KANT et l'autorité du maître et des lois
Extrait du document
«
Analyse du sujet.
Comment démarrer.
1.
Si certains sujets de baccalauréat pèchent parfois par leur caractère unilatéral ou unidimensionnel, ce texte de Kant
pèche par excès de richesse ! Il concerne la philosophie politique, le problème du pouvoir, celui de l'établissement de la
justice, mais aussi l'anthropologie humaine (« Qu'est-ce que l'homme? Est-il bon? Est-il méchant? Qu'est-ce qui le
définit ? Quel type de tendances? »).
Mais il touche aussi à la sphère de l'éducation.
Bref, c'est un condensé
inépuisable de thèmes.
Que faire devant ces textes clefs, si riches à l'analyse? Conceptualiser, bien sûr, et organiser
sa réflexion autour de quelques idées directrices claires.
2.
—
—
—
—
—
—
Soulignez donc dès le départ les expressions et termes importants :
animal qui...
a besoin d'un maître;
car il abuse à coup sûr de sa liberté ;
créature raisonnable ;
il souhaite une loi qui limite sa liberté ;
penchant animal à l'égoïsme ;
force à obéir.
3.
Leur analyse précise va vous conduire, en suivant pas à pas la démonstration rigoureuse de Kant :
— au sens global du texte : un pouvoir politique juste semble poser un problème d'une extrême difficulté.
— à l'architecture de ce texte qui est celui d'une démonstration mathématique :
1° l'homme est sujet au mal (car pris entre son égoïsme naturel et son besoin d'une loi morale et civile) ;
2° il lui faut un maître pour le faire obéir à la loi éthique et civile ;
3° mais ce maître est un homme, lui aussi sujet au mal ; 4° il est donc très difficile d'obéir à la loi morale et politique et
d'établir la justice.
4.
—
—
—
Vous pouvez alors dégager l'intérêt philosophique de ce texte :
Difficultés inhérentes à la justice politique.
Mal radical de l'homme.
Problème quasi insoluble du bon gouvernement.
"L'homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d'autres individus
de son espèce, a besoin d'un maître.
Car il abuse à coup sûr de sa liberté
à l'égard de ses semblables, et, quoique, en tant que créature
raisonnable, il souhaite une loi qui limite la liberté de tous, son penchant
animal à l'égoïsme l'incite toutefois à se réserver dans toute la mesure du
possible un régime d'exception pour lui-même.
Il lui faut donc un maître
qui batte en brèche sa volonté particulière et le force à obéir à une
volonté universellement valable, grâce à laquelle chacun puisse être
libre.
Mais où va-t-il trouver ce maître ? Nulle part ailleurs que dans
l'espèce humaine.
Or, ce maître, à son tour, est tout comme lui un animal
qui a besoin d'un maître.
De quelque façon qu'il s'y prenne, on ne conçoit
vraiment pas comment il pourrait se procurer pour établir la justice
publique un chef juste par lui-même : soit qu'il choisisse à cet effet une
personne unique, soit qu'il s'adresse à une élite de personnes triées au
sein d'une société.
Car chacune d'elles abusera toujours de la liberté si
elle n'a personne au-dessus d'elle pour imposer vis-à-vis d'elle-même
l'autorité des lois." KANT.
Introduction
Ces lignes de Kant posent le problème du pouvoir politique, celui de sa possibilité
même.
L'idée générale du texte est la suivante : comment trouver un maître n'ayant pas besoin d'un maître ? Ceci
semble impossible, puisque celui qui a pour tâche de gouverner est un homme affecté par la grossièreté de sa nature
et chez qui domine le penchant animal à l'égoïsme.
Dès lors, la possibilité même d'un pouvoir juste faisant régner une
volonté universelle semble singulièrement mise en question.
En fait, le mal humain paraît vicier tout pouvoir politique.
Dans la première ligne, Kant pose, de manière saisissante, l'homme comme animalité requérant une maîtrise.
Dans la première partie du texte (« car il abuse...
libre »), Kant explicite ce thème.
Il souligne la dualité humaine
(égoïsme et, en même temps, penchant à l'universalité).
Dans la seconde partie du texte (« Mais...
des lois »), Kant montre que la description précédente se réitère à propos
de tout individu et rend extrêmement difficile le problème du pouvoir politique : le maître, qui doit modeler la société en
fonction d'une loi universelle, est lui aussi un animal égoïste.
Dès lors, le problème de la justice publique semble
insoluble.
Étude ordonnée.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le bois dont l'homme est fait est si courbe qu'on ne peut rien y tailler de droit. Kant
- Les sens sans la raison son vides, mais la raison sans les sens est aveugle (Kant)
- La paresse et la lâcheté - KANT, Réponse à la question: Qu'est-ce que les Lumières?
- Montrez les différents éléments de l’argumentation qui permettent d’établir que Kant a une conception de la conscience qui se trouve être encore ici d’inspiration cartésienne
- E. Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique: la conscience