comme nom féminin peut s'entendre dans deux sens : le premier découle du grec polis qui signifie la cité.

La politique désigne donc les "affaires publiques", c'est-à-dire l'ensemble des affaires qui touchent à la nation, à la société régie par l'État.

Dans un second sens, la politique désigne aussi l'art et la pratique du gouvernement.

Elle comprend alors l'exercice du pouvoir.

La question qui se pose ici est de savoir quelles relations doit entretenir la politique entendue au second sens avec la morale et le droit.

Doit-elle se soumettre à eux ou au contraire ne fait-elle état que d'une stratégie et une prudence qui ne doit rien à la morale? C'est sur ce problème épineux que Kant se penche dans cet extrait tiré de l'ouvrage Projet de paix perpétuelle où l'auteur tente de poser les conditions de la paix véritable et universelle.

Comment donc réaliser cette paix? Comment concevoir la politique? La politique doit être subordonnée à la morale qui permet de trancher parmi les différentes politiques - Kant commence son texte par une affirmation tranchée et qui annonce la thèse qu'il va soutenir.

La politique, celle qui veut véritablement oeuvrée pour le bien commun, doit suivre la morale et ne peut s'en défaire.

La première raison que donne l'auteur n'est pas une raison "morale", mais plutôt pratique. Il reconnaît en effet que la politique est un exercice périlleux, qui doit prendre en compte de nombreuses données et faire preuve de prudence puisqu'elle régit la vie des citoyens.

Cependant, l'unir à la morale ne rend pas cet exercice plus difficile, bien au contraire selon l'auteur : "bien que la politique soit un art difficile, ce n'en est pas un cependant de la réunir à la morale." C'est affirmation de Kant est étrange, tant il est vrai que les auteurs comme Machiavel avant lui, ont prôné une séparation de la morale et de la politique parce que la politique "morale" n'était pas facile et donnait de mauvais résultats.

Machiavel affirme ainsi dans le Prince qu'un prince s'il veut conserver son pouvoir doit apprendre à ne pas être toujours bon, à ne pas toujours respecter le droit et la morale : "Aussi est-il nécessaire au Prince qui veut se conserver, qu’il apprenne à pouvoir n’être pas bon, et d’en user ou n’user pas selon la nécessité. Pour Kant, dans ce texte, la morale "sauve" en quelque sorte la politique dans les problèmes qu'elle rencontre.

En effet, les différentes politiques ou stratégies de pouvoir peuvent s'opposer sur certains problèmes et ne pas trouver la solution.

On peut par exemple penser à des conflits entre deux pays qui n'ont pas les mêmes vues sur un problème.

La solution ne peut venir de la politique.

Kant nous dit alors que la morale, elle, peut trancher et indiquer la voie à prendre.

Un peu avant, dans l'ouvrage, Kant nous dit en effet que la morale repose sur la connaissance des principes invariables du droit alors que la politique seule et la prudence reposent sur des connaissances empiriques très variables et incertaines.. »

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