KANT et la loi universelle de la morale
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«
PRESENTATION DE "FONDEMENTS DE LA METAPHYSIQUE DES MOEURS" DE KANT
Dans ce premier grand ouvrage consacré à la morale, Kant (1724-1804) se donne
pour tâche « la recherche et l'établissement du principe suprême de la moralité »
(Préface).
Son objectif n'est pas seulement spéculatif mais surtout pratique : il est
nécessaire de trouver le critère permettant à chacun d'apprécier clairement la valeur
morale de ses actions, car la moralité est sujette à corruption, souvent confondue
avec le calcul de nos intérêts ou la satisfaction de nos inclinations.
La démarche de
Kant va consister à s'affranchir de toute considération empirique (psychologie,
anthropologie...) pour dégager le fondement rationnel de la moralité.
En montrant que
la moralité d'une action se mesure à la soumission de la volonté à la forme universelle
d'une loi a priori de la raison et qu'il faut distinguer la conduite morale de la recherche
du bonheur, il propose une approche radicalement nouvelle du problème moral.
Accusé
de formalisme et de rigorisme, Kant a ici le mérite de fonder une éthique rationaliste à
vocation universaliste.
"Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne
une loi universelle..." KANT
Les plus anciens travaux de KANT portent la marque de son intérêt pour la morale.
Devenu professeur ordinaire de
métaphysique et de logique le 31 mars 1770, Kant projette d’achever, au cours de l’hiver, ses recherches sur la
morale.
Cependant, les deux années suivante, il ne réussit qu’à rassembler des matériaux et à esquisser un plan.
Absorbé par la mise au point de la « Critique de la raison pure » qui ne sera publiée qu’en 1781, Kant ajourne son
projet.
Ce n’est qu’en avril 1785 que paraît, à Riga, « Fondements de la métaphysique des mœurs ».
C’est le premier
ouvrage dans lequel Kant traite de manière directe de la morale.
Un exposé plus élaboré, plus philosophique, cad
authentiquement critique, paraîtra en 1788 : la « Critique de la raison pratique ».
La réflexion morale se
prolongera dans la « Critique de la faculté de juger » (1790), « La religion dans les limites de la simple raison »
(1790, jusqu’à l’ « Anthropologie » (1798).
Dans « Fondements de la métaphysique des mœurs », Kant cherche à donner à la moralité son véritable
fondement.
Dans cette perspective, il récuse toutes les doctrines de l’Antiquité qui rattachent la morale au
principe du bonheur..
Lié à la satisfaction d’inclinations sensibles (besoins, désirs, passions, tendances), aux
possibilités qu’offrent la nature et la société, le bonheur dépend de conditions qui sont relatives et ne peut donc
servir de loi universelle ni être le principe déterminant de la morale.
Plus généralement, Kant rejette la prétention
de l’empirisme moral qui veut que l’homme ne puisse agir qu’en fonction de principes relatifs à l’expérience, de telle
sorte qu’il n’y aurait que des morales relatives, variant suivant les mœurs, les lieux, les époques.
Selon lui, il n’y a
de morale que du devoir.
Et comme l’homme, n’ayant pas une volonté sainte, n’agit pas nécessairement par devoir, la loi morale ne peut
prendre que l’aspect d’un commandement.
D’où l’impératif absolu & inconditionnel que Kant formule dans la
deuxième section de son ouvrage : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même
temps qu’elle devienne loi universelle.
»
L’intelligence, la vivacité, le jugement (talents de l’esprit) ; le courage, la décision, la persévérance dans les
desseins (qualités du tempérament) ; le pouvoir, la richesse, la considération et même la santé (dons de la
fortune) – rien de tout cela n’est bon moralement sans réserve.
Toutes ces dispositions permettent, en effet,
aussi bien un usage souhaitable qu’un usage critiquable: le courage peut être mis au service du crime.
C’est
précisément la volonté qui en décide, en tant qu’elle est bonne ou mauvaise.
Qu’est-ce qui est bon sans
restriction, cad de façon inconditionnelle ?
« De tout ce qu‘il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n’est rien qui
puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n’est seulement une BONNE VOLONTE.
»
La bonne volonté est bonne, non pas d’abord par ses œuvres ou ses succès, mais déjà en elle-même et pour ellemême : « Ce qui fait que la volonté est telle, ce ne sont pas ses œuvres ou ses succès, ce n’est pas son
aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, mais seulement à le vouloir ; autrement dit, c’est en soi qu’elle est
bonne.
»
En quoi consiste donc la moralité d’une action ? Kant avance trois propositions :
• Premièrement, l’action qui a une valeur morale est celle qui est accompli par devoir.
Sont ainsi éliminées toutes
les actions contraires au devoir (le vol, le mensonge, etc.) et toutes celles qui, bien que conformes au devoir,
sont accomplies soit par intérêt personnel, soit avec une inclination immédiate pour le devoir.
Supposons un
commerçant qui fasse le juste prix à un enfant, mais par peur de perdre sa clientèle : son action est certes
conforme extérieurement au devoir, mais elle n’a aucune valeur morale car elle accomplit par intérêt.
Supposons
maintenant un homme joyeux, porté naturellement à répandre le bien autour de lui : son action est légalement
bonne, mais n’a aucune valeur morale car elle est accompli par inclination.
En revanche si ce même homme, un
jour qu’il est assombri par un chagrin continue néanmoins à faire le bien alors son action aura peut-être une.
»
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