Kant: La morale
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Thème 468
Kant: La morale
PRESENTATION DE "FONDEMENTS DE LA METAPHYSIQUE DES MOEURS" DE KANT
Dans ce premier grand ouvrage consacré à la morale, Kant (1724-1804) se donne pour
tâche « la recherche et l'établissement du principe suprême de la moralité » (Préface).
Son objectif n'est pas seulement spéculatif mais surtout pratique : il est nécessaire de
trouver le critère permettant à chacun d'apprécier clairement la valeur morale de ses
actions, car la moralité est sujette à corruption, souvent confondue avec le calcul de
nos intérêts ou la satisfaction de nos inclinations.
La démarche de Kant va consister à
s'affranchir de toute considération empirique (psychologie, anthropologie...) pour
dégager le fondement rationnel de la moralité.
En montrant que la moralité d'une action
se mesure à la soumission de la volonté à la forme universelle d'une loi a priori de la
raison et qu'il faut distinguer la conduite morale de la recherche du bonheur, il propose
une approche radicalement nouvelle du problème moral.
Accusé de formalisme et de rigorisme, Kant a ici le mérite de
fonder une éthique rationaliste à vocation universaliste.
1.
La bonne volonté
Le renversement opéré par Kant dans l'ordre de la connaissance a des conséquences dans la morale.
Seul l'usage de
la volonté permet à coup sûr de dire si une action est bonne ou non.
L'intelligence et autres talents de l'esprit sont
des choses bonnes, mais ils peuvent être mal employés par une mauvaise volonté : « Il n'est rien qui puisse sans
restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une bonne volonté » (Fondements de la métaphysique des
moeurs).
Une bonne volonté est une volonté autonome, qui se donne elle-même sa propre loi.
2.
L'impératif catégorique
Le devoir n'est pas compatible avec l'intérêt.
L'impératif commande absolument ; il est pour cette raison un impératif
catégorique.
La volonté qui agit par devoir s'oblige elle-même.
Elle agit donc librement.
Elle n'est pas motivée par
autre chose qu'elle-même : faire le bien comme un moyen en vue d'une fin (par intérêt ou par crainte) n'est pas en
soi un acte moral mais un acte intéressé.
LA MORALE DE KANT
Kant, comme tous les grands penseurs du «siècle des lumières », est un humaniste.
Il ne saurait admettre que la
morale se réduise à l'obéissance à un principe extérieur à la personne humaine, que ce principe soit un Dieu
transcendant qui nous donnerait des ordres sans les justifier ou qu'il soit un État autoritaire qui opprimerait ses
sujets sous prétexte de les diriger.
La morale kantienne exclut l'idée que nous puissions être régis par un
autre que nous-même.
Elle exclut l'hétéronomie.
C'est la personne humaine elle-même qui est la mesure et la
source du devoir.
L'homme est le créateur des valeurs morales, il dirige lui-même sa conduite sans quoi l'agent moral
n'agirait pas mais serait agi.
Telle est l'exigence kantienne d'autonomie.
Mais Kant n'est pas seulement un philosophe humaniste du XVIIIe siècle.
Il est aussi le fils d'une mère piétiste (le
piétisme est un luthéranisme fervent et très austère).
Élevé dans l'idée que la nature humaine est corrompue par le
péché, Kant se méfie des passions, de la sensibilité, des tendances spontanées.
La morale du sentiment telle
qu'il l'a découverte chez les moralistes anglais de son époque et chez Rousseau l'inquiète.
La morale de l'intérêt lui
eût fait horreur.
D'un mot, s'il se refuse à fonder les valeurs sur un principe extérieur à la personne humaine, il ne
veut pas davantage les subordonner à la nature, aux tendances, à la sensibilité.
Le principe du devoir sera pour
Kant la pure raison.
Comme chez Rousseau (qu'il a lu attentivement), c'est la conscience qui sera pour Kant la
source des valeurs.
Mais il ne s'agit plus d'une conscience instinctive et sentimentale, la conscience morale selon
Kant n'est rien d'autre que la raison elle-même.
1° LE FORMALISME DE KANT
Le bien pour Kant n'est jamais un objet.
Ni la santé, ni la richesse, ni l'intelligence ne sont indiscutablement des
biens car tout dépend de l'usage bon ou mauvais que je déciderai d'en faire.
Une seule chose est bonne
inconditionnellement (toutes les consciences sincères l'accordent), c'est la bonne volonté, autrement dit l'intention
morale.
Voici deux commerçants qui ont établi un prix fixe, le même pour tout le monde si bien qu'un enfant achète
chez eux à tout aussi bon compte que n'importe qui.
Ces deux commerçants agissent identiquement.
La matière de
leur acte est la même.
Mais la forme de l'acte peut différer.
L'un d'eux par exemple n'agit conformément au devoir
que par intérêt pour conserver une nombreuse clientèle.
L'autre ne se contente pas d'agir conformément au
devoir, il agit par pur respect pour la loi morale.
C'est ce dernier seul qui agit moralement, c'est-à-dire dans une
bonne intention.
Pour Kant le contenu matériel de l'acte n'est pas ce qui détermine le jugement moral.
Ainsi «ce qui
fait que la bonne volonté est telle ce ne sont pas ses oeuvres ou ses succès».
Il n'y a que l'intention qui compte, et
alors même que la bonne intention «dans son plus grand effort n'aboutirait à rien, elle n'en brillerait pas moins, ainsi.
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