KANT
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Commentaire de texte
Que toute notre connaissance commence avec l'expérience, cela ne soulève aucun doute.
En effet, par quoi
notre pouvoir de connaître pourrait-il être éveillé et mis en action, si ce n'est par des objets qui frappent nos sens et
qui, d'une part, produisent par eux-mêmes des représentations, et d'autre part, mettent en mouvement notre faculté
intellectuelle, afin qu'elle compare, lie ou sépare ces représentations et travaille ainsi la matière brute des impressions
sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle qu'on nomme l'expérience ? Ainsi, chronologiquement,
aucune connaissance ne précède en nous l'expérience et c'est avec elle que toutes commencent.
Mais si toute notre connaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute de
l'expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fut un composé de ce que nous
recevons des impressions sensibles, et de ce que notre propre pouvoir de connaître (simplement excité par des
impressions sensibles) produit de lui-même, addition que nous ne distinguons pas de la matière première jusqu'à ce que
notre attention y ait été portée par un long exercice qui nous ait appris a l'en séparer.
KANT
Introduction
Une des questions que traite la philosophie critique de Kant est celle de la connaissance.
Cette philosophie
rompt avec le dogmatisme et le scepticisme qui l’ont précédée, c’est pourquoi elle est critique (critique vient du grec
krinein qui signifie séparer, se distinguer).
Elle constitue une révolution dans la théorie de la connaissance et du sujet
en posant le sujet comme à la fois constituant la connaissance et à la fois limité (ne pouvant tout connaître).
Ce texte
contient plusieurs des mots-clés du vocabulaire kantien comme la connaissance, l’expérience, les sens ou la faculté.
Il
nous introduit à une thèse principale de l’auteur selon laquelle il n’y a pas de connaissance sans expérience.
Mais le
sujet ne fait pas que recevoir des sensations, il est actif, il effectue une opération pour tirer de ses sensations une
connaissance.
De plus, Kant introduit un type de connaissance qui n’est pas empirique car elle fait appel aux formes
pures mais qui n’est pas défectueuse comme la connaissance intelligible, il s’agit de la connaissance sensible.
La problématique du texte est la suivante : comment parvient-on à une connaissance ? La connaissance est-elle le
résultat d’une activité ou d’une passivité du sujet ?
Dans un premier mouvement du texte, Kant explique la nécessité d’une certaine passivité du sujet qui reçoit
l’expérience.
Néanmoins, il s’agit bien d’un « pouvoir de connaître » que possède le sujet.
Ce pouvoir lui permet, à partir
de l’expérience, d’accéder à une connaissance empirique.
Dans le second mouvement du texte, ce pouvoir est d’autant
plus mis en valeur par un autre type de connaissance, la connaissance sensible.
I-
La connaissance empirique : passivité et activité du sujet
Dès la première ligne, Kant affirme sa thèse selon laquelle il n’y a pas de connaissance sans expérience.
Cela
est présenté par l’auteur comme une évidence.
Il y a au départ une certaine passivité du sujet.
Le monde extérieur lui
procure des sensations, les objets « frappent (ses) sens », ainsi que Kant l’écrit.
Cela « éveille » le pouvoir de
connaître du sujet, c’est-à-dire l’Entendement et la Raison et donne lieu à une connaissance empirique, fondée
directement sur l’expérience, grâce à la matière donnée par les sensations.
Kant fait effectivement allusion au travail
de l’Entendement lorsqu’il écrit que notre faculté intellectuelle « compare, lie ou sépare » les représentations.
L’expérience est donc une matière nécessaire avec laquelle nos facultés intellectuelles doivent travailler.
Dans le
processus de la connaissance, on peut distinguer une partie où le sujet est passif (il s’agit de la Sensibilité, le sujet
reçoit les sensations) et une autre dans laquelle il est actif, ses facultés (Entendement et Raison) agissent sur la
matière que lui procurent les sensations.
Kant conclut ce mouvement en répétant sa thèse à la forme négative cette
fois : « aucune connaissance ne précède en nous l'expérience ».
On ne peut connaître quelque chose avant d’en avoir
fait l’expérience.
Les phénomènes (en grec, phainomenon : ce qui apparaît) sont donc importants et ont une valeur
positive.
Kant ne rejette pas le monde extérieur et les apparences comme le font les idéalistes.
De plus, il se distingue
également des empiristes tel que Hume pour qui le sujet est passif et ne fait que recevoir de la matière par les sens.
II-
La connaissance sensible : un véritable pouvoir de connaître du sujet
Dans un second mouvement du texte, Kant attire notre attention sur le fait qu’il n’y a peut-être pas que de la connaissance empirique.
Or, il ne
s’agit pas d’une connaissance intelligible puisque c’est ce que Kant blâme dans la métaphysique.
Il s’agit en effet d’un autre type de connaissance,
la connaissance sensible.
Cette connaissance est un composé fait « d’impressions sensibles » (ce qui est la marque de l’expérience) et de quelque
chose produit par nos facultés intellectuelles.
Selon Kant, nous avons tendance à considérer cette connaissance comme une connaissance empirique
car nous ne distinguons pas le fait qu’il s’agit d’un composé.
La mathématique par exemple est une connaissance sensible.
Elle ne s’affranchit pas
totalement de l’expérience comme le fait la métaphysique.
La connaissance mathématique est pure et procède par synthèse, elle a recours aux formes
pures que sont le temps et l’espace, elle tient de l’expérience possible, tandis que la métaphysique procède par concepts sans recours à l’intuition.
Avec la connaissance sensible, il apparaît encore plus clairement qu’avec la connaissance empirique que le sujet a un.
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