KANT et la Loi fondamentale de la raison pure pratique
Extrait du document
«
Loi fondamentale de la raison pure pratique.
Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté
puisse toujours valoir en même temps comme principe d'une législation universelle [...]
L'autonomie de la volonté est le principe unique de toutes les lois morales et des devoirs
qui y sont conformes ; au contraire toute hétéronomie du libre choix, non seulement n'est
la base d'aucune obligation, mais elle est plutôt opposée au principe de l'obligation et à la
moralité de la volonté.
Le principe unique de la moralité consiste dans l'indépendance à
l'égard de toute matière de la loi (c'est-à-dire à l'égard d'un objet désiré), et en même
temps aussi dans la détermination du libre choix par la simple forme législative universelle,
dont une maxime doit être capable.
Mais cette indépendance est la liberté au sens négatif,
cette législation propre de la raison pure et, comme telle, pratique, est la liberté au sens
positif.
La loi morale n'exprime donc pas autre chose que l'autonomie de la raison pure
pratique, c'est-à-dire de la liberté.
La liberté est l'obéissance à la loi, par simple devoir.
Elle est donc autonomie.
L'hétéronomie est le principe d'une loi qui s'impose à moi de façon extérieure Cette extériorité peut être celle de la
nature, et est alors l'expression d'une nécessité, ou encore celle du droit : elle est alors l'expression d'une obligation
juridique, mais non pas d'une obligation morale, c'est à dire d'un devoir.
L'autonomie signifie, d'une part, l'indépendance à l'égard de tout mobile sensible.
La loi morale me commande d'agir
comme je pense que tout homme devrait agir.
Il ne faut donc pas comprendre l'universalité à laquelle je soumets la
maxime de mon action comme une universalité hypothétique, mais catégorique.
II ne s'agit pas de me demander ce qui
se passerait si tous les hommes agissaient comme je le fais; mais il s'agit d'agir comme tous les hommes devraient agir.
L'autonomie exprime, d'autre part, le pouvoir de légiférer lui-même, c'est-à-dire, de poser la forme de l'universalité.
La
raison est ici à la fois pure et pratique.
Elle est pure, parce qu'elle est universelle.
Mais elle est pratique, parce qu'elle
ne découvre pas seulement l'universalité sur un plan théorique, mais qu'elle l'impose à chaque sujet moral.
« Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en
même temps qu’elle devienne loi universelle.
»
Les plus anciens travaux de KANT portent la marque de son intérêt pour la morale.
Devenu professeur ordinaire de
métaphysique et de logique le 31 mars 1770, Kant projette d’achever, au cours de l’hiver, ses recherches sur la
morale.
Cependant, les deux années suivante, il ne réussit qu’à rassembler des matériaux et à esquisser un plan.
Absorbé par la mise au point de la « Critique de la raison pure » qui ne sera publiée qu’en 1781, Kant ajourne son
projet.
Ce n’est qu’en avril 1785 que paraît, à Riga, « Fondements de la métaphysique des mœurs ».
C’est le premier
ouvrage dans lequel Kant traite de manière directe de la morale.
Un exposé plus élaboré, plus philosophique, cad
authentiquement critique, paraîtra en 1788 : la « Critique de la raison pratique ».
La réflexion morale se prolongera
dans la « Critique de la faculté de juger » (1790), « La religion dans les limites de la simple raison » (1790,
jusqu’à l’ « Anthropologie » (1798).
Dans « Fondements de la métaphysique des mœurs », Kant cherche à donner à la moralité son véritable
fondement.
Dans cette perspective, il récuse toutes les doctrines de l’Antiquité qui rattachent la morale au principe du
bonheur..
Lié à la satisfaction d’inclinations sensibles (besoins, désirs, passions, tendances), aux possibilités qu’offrent
la nature et la société, le bonheur dépend de conditions qui sont relatives et ne peut donc servir de loi universelle ni
être le principe déterminant de la morale.
Plus généralement, Kant rejette la prétention de l’empirisme moral qui veut
que l’homme ne puisse agir qu’en fonction de principes relatifs à l’expérience, de telle sorte qu’il n’y aurait que des
morales relatives, variant suivant les mœurs, les lieux, les époques.
Selon lui, il n’y a de morale que du devoir.
Et comme l’homme, n’ayant pas une volonté sainte, n’agit pas nécessairement par devoir, la loi morale ne peut prendre que l’aspect d’un
commandement.
D’où l’impératif absolu & inconditionnel que Kant formule dans la deuxième section de son ouvrage : « Agis uniquement d’après la
maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne loi universelle.
»
L’intelligence, la vivacité, le jugement (talents de l’esprit) ; le courage, la décision, la persévérance dans les desseins
(qualités du tempérament) ; le pouvoir, la richesse, la considération et même la santé (dons de la fortune) – rien de
tout cela n’est bon moralement sans réserve.
Toutes ces dispositions permettent, en effet, aussi bien un usage
souhaitable qu’un usage critiquable: le courage peut être mis au service du crime.
C’est précisément la volonté qui en
décide, en tant qu’elle est bonne ou mauvaise.
Qu’est-ce qui est bon sans restriction, cad de façon inconditionnelle ?
« De tout ce qu‘il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n’est rien qui puisse.
»
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