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KANT: Etat, bienveillance et despotisme.

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La liberté en tant qu'homme, j'en exprime le principe pour la constitution d'une communauté dans la formule : personne ne peut me contraindre à être heureux d'une certaine manière (celle dont il conçoit le bien-être des autres hommes), mais il est permis à chacun de chercher le bonheur dans la voie qui lui semble, à lui, être la bonne, pourvu qu'il ne nuise pas à la liberté qui peut coexister avec la liberté de chacun selon une loi universelle possible (autrement dit, à ce droit d'autrui). Un gouvernement qui serait fondé sur le principe de la bienveillance envers le peuple, tel celui du père envers ses enfants, c'est-à-dire un gouvernement paternel, où par conséquent les sujets, tels des enfants mineurs incapables de décider de ce qui leur est vraiment utile ou nuisible, sont obligés de se comporter de manière uniquement passive, afin d'attendre uniquement du jugement du chef de l'Etat la façon dont ils doivent être heureux, et uniquement de sa bonté qu'il le veuille également, - un tel gouvernement, dis-je, est le plus grand despotisme que l'on puisse concevoir (constitution qui supprime toute liberté des sujets qui, dès lors, ne possèdent plus aucun droit). KANT

Quelle est l'idée fondamentale du texte ? Nul gouvernement ne peut contraindre à être heureux les sujets d'une communauté, cette quête ressortant uniquement des individus eux-mêmes. Le gouvernement qui voudrait opérer cette contrainte relèverait du despotisme, c'est-à-dire d'un pouvoir absolu et oppressif.  Le problème posé par ce texte est donc celui de la liberté politique ou juridique, mais aussi de l'autonomie de choix. Comment comprendre la liberté de chaque membre de la société, au sein d'une communauté politique, et comment la saisir, en son essence profonde, hors de toute autorité tyrannique ?

« 1 - Les fondements de la liberté pour Kant sont justifiés par les postulats de sa philosophie.

M ais Kant veut placer le problème de la liberté au niveau de l'humanité et non seulement en morale universelle, mais aussi en morale pratique.

Les deux livres des C ritiques concernent, de la même manière, la raison pure et la raison pratique.

Il faut trouver quelque chose d'aussi solide que les scientifiques de Newton.

Les lois de la nature sont celles de l'esprit et ce n'est pas l'esprit qui gravite autour des choses, mais bien le contraire.

Puisque cette révolution, plus importante que celle de C opernic, fonde le vrai sens des choses, il faut continuer à bâtir la métaphysique sur les bases de la morale. 2 - La morale, clef pour une liberté de la raison Les scientifiques se sont organisés pour constituer un monde impeccable.

Ils ont réussi à placer un mécanisme fondamental, comme explication définitive. De la même façon le philosophe doit renverser les traditions pour équilibrer et fonder un même mécanisme.

L'être humain, le monde et Dieu se voyaient expliqués pour la raison inspirée et corrigée par Dieu.

Mais tous les phénomènes se déchiffraient dans cette trinité sans faille, puisqu'issue même de Dieu. T ous les problèmes constitutifs de l'être humain ne pouvaient être décomposés et décryptés qu'à travers un ensemble.

La transcendance a tenu, des siècles, ce pari d'être en même temps nécessaire et suffisante. Il faut dépasser cet ensemble harmonieux parce que dans le détail on le découvre injustifiable ou illégitime.

Kant opère un retournement de situation, fondé sur l'être en situation, sur l'homme qui se fabrique une morale pour essayer de vivre.

Kant reconnaît que Rousseau le prépare à cette situation de réflexion pratique.

O n peut trouver les réponses dans l'homme.

D'abord nous expérimentons la volonté, cette bonne volonté qui permet au jugement moral de s'appuyer sur du solide.

La notion du devoir et la notion de l'impératif catégorique n'apparaissent que plus tard.

Nous agissons en vue de la loi, nos actes ne sont point de nature gratuite.

Ils préparent et signifient.

Notre bonne volonté découvre que nous voulons, au-delà de la simple action, fonder une règle par le choix que nous établissons.

Nous analysons ainsi en nous cette capacité de fonder la morale et la métaphysique, exactement comme hier Newton fonda la réalité physique.

Il faut inventer la philosophie à partir de l'homme. 3 - La philosophie : une pratique Kant a proposé trois formules, et il a toujours insisté sur le passage de l'individuel à l'universel.

C hacun doit être capable de voir en lui un être de valeur, et chacun doit voir en autrui une fin, non un moyen.

Nous pouvons légiférer et constituer le monde.

C e pivot central qui est en l'homme n'a même pas besoin de postulats ou d'axiomes.

Il se fonde sur la raison.

Hier, le dogme chrétien, aujourd'hui « la raison dans les limites de la simple raison ».

Jamais l'homme ne se sent contraint, il voit que la loi morale oblige, il perçoit que si sa volonté est autonome, il est, par nécessité, libre.

Et, toujours au nom de la raison, il ne peut pas accepter que les simples événements de sa vie actuelle soient suffisants à épuiser le sens qu'il porte en lui.

Il reconnaît que la tension vers le souverain bien, cette tension de tout son être moral exige un dépassement de ce monde et donc il se découvre immoral.

C 'est la raison qui fabrique la transcendance de l'homme.

Si, enfin, nous devons nommer cette perfection qui s'appelle le souverain bien, nous pouvons choisir le nom de Dieu.

Nous remontons tous les principes à partir de l'homme et nous refaisons une critique enfin fondée. Une liberté se présente toujours comme une option et une volonté de la raison.

L'homme rejette le fatalisme et il envisage les risques, l'aventure ou la nouvelle autonomie qu'il se donne.

Liberté, c'est le grand moment où l'homme, avec autrui, pose les bases d'une société nouvelle. KANT (Emmanuel).

Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, il est privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques et de philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois C ritiques.

La Révolution française l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pour en aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur la politique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, après une très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science comme un fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussi considérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, les croyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoir par la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, les données de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.

Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'est la dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser son objectivité.

— La c o n n a i s s a n c e s e ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes l i é s à l'espace et au temps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont les sources de la connaissance.

— M ais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance du monde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède une réalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.

L'espace et le temps sont les formes a priori de toutes les données empiriques.

C 'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de la sensibilité.

Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide des catégories, ou principes de l'entendement pur.

Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limites de la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.

Elles sont posées à l'occasion de l'expérience, mais la dépassent.

La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont l e s c l a s s e s d e jugement ; chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur). Q uantité : unité, totalité, pluralité.

Q ualité : réalité, négation, limitation.

Relation : substance, causalité, réciprocité.

M odalité : possibilité, existence, nécessité.

— L'analytique et la dialectique constituent la logique transcendantale.

La raison a une destinée pratique, une faculté d'agir.

Si la raison pure théorique est illusoire, la raison pure pratique est infaillible Elle est liberté, elle se donne à elle-même ses propres règles morales, qui définissent son autonomie.

— Il y a en l'homme une tendance naturelle au désordre et au péché : cette tendance est servitude.

La liberté devient donc un commandement, un impératif à nous adressé ; elle est la raison d'être de la règle morale.

Le devoir, loi imposée par la raison à la volonté, est la façon que nous avons de connaître la liberté.

L'impératif (le la moralité est catégorique, absolu, inconditionnel, universel.

« A gis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle.

» C ette maxime de l'action a pour objectif une fin en soi, qui est l'être raisonnable.« A gis de telle sorte que tu traites toujours l'humanité, en toi-même et en autrui, comme une fin et jamais comme un moyen.

» Dans ce monde idéal, cette république des fins, « chaque citoyen serait à la fois législateur et sujet ».

Donc, « agis comme si tu étais législateur et sujet dans la république des volontés libres et raisonnables ».

— L'homme étant naturellement porté vers le désordre, ne peut accomplir ces impératifs catégoriques qu'imparfaitement.

De cette imperfection, naît le conflit religieux.

A ux principes généraux de la raison pratique, sont liés des postulats.

« L'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme sont les postulats qui garantissent à la raison pratique l'utilité de son effort.

La croyance rétablit ce dont la raison pure théorique n'avait pu fournir aucune preuve valable.

» — Kant analyse d'autre part la notion du beau et la notion de la finalité.

Le beau est ce qui plaît universellement sans concept ; c'est aussi une finalité sans fin. L'idée de finalité a une valeur subjective ; le principe théologique a une nécessité entièrement relative à la constitution de notre esprit, qui pose ce principe : « Rien n'existe en vain.

» — Kant demeure l'un des plus grands philosophes de tous les temps ; son influence fut considérable au rixe siècle, et se poursuit de nos jours.

On ne peut désormais plus se livrer à des études philosophiques sans rencontrer, d'une façon ou d'une autre, la pensée de Kant.. »

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