KANT
Extrait du document
«
«Lorsque, dans les matières qui se fondent sur l'expérience et le témoignage, nous
bâtissons notre connaissance sur l'autorité d'autrui, nous ne nous rendons ainsi
coupables d'aucun préjugé ; car dans ce genre de choses puisque nous ne pouvons
faire nous-mêmes l'expérience de tout ni le comprendre par notre propre
intelligence, il faut bien que l'autorité de la personne soit le fondement de nos
jugements.
Mais lorsque nous faisons de l'autorité d'autrui le fondement de notre
assentiment à l'égard de connaissances rationnelles, alors nous admettons ces
connaissances comme simple préjugé.
Car c'est de façon anonyme que valent les
vérités rationnelles.
Il ne s'agit pas alors de demander : qui a dit cela ? mais bien
qu'a-t-il dit ? Peu importe si une connaissance a une noble origine, le penchant à
suivre l'autorité des grands hommes n'en est pas moins très répandu tant à cause
de la faiblesse des lumières personnelles que par désir d'imiter ce qui nous est
présenté comme grand.
À quoi s'ajoute que l'autorité personnelle sert,
indirectement, à flatter notre vanité.» KANT.
Questions
1.
Dégagez l'idée directrice et les étapes de l'argumentation du texte.
2.
Expliquez :
a.
« nous ne nous rendons ainsi coupables d'aucun préjugé » ;
b.
« alors nous admettons ces connaissances comme simple préjugé ».
3.
À quelles conditions pouvons-nous avoir confiance en l'autorité d'autrui sans tomber dans le préjugé ?
Il faut distinguer entre les vérités de faits (ou d'expérience) et les vérités rationnelles.¨Par cela même qu'elles sont
exclusivement du domaine de la raison, ces dernières sont anonymes et excluent l'argument d'autorité.
Attachez-vous
à montrer comment Kant oppose les deux domaines où l'autorité d'autrui peut être invoquée, pour en conclure que ce
n'est pas le recours à l'autorité en lui-même qui est un préjugé, mais son usage dans un domaine où elle n'a que faire.
articulation formelle du texte
« Lorsque, dans les matières qui se fondent sur l'expérience et le témoignage, ...
nous ne nous rendons ainsi capables
d'avoir préjugé ; car...
puisque...
il faut bien que...
Mais lorsque nous faisons de l'autorité d'autrui le fondement de notre assentiment à l'égard de connaissances
rationnelles, alors...
il ne s'agit pas de demander : qui a dit cela ? Mais bien : qu'a-t-il dit ?...
»
questions indicatives
Importance de la distinction entre « les matières qui se fondent sur l'expérience et le témoignage » et « les
connaissances rationnelles » ?
Comment Kant peut-il être amené à écrire que dans le premier cas il n'y a « aucun préjugé » ?
Pourquoi (et dans quel cas ?) Kant estime-t-il que « peu importe si une connaissance a une noble origine » ?
Quelles sont les deux causes du « penchant à suivre l'autorité des grands hommes » selon Kant ? Importance de ces
notations dans l'économie du texte ?
Que pensez-vous des distinctions opérées par Kant ? Que pensez-vous de son argumentation ?
Quel est l'enjeu de ce texte ? Quels effets une telle position peut-elle avoir ? A qui s'attaque-t-il ?
Question 1
La thèse que soutient Kant dans ce texte est qu'un préjugé ne consiste pas dans le fait de laisser autrui juger à notre
place mais dans celui de s'en remettre à l'autre sur une question qui relève de notre propre raison.
S'aider du jugement
d'autrui ne revient donc pas forcément à renoncer à penser par soi-même.
Le texte procède en trois temps.
La
première partie (jusqu'à « soit le fondement de nos jugements ») fixe le domaine où la raison peut légitimement s'en
remettre à l'autorité d'autrui.
La deuxième (jusqu'à « si une connaissance a une noble origine ») précise inversement le
domaine où la reconnaissance de cette autorité cesse d'être légitime et relève du préjugé.
La dernière partie se
propose d'expliquer la double origine du préjugé.
La première source est l'admiration des grands, la seconde est la
vanité de croire en être un.
Dans le premier cas, on accepte comme parole d'Évangile le raisonnement de la personne
qu'on admire ; dans le second, on tient pour indiscutable ce que l'on pense soi-même : on s'estime tant qu'on
n'envisage pas de se mettre en question.
Question 2
a.
Un préjugé est une opinion que l'on soutient avant même de l'avoir examinée de manière critique : avant de l'avoir
véritablement jugée (pré-juger).
Il représente donc un point de vue qui n'est pas fondé en raison mais qui est.
»
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