KANT: génie et imagination
Extrait du document
«
« Le véritable champ du génie est celui de l'imagination, parce qu'elle est créatrice
et qu'elle se trouve moins que d'autres facultés sous la contrainte des règles ; ce
qui la rend d'autant plus capable d'originalité.
La démarche mécanique de
l'enseignement, en forçant à toute heure l'élève à l'imitation, est assurément
préjudiciable à la levée de germe du génie, en son originalité.
Tout art réclame
cependant certaines règles mécaniques fondamentales, celle de l'adéquation de
l'oeuvre à l'idée sous-jacente, c'est-à-dire la vérité dans la représentation de
l'objet conçu en pensée.
Cette exigence doit être apprise avec la rigueur de l'école,
elle est à la vérité un effet de l'imitation.
Quant à libérer l'imagination de cette
contrainte et à laisser le talent hors du banal procéder sans règle et s'exalter
jusqu'à contredire la nature, cela pourrait bien donner une folie originale qui ne
serait tout de même pas exemplaire, et ne pourrait donc pas non plus être rangée
dans le génie.» KANT.
Première partie du texte
Idée n° 1 : Le véritable champ du génie est celui de l'imagination, parce qu'elle est créatrice et qu'elle se trouve moins
que d'autres facultés sous la contrainte des règles ; ce qui 1 la rend d'autant plus capable d'originalité.
Idée n° 2 : La démarche mécanique de l'enseignement, en forçant à toute heure l'élève à l'imitation, est assurément
préjudiciable à la levée de germe du génie, en son originalité.
Deuxième partie du texte
Idée n° 3 : Tout art réclame cependant certaines règles mécaniques fondamentales (THÈSE DU TEXTE) celle de
l'adéquation de l'oeuvre à l'idée sous-jacente, c'est-à-dire la vérité dans la représentation de l'objet conçu en pensée.
Troisième partie du texte : Conséquence de la thèse
Idée n° 4 qui nuance l'idée n° 2 : Cette exigence doit être apprise avec la rigueur de l'école, elle est à la vérité un
effet de l'imitation.
Idée n° 5 qui nuance l'idée n° 1 : Quant à libérer l'imagination de cette contrainte et à laisser le talent hors du banal
procéder sans règle et s'exalter jusqu'à contredire la nature, cela pourrait bien donner une folie originale qui ne serait
tout de même pas exemplaire, et ne pourrait donc pas non plus être rangée dans le génie.
Le sublime
Définition du sublime
Étymologiquement, Sublime vient du latin sublimis qui signifie élevé, supérieur.
Le sublime dès son origine désigne une
beauté noble, élevée, la beauté dans la grandeur.
Une définition du sublime est proposée dès le premier siècle dans le
Traité du sublime (Peri hupsos) attribué à Longin et qui connaître une longue postérité, notamment chez les anglais
(Burke, A philosophical Enquiry into the Origin of our Ideas of the sublime and beautiful, 1757), mais aussi chez les
français (Boileau, Réflexions sur Longin, 1693).
Jean-Marie Guyau donne dans sa Morale sans obligation , ni sanction (Alcan, 1900, p.215) une excellente définition du
sublime : " le sublime, en morale comme en esthétique semble tout d’abord en contradiction avec l’ordre...
Mais ce
n’est là qu’une contradiction superficielle : le sublime a les mêmes racines que le beau, et l’intensité des sentiments
qu’il suppose n’empêche pas une certaine rationalité intérieure.
" Pour préciser cette définition du sublime que nous
donne Guyau, alors que le beau renvoie à une esthétique de la forme, le sublime constitue une esthétique de la
disparition de la forme.
Sublime (disparition de la forme) et baroque (esthétique de l’informe) ne se confondent pas : la
forme baroque demeure une forme, mais une forme monstrueuse, contre-nature en ce que cette forme ne correspond
pas à sa nature qui est d’être harmonieuse, de pouvoir être embrassée instantanément dans sa totalité et son
achèvement.
Le sublime, au contraire, joue sur le sentiment esthétique de la disparition de la forme.
La forme disparaît dès lors que
l’objet est trop grand pour être appréhendé dans une seule perception (on parlera alors comme le fait Kant d’un
" sublime mathématique " comme " appréhension " de l’infiniment grand) ou que l’objet est physiquement trop puissant,
trop écrasant pour que l’homme puisse s’y mesurer et s’y reconnaître : c’est là le " sublime dynamique.
" Le paysage de
montagne, dans son immensité, constitue le modèle du sublime mathématique tandis que l’élément naturel incontrôlable
(l’ouragan de Twister, une tempête déchaînée ou le requin des Dents de la mer) produit chez celui qui le contemple
(ce qui implique qu’il ne soit pas physiquement mis en danger par cet élément naturel) un sentiment de sublime comme
sublime dynamique.
Si le sublime mathématique naît de la contemplation d’objets de la nature dont la grandeur absolue
à laquelle se heurte même l’imagination maintenant réduite à l’impuissance, le sublime dynamique naît de la violence da
la nature, en ce qu’elle nous manifeste l’insignifiance de notre force physique, tout en nous faisant découvrir la
supériorité de l’esprit sur la nature (Pascal, Pensées : " Par l’espace l’univers m’engloutit comme un point, par ma
pensée, je le comprends.
").
»
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