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KANT: Juste après l'instinct de nutrition...

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Juste après l'instinct de nutrition, par lequel la nature conserve chaque individu, le plus important est l'instinct sexuel grâce auquel la nature pourvoit à la conservation de chaque espèce. Or la raison, une fois éveillée, ne tarda pas non plus à manifester, ici aussi, son influence. L'homme ne tarda pas à comprendre que l'excitation sexuelle, qui chez les animaux repose seulement sur une impulsion passagère et le plus souvent périodique, était susceptible chez lui d'être prolongée et même augmentée sous l'effet de l'imagination qui exerce son action, avec d'autant plus de mesure sans doute, mais aussi de façon d'autant plus durable et d'autant plus uniforme, que l'objet est davantage soustrait aux sens; et il comprit également que cela préservait de la satiété qu'entraîne avec soi la satisfaction d'un désir purement animal. La feuille de figuier fut donc le résultat d'une manifestation de la raison bien plus importante que celle dont elle avait fait preuve lors de la première étape de son développement. Car rendre une inclination plus intense et plus durable, du fait que l'on soustrait son objet au sens, manifeste déjà la conscience d'une domination de la raison à l'égard des impulsions, et non plus seulement, comme à la première étape, un pouvoir de les servir à plus ou moins grande échelle. Le refus fut l'artifice qui conduisit l'homme des attraits simplement sensuels aux attraits idéaux, et, peu à peu, du désir simplement animal à l'amour (...). KANT

« "Juste après l'instinct de nutrition, par lequel la nature conserve chaque individu, le plus important est l'instinct sexuel grâce auquel la nature pourvoit à la conservation de chaque espèce.

Or la raison, une fois éveillée, ne tarda pas non plus à manifester, ici aussi, son influence.

L'homme ne tarda pas à comprendre que l'excitation sexuelle, qui chez les animaux repose seulement sur une impulsion passagère et le plus souvent périodique, était susceptible chez lui d'être prolongée et même augmentée sous l'effet de l'imagination qui exerce son action, avec d'autant plus de mesure sans doute, mais aussi de façon d'autant plus durable et d'autant plus uniforme, que l'objet est davantage soustrait aux sens; et il comprit également que cela préservait de la satiété qu'entraîne avec soi la satisfaction d'un désir purement animal. La feuille de figuier (1) fut donc le résultat d'une manifestation de la raison bien plus importante que celle dont elle avait fait preuve lors de la première étape de son développement.

Car rendre une inclination plus intense et plus durable, du fait que l'on soustrait son objet au sens, manifeste déjà la conscience d'une domination de la raison à l'égard des impulsions, et non plus seulement, comme à la première étape, un pouvoir de les servir à plus ou moins grande échelle.

Le refus fut l'artifice qui conduisit l'homme des attraits simplement sensuels aux attraits idéaux, et, peu à peu, du désir simplement animal à l'amour (...). (l) Selon le récit de la Bible, Adam et Ève se servir de feuilles de figuier pour couvrir leur nudité lorsqu'ils " connurent qu'ils étaient nus." KANT POUR DÉMARRER La raison nous fait sortir de l'animalité pour accéder à l'humanité, en nous conduisant à dominer nos instincts naturels.

Telle est la thèse que défend ici Kant, utilisant l'exemple de l'instinct sexuel et le mythe d'Adam et Ève pour décrire le passage de la nature à la culture, du désir animal à l'amour. Conseils pratiques Comme dans presque tous les textes de Kant, une analyse minutieuse du vocabulaire est indispensable (instinct, nature, raison, imagination, etc.).

L'exemple utilisé exige la connaissance du début de la Bible pour être entièrement compris.

Kant en donne, en effet, sa propre interprétation et appuie son raisonnement sur des faits tout à fait mythiques.

Une fois ceci accepté, le raisonnement, qui précède l'exemple, peut être analysé avec précision. Bibliographie FREUD : introduction à la psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot (PBP). KANT : Traité de pédagogie, Hachette. E.

MORIN : Le paradigme perdu : la nature humaine, Seuil. Introduction Le désir renvoie à une expérience de manque que l’on doit tout d’abord distinguer du besoin.

Celui-ci désigne l’état dans lequel se trouve l’organisme lorsqu’il est privé de ce qui assure son fonctionnement.

Le désir apparaît au contraire comme une expérience de manque dont la satisfaction semble plus difficile et moins assurée. En effet le désir est une expérience de manque où l’objet semble à distance de nous-mêmes.

Dans ce cas l’expérience du manque semble entretenu par sa nature idéale.

L’objet du besoin est directement perceptible et désignable, l’objet du désir est lointain et de nature idéale.

Et pourtant c’est dans le passage du simple besoin commandé par l’instinct au désir que Kant voit l’expression de la dignité humaine et de la notre supériorité.

L’instinct en effet nous dicte sans nous faire connaître.

Il nous pousse vers un objet sans qu’il n’y ait réel consentement de notre part et encore moins réflexion préalable.

(De : « juste après le l’instinct de nutrition… » à « d’un désir purement animal ») Au contraire pour que naisse le véritable amour, il faut dépasser le stade de l’impulsion passagère pour aller vers la satisfaction durable.

(De : « La feuille de figuier (...) à un désir purement animal à l’amour ») L’homme est un être de raison L’instinct vient du latin instinctus ; qui signifie excitation ou impulsion.

Un instinct est inné et son caractère héréditaire le rend inepte à la modification.

L’instinct nous dicte en un sens notre comportement.

Plus précisément pour Kant : l’instinct est « la contrainte intérieure où se trouve la faculté de désirer à prendre possession de son objet avant même. »

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