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KANT

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L'un des grands problèmes de l'éducation est de savoir comment allier la soumission à la contrainte de la règle et la capacité d'user de sa liberté. Car la contrainte est nécessaire ! Comment cultiverai-je la liberté dans la simultanéité de la contrainte ? Je dois accoutumer mon élève à endurer une contrainte imposée à sa liberté et le conduire en même temps à bien user de celle-là. Sans cela, tout ne sera que mécanisme, et il ne saura pas, au sortir de ses années d'éducation, se servir de sa liberté. Il lui faut sentir de bonne heure l'inéluctable résistance de la société, apprendre à connaître la difficulté de subsister, de se priver et d'acquérir afin d'être indépendant. KANT

« "L'un des grands problèmes de l'éducation est de savoir comment allier la soumission à la contrainte de la règle et la capacité d'user de sa liberté.

Car la contrainte est nécessaire ! Comment cultiverai-je la liberté dans la simultanéité de la contrainte ? Je dois accoutumer mon élève à endurer une contrainte imposée à sa liberté et le conduire en même temps à bien user de celle-là.

Sans cela, tout ne sera que mécanisme, et il ne saura pas, au sortir de ses années d'éducation, se servir de sa liberté.

Il lui faut sentir de bonne heure l'inéluctable résistance de la société, apprendre à connaître la difficulté de subsister, de se priver et d'acquérir afin d'être indépendant." KANT 1) Introduction Ce texte, extrait des Réflexions sur l'éducation, se rapporte au thème de l'éducation et soulève le problème de la nature de cette dernière : l'éducation passe-t-elle par l'établissement de la règle ou se lie-t-elle au règne de la spontanéité ? Quelle est l'idée directrice de ces lignes ? À travers l'éducation, l'homme accède à la vraie liberté : il passe d'une liberté de fait à une liberté de droit, caractérisée par l'obéissance à la règle et par l'indépendance. On saisit ce que le texte nous fait gagner, son enjeu philosophique : une attitude pratique dans le champ de la sphère éducative, jugée désormais comme ouverte au champ de l'autonomie.

Le texte est gros de richesses et d'horizons pratiques. 2) Étude ordonnée A.

Première partie : « L'un [...] de la contrainte ? » D'emblée, l'accent est mis, dans ce texte, sur la nature du problème lié à l'éducation.

Qu'est-ce qu'un problème ? C'est une question ultime, décisive, centrale, soulevée par une discipline, un thème.

un problème désigne une question à résoudre qui prête à discussion, question qui nous engage dans des voies difficiles.

Or quelle est, ici, la voie difficile et complexe qui présente des problèmes ? C'est la nature de l'éducation, développement de l'être humain et formation de l'esprit.

Quelle est la grande question, centrale, soulevée par ce processus spirituel qu'est l'éducation ? Kant la formule en toute clarté.

Éducation signifie règle, à savoir norme impérative, proposition prescrivant ce qui doit être fait.

Il y a, dans la notion d'éducation, l'idée d'une obéissance à cette norme et Kant formule la question centrale : le sujet doit savoir faire un bon usage de sa liberté, à savoir de sa capacité immédiate de dire oui ou non.

Il faut donc réussir à unifier deux termes apparemment antinomiques : obéissance et faculté (« capacité ») d'user de cette liberté immédiate pour parvenir à la vraie liberté, conçue comme construction autonome.

Le problème est donc un problème d'unification et de synthèse (de contrainte et de liberté). Et Kant de terminer la formulation de son problème théorique en notant d'une part que la forme obligatoire et la pression sont inévitables et non point contingentes et, d'autre part, qu'il existe une dimension apparemment contradictoire du problème soulevé. Toutefois, le problème n'est posé par Kant que de manière très générale et, dans les lignes qui suivent, le philosophe va, d'une part, expliciter le problème et, d'autre part, mieux souligner sa dimension concrète. B.

Deuxième partie : « Je dois [...] se servir de sa liberté.

» Dans cette deuxième grande partie, Kant entre, de manière moins abstraite, dans le processus éducatif.

Ce sont l'élève, le sujet concerné, la personne qui reçoit l'enseignement d'un maître, qui se trouvent projetés sur la scène du discours.

Prenant en charge le sujet engagé dans un processus d'apprentissage, que fera le maître ? Il intégrera son élève à l'intérieur d'un ensemble d'habitudes (« accoutumer »).

Mais pourquoi cet ensemble d'habitudes ? Ce qu'il s'agit d'éviter, c'est un système de contraintes si répétitif que, finalement, tout culmine dans un mécanisme, à savoir une série de mouvements physiques ne donnant plus lieu au déploiement d'une liberté.

Certes, l'éducation est contrainte mais faut-il aboutir au mode de fonctionnement d'une machine ? Vat-on faire des élèves des « chiens de Pavlov » salivant, des ensembles de réflexes conditionnés ? Certes non. Le mécanisme est exclu.

Le problème se spécifie : le processus de formation doit conduire au bon usage de la liberté.

Qu'est-ce à dire ? On peut « dresser » un animal, mais non pas un homme.

Qu'est-ce que se servir de sa liberté ? C'est user de son pouvoir de dire oui ou non pour parvenir à l'autonomie : l'élève doit devenir un être raisonnable et non pas un ensemble de rouages, un mécanisme. On conçoit la finalité ultime du processus éducatif.

Il n'a pas sa fin en lui-même.

Il vise, précisément, un accomplissement au sortir de la formation : cet accomplissement, c'est l'accès à la raison et à la vraie liberté. Or être libre, ce n'est pas faire n'importe quoi.

Donc l'éducation a pour fin la maîtrise rationnelle de soi-même. C.

Troisième partie : « Il lui faut [...] indépendant.

» La troisième partie est intéressante et achève le texte à un double titre : d'abord parce qu'elle finalise. »

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