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KANT: la méchanceté de la nature humaine

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Quand on songe à la méchanceté de la nature humaine, qui se montre à nu dans les libres relations des peuples entre eux (tandis que dans l'état civil elle est très voilée par l'intervention du gouvernement), il y a lieu de s'étonner que le mot droit n'ait pas encore été tout à fait banni de la politique de la guerre comme une expression pédantesque, et qu'il ne se soit pas trouvé d’État assez hardi pour professer ouvertement cette doctrine. (... ) Toutefois cet hommage que chaque État rend à l'idée du devoir (du moins en paroles) ne laisse pas de prouver qu'il y a dans l'homme une disposition morale, plus forte encore, quoiqu'elle sommeille pour un temps, à se rendre maître un jour du mauvais principe qui est en lui (et qu'il ne peut nier). Autrement les États qui veulent se faire la guerre ne prononceraient jamais le mot droit, à moins que ce ne fût par ironie, et dans le sens où l'entendait ce prince gaulois, en le définissant : "L'avantage que la nature a donné au plus fort de se faire obéir par le plus faible." KANT

« "Quand on songe à la méchanceté de la nature humaine, qui se montre à nu dans les libres relations des peuples entre eux (tandis que dans l'état civil elle est très voilée par l'intervention du gouvernement), il y a lieu de s'étonner que le mot droit n'ait pas encore été tout à fait banni de la politique de la guerre comme une expression pédantesque, et qu'il ne se soit pas trouvé d’État assez hardi pour professer ouvertement cette doctrine.

(...

) Toutefois cet hommage que chaque État rend à l'idée du devoir (du moins en paroles) ne laisse pas de prouver qu'il y a dans l'homme une disposition morale, plus forte encore, quoiqu'elle sommeille pour un temps, à se rendre maître un jour du mauvais principe qui est en lui (et qu'il ne peut nier).

Autrement les États qui veulent se faire la guerre ne prononceraient jamais le mot droit, à moins que ce ne fût par ironie, et dans le sens où l'entendait ce prince gaulois, en le définissant : "L'avantage que la nature a donné au plus fort de se faire obéir par le plus faible." KANT Parties du programme abordées : Le droit. La justice. Analyse du sujet : Un texte qui examine le rôle du droit dans l'état de guerre.

Paradoxalement, même celui-ci montre la disposition morale fondamentale de l'homme.

Aucun État, en effet, n'abolit totalement la référence au droit au profit d'une simple exaltation de l'avantage du plus fort. Conseils pratiques : Dégagez avec précision le sens des concepts : droit, avantage naturel, etc. Montrez l'opposition entre ce qui semble une vue pessimiste «la méchanceté de la nature humaine», et ce qui incline à l'optimisme "il y a dans l'homme une disposition morale, plus forte encore"....

Expliquez la conciliation kantienne de cette opposition. Bibliographie : CLAUSEWITZ, De la guerre, Minuit. KANT, Projet de paix perpétuelle, Gallimard. HEGEL, Principes de la philosophie du droit, Gallimard. Gérard CHALAND, Anthologie mondiale de la stratégie, Laffont Bouquins. Difficulté du sujet : ** Articulation des idées Un constat : même dans l'état de guerre, les États en appellent au droit (droit de la guerre et droit des gens, c'est-àdire droit régissant les rapports entre les nations).

V Une remarque importante : cette référence au droit est étonnante dans la mesure où la guerre est précisément l'état où il n'y a plus de droit (s'il y avait droit, il y aurait soumission des parties aux lois dictées par le droit et éventuellement un juge pour trancher leurs différends, si ces parties ne peuvent parvenir à un accord sur la base de ce droit). Une conclusion : cet « hommage » rendu par les États au droit, alors même qu'ils sont en guerre, prouve qu'il existe dans l'homme, à côté de sa méchanceté naturelle, une « disposition morale » qu'aucun État ne peut ignorer (cette disposition morale est la présence en chaque homme de la loi morale, qui constitue, en dernière analyse, le droit idéal et absolu). Enjeu philosophique du texte Il est de donner une assise solide au droit en montrant l'existence en tout homme d'une disposition morale qui serait génératrice du droit.

Le droit idéal trouverait ainsi son fondement ultime et sa valeur universelle dans la loi morale, ellemême déterminée par la raison, qui est par définition universelle.. »

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