Aide en Philo

Kant: La connaissance expérimentale est un composé

Extrait du document

« "Si toute connaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute de l'expérience." Notre connaissance expérimentale est un composé : sa matière provient de ce que nous recevons par nos impressions sensibles, mais sa forme procède de notre propre pouvoir de connaître.

La connaissance scientifique ne pourrait progresser d'un seul pas si nos observations se faisaient au hasard, sans aucun plan préétabli : elles ne seraient pas liées à des lois nécessaires.

Ni l'observation, ni l'expérimentation ne se font au hasard.

Ce sont des questions précises que la raison pose à la nature en la forçant à répondre.

Galilée faisait rouler des billes sur un plan incliné suivant un certain degré qu'il avait décidé.

Torricelli, dans ses essais sur la pression atmosphérique, comparait des pressions atmosphériques et liquides, en en connaissant au préalable le poids.

Dans toutes les recherches scientifiques, la raison se présente à la nature tenant d'une main ses propres principes, qui, s'ils sont vérifiés par l'expérience, peuvent donner aux phénomènes concordants l'autorité de lois, et de l'autre, cette expérimentation qu'elle construit afin de s'en instruire.

La raison cherche dans la nature, conformément à ce qu'elle y transporte elle-même, ce qu'elle peut en apprendre, et sans quoi elle ne pourrait rien apprendre d'elle-même. Pour Kant, il n'existe que deux facultés de la connaissance: la sensibilité et l'entendement.

La sensibilité nous met en contact avec les choses de l'expérience: je vois cette boutique, j'entends ce bruit d'avion.

Mais elle n'opère que si elle est structurée par des cadres qui eux-mêmes ne sont pas dérivés de l'expérience.

Ces cadres a priori sont au nombre de deux: l'espace et le temps. L'espace et le temps ne sont pas pour Kant des réalités objectives, extérieures, absolues comme ils le sont dans la physique de Newton.

Si nous voyons les phénomènes dans l'espace (cette boutique dans la rue) et à travers le temps (ce bruit d'avion qui s'éloigne), c'est parce que nous les y mettons au préalable.

L'espace et le temps sont des formes a priori de la sensibilité, c'est par leur truchement que nous percevons les phénomènes comme occupant de l'espace et se déroulant dans le temps. Si l'espace se rapporte au sens externe, le temps, dit Kant, se rapporte au sens interne.

Il est, à cet égard, caractéristique que pour Kant le temps ne nous est pas donné dans l'intuition par la perception des mouvements extérieurs (une feuille qui tombe à terre, un oiseau qui traverse le ciel, le ruisseau qui coule entre les pierres) mais par la perception de mouvements intérieurs, comme la succession des représentations.

On comprend dès lors pourquoi Kant accorde au temps une prééminence sur l'espace: toutes nos pensées, en effet, doivent se succéder dans le temps.

Même lorsque nous faisons un calcul, il faut bien que nos pensées se succèdent dans un certain d'ordre. Pour ce qui concerne l'entendement, qui est l'autre faculté de connaissance, l'alliance se noue entre les catégories, qui sont ses cadres a priori, et le matériau, qui constitue le contenu propre du jugement.

Par exemple, si je dis «Paris est la capitale de la France», le jugement associe une catégorie générale d'affirmation et un contenu empirique déterminé; si je dis «New York n'est pas la capitale des États-Unis », ce jugement associe une catégorie générale de négation et un contenu empirique déterminé.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles