KANT
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
EMPIRIQUE (adj.): Qui découle de l’expérience ou qui ne se règle que sur elle.
Le savoir empirique découle largement de l’habitude, qui lui permet de repérer des
régularités dans l’expérience (par exemple, telle plante soulage toujours telle
douleur).
Ce savoir s’obtient par tâtonnements, par essais et erreurs, mais ce n’est
pourtant pas un savoir scientifique ou expérimental.
En effet, il ne sait pas
vraiment expliquer ce qu’il observe, il ignore les causalités réellement agissantes
(par exemple, l’action physique-chimique de la plante dans l’organisme).
Le sens et la portée de l'analyse de Kant sur l'apparence ou illusion
transcendantale, au début de la Dialectique transcendantale, ne sauraient être
compris que si on la replace dans l'ensemble de la Critique de la raison pure, c'està-dire spéculative, et de la Critique de la raison pratique.
Elle est en effet à la
charnière des deux Critiques, et l'essentiel des additions et modifications que Kant
a introduites dans la seconde édition de la Critique de la raison pure s'y rattache.
Une lecture superficielle de la première édition pourrait laisser croire que Kant prononce la fin de la
métaphysique en établissant ce qu'il est convenu d'appeler le relativisme de la connaissance.
Notre faculté de
connaître, qui saisit le divers sensible par les formes a priori de la sensibilité et l'organise grâce aux concepts
purs ou catégories de l'entendement, ne peut atteindre que des phénomènes.
La révolution copernicienne
accomplie par Kant dans le domaine de la métaphysique consiste à montrer que ce sont les objets qui se
règlent sur notre connaissance et non notre connaissance qui se règle sur les objets, ce qui permet de fonder
une science des phénomènes, une physique.
Kant: La révolution copernicienne
Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle de Copernic.
Le savant polonais mit enfin
l'astronomie sur la voie de la science moderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogea
la Terre (héliocentrisme).
Kant compare le décentrement opéré par Copernic au sien propre: jusqu'alors, on a
cherché à résoudre le problème de la connaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet.
Décentrons
l'objet, replaçons au centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à la périphérie.
Ainsi, affirme Kant,
nous pourrons savoir en quoi la connaissance consiste au juste et quelles en sont les limites.
Mais il en résulte que les choses en soi sont inaccessibles et, en ce sens, son utilité n'est que négative,
puisqu'elle a pour objet d'expliquer l'échec de toutes les tentatives antérieures pour fonder une métaphysique.
Il vient de ce que la raison spéculative s'aventure au-delà des limites de l'expérience possible.
C'est en quoi
consiste l'apparence transcendantale, l'apparence (Schein,) devant être radicalement distinguée du phénomène
(Erscheinung).
La vanité de ces tentatives ne tient pas essentiellement à une erreur qui serait imputable à tel
ou tel philosophe.
Elle a pour origine une illusion constitutive de notre raison, et elle est par conséquent
inévitable.
On doit donc la dénoncer, mais c'est le propre de l'illusion de ne pouvoir être dissipée, et l'exemple
de la lune à l'horizon repris ici par Kant a une valeur symbolique qui dépasse le domaine des sens.
L'illusion transcendantale est produite «par l'influence inaperçue de la sensibilité sur l'entendement», qui nous
conduit à faire de principes subjectifs les principes objectifs des choses en soi et nous fait croire à l'extension
de l'entendement pur.
C'est en quoi ces principes deviennent transcendants, c'est-à-dire usurpent la qualité de
principes en prétendant régir un domaine qui leur échappe nécessairement.
Le terme transcendant ne doit donc
pas être confondu avec celui de transcendantal, dont il n'a que l'apparence et qui désigne ce par quoi une
connaissance a priori est possible.
Ainsi les principes de l'entendement pur sont à la fois transcendantaux et
immanents, c'est-à-dire qu'ils ne dépassent pas la possibilité de l'expérience et assurent la nécessité de la
connaissance.
Toutefois — et c'est ce que la deuxième édition de la Critique et sa préface accentuent avec une plus grande
netteté —, cette illusion naturelle enveloppe une puissance légitime d'affirmation de la raison et possède un
fondement positif dans sa nature même.
Puis donc que cette disposition naturelle émane de la raison, la
critique doit en rendre compte.
Aussi va-t-elle dégager ses deux usages positifs.
D'abord, «ce qui nous pousse à sortir des limites de l'expérience, c'est l'inconditionné que la raison exige
nécessairement et à juste titre, dans les choses en soi pour tout ce qui est conditionné afin d'achever la série
des conditions »2.
Ce besoin indéfectible de l'inconditionné ou de l'absolu est le moteur de la raison spéculative
elle-même et de la science.
«La totalité absolue de toute expérience possible est pour la raison un problème
nécessaire»3.
En son usage logique, la raison doit rattacher un jugement à sa condition, et cette condition à
une autre condition.
Par exemple, une cause est elle-même l'effet d'une autre cause, et ainsi à l'infini.
L'illusion
consiste à prendre ce besoin pour une réalité, à s'imaginer que la raison peut avoir une connaissance de l'être.
Les concepts de l'entendement organisent le donné de l'intention sensible, mais il n'y a pas pour la raison
d'intuition intellectuelle à laquelle elle puisse appliquer ses concepts.
C'est néanmoins ce besoin invincible qui
anime l'activité de l'entendement.
Cependant l'usage expérimental de la raison « ne remplit pas toute la destination de la raison » et ce besoin
d'absolu vise au-delà.
« Après avoir refusé à la raison spéculative tout progrès dans le champ du suprasensible,.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le bois dont l'homme est fait est si courbe qu'on ne peut rien y tailler de droit. Kant
- Les sens sans la raison son vides, mais la raison sans les sens est aveugle (Kant)
- La paresse et la lâcheté - KANT, Réponse à la question: Qu'est-ce que les Lumières?
- Montrez les différents éléments de l’argumentation qui permettent d’établir que Kant a une conception de la conscience qui se trouve être encore ici d’inspiration cartésienne
- E. Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique: la conscience