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KANT

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On peut ramener toutes les religions à deux : celle qui recherche des faveurs (religion de simple culte) et la religion morale, c'est-à-dire de la bonne conduite. D'après la première, l'homme se flatte que Dieu peut bien le rendre éternellement heureux sans qu'il ait à vrai dire besoin de devenir meilleur (par la rémission des péchés); ou encore, si cela ne lui semble pas possible, il se flatte que Dieu peut bien le rendre meilleur sans qu'il ait autre chose à faire qu'à l'en prier; ce qui, en présence d'un Être qui voit tout, n'étant autre chose que désirer, serait en réalité ne rien faire; en effet, si le simple désir suffisait, tout le monde serait bon. Mais, suivant la religion morale (et parmi toutes les religions publiques qu'il y eut jamais, seule la religion chrétienne a ce caractère), c'est un principe fondamental que chacun doit, selon ses forces, faire son possible pour devenir meilleur, et ce n'est que lorsqu'il n'a pas enfoui la mine qui lui a été donnée en propre (Luc, XIX, 12 - 16), lorsqu'il a employé sa disposition originelle au bien, pour devenir meilleur, qu'il peut espérer que ce qui n'est pas en son pouvoir sera complété par une collaboration d'en haut. Et il n'est pas absolument nécessaire que l'homme sache en quoi elle consiste; peut-être même est-il inévitable que, si la manière dont elle se produit a été révélée à une certaine époque, d'autres hommes, à une autre époque, s'en feraient chacun une idée différente et certes en toute sincérité. Mais alors le principe suivant garde sa valeur : « Il n'est pas essentiel, ni par suite nécessaire à quiconque, de savoir ce que Dieu fait ou a fait pour son salut » ; mais bien de savoir ce que lui-même doit faire pour se rendre digne de ce secours. KANT

« "On peut ramener toutes les religions à deux : celle qui recherche des faveurs (religion de simple culte) et la religion morale, c'est-à-dire de la bonne conduite. D'après la première, l'homme se flatte que Dieu peut bien le rendre éternellement heureux sans qu'il ait à vrai dire besoin de devenir meilleur (par la rémission des péchés); ou encore, si cela ne lui semble pas possible, il se flatte que Dieu peut bien le rendre meilleur sans qu'il ait autre chose à faire qu'à l'en prier; ce qui, en présence d'un Être qui voit tout, n'étant autre chose que désirer, serait en réalité ne rien faire; en effet, si le simple désir suffisait, tout le monde serait bon. Mais, suivant la religion morale (et parmi toutes les religions publiques qu'il y eut jamais, seule la religion chrétienne a ce caractère), c'est un principe fondamental que chacun doit, selon ses forces, faire son possible pour devenir meilleur, et ce n'est que lorsqu'il n'a pas enfoui la mine qui lui a été donnée en propre (Luc, XIX, 12 - 16), lorsqu'il a employé sa disposition originelle au bien, pour devenir meilleur, qu'il peut espérer que ce qui n'est pas en son pouvoir sera complété par une collaboration d'en haut.

Et il n'est pas absolument nécessaire que l'homme sache en quoi elle consiste; peut-être même est-il inévitable que, si la manière dont elle se produit a été révélée à une certaine époque, d'autres hommes, à une autre époque, s'en feraient chacun une idée différente et certes en toute sincérité.

Mais alors le principe suivant garde sa valeur : « Il n'est pas essentiel, ni par suite nécessaire à quiconque, de savoir ce que Dieu fait ou a fait pour son salut » ; mais bien de savoir ce que lui-même doit faire pour se rendre digne de ce secours." KANT Dans ce texte, Kant distingue deux grandes catégories de religion.

Selon lui, il faut séparer les religions purement cultuelles des religions avant tout éthiques.

Il analyse successivement ces deux aspects de la religion et prend parti pour la religion morale en montrant son adéquation avec la limitation nécessaire de la connaissance humaine. 1.

Les illusions de la religion cultuelle (de la ligne 1 à la ligne 8, jusqu'à «...

tout le monde serait bon.

») A.

Kant part du fait que le phénomène religieux présente un aspect extrêmement éclaté.

Les croyances, les rites, les théologies ou les Églises sont en effet multiples.

Mais cet éclatement n'est qu'apparent, car on peut le réduire à deux tendances majeures (ligne 1). B.

Le premier type d'attitude religieuse consiste à « rechercher les faveurs » de la divinité (ligne 1).

On essaye d'obtenir de la divinité avantages et bienfaits par un respect scrupuleux des règles rituelles organisant le culte.

Le but du croyant est de « devenir éternellement heureux », grâce à cet unique moyen.

Point n'est besoin de s'améliorer moralement en pratiquant les vertus ou en accomplissant de bonnes actions (lignes 3-4). C.

Une autre version de ce genre de religion paraît plus soucieuse de progrès éthiques.

Le croyant y aspire à devenir meilleur, mais il croit que seule la divinité peut accomplir cette transformation morale.

Il se tourne alors vers la prière. La prière prend ici la place du respect des rites, mais le but reste le même : obtenir de la divinité la faveur du salut ou de la vertu morale.

La religion de la seule prière est aussi, pour Kant, une « religion de simple culte ». D.

Kant dénonce le caractère illusoire du salut et de l'amendement moral par la simple prière.

Le seul effort que consent, en effet, à faire le fidèle est de former un souhait, un désir.

Or, les bonnes intentions sont les conditions nécessaires mais pas suffisantes du salut et de la vertu. 2.

Une religion pour l'homme : la religion morale (de la ligne 9 à la fin du texte) A.

Les principes de la religion morale : chacun doit s'efforcer, selon sa puissance, de devenir meilleur.

L'attitude du croyant est ici radicalement différente.

II n'attend rien de la divinité.

Il est lui-même capable de se réformer.

Il devient, si ce n'est l'auteur, du moins l'acteur de son salut.

Du même coup, son rapport à la divinité change.

Il ne prend plus la forme d'un échange (je respecte tes lois pour que tu me donnes le salut), mais celle d'une espérance : je m'efforce d'adopter une « bonne conduite » (ligne 2), et peut-être obtiendrai-je une aide divine. B.

Notez que ce type de religion est profondément teinté d'humanisme chrétien.

Il présuppose, en effet, une « disposition originelle au bien » (ligne 13).

Et il reprend l'idée d'un salut par les « oeuvres », c'est-à-dire par les bonnes actions. C.

L'homme est ici incapable de réaliser son salut par ses propres forces.

De cette façon, Kant écarte l'hypothèse d'une contrainte exercée par l'homme sur la divinité.

Si le salut découlait de nos seules bonnes actions, nous pourrions forcer Dieu à nous accorder le salut.

Mais, à la différence de la religion de la simple prière, le croyant n'est pas dispensé des bonnes actions. D.

Toutefois, sa propension à s'améliorer moralement lui-même est garantie par la faiblesse de sa connaissance.

Il est. »

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