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Jean-Baptiste Chardin

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Jean-Baptiste Siméon Chardin, naquit, vécut et mourut dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. On en sait peu de sa formation artistique, sinon qu'il travailla sous la tutelle des peintres Cazes et Coypel. En 1724, il fut reçu maître peintre à l'Académie de Saint-Luc, et quatre ans plus tard ­ sans doute grâce à l'appui bienveillant du peintre de cour Nicolas de Largillière ­ il devint membre de l'Académie Royale. Dans les années 1730, il réalisa ses premiers tableaux de figures et se spécialisa sur les scènes de genre et les études de nature morte. En 1740, il fut présenté au roi Louis XV et lui offrit La Mère laborieuse et le Bénédicité, geste qui lui vaudra une renommée immédiate et durable. Le peintre gagna bientôt l'admiration de ses confrères et l'aisance financière qui lui permirent de rayonner durant vingt ans sur le milieu culturel parisien. En 1761, ses collègues de l'Académie le chargèrent officiellement de “ l'accrochage ” des tableaux du Salon, où il exposait chaque année depuis 1737. Cette mission honorifique lui permit de rencontrer le philosophe et encyclopédiste Diderot, qui dressera en tant que critique d'art un portrait lyrique et glorifiant de l'artiste, qualifié avec admiration de “ grand magicien ”. Malgré le grand succès de sa carrière de peintre, Chardin eut une fin de vie difficile, assombrie par des drames personnels (le suicide de son fils en 1767) et professionnels. Les goûts du public avaient changé et le peintre, dont la vue faiblissait, perdit les faveurs de l'Académie à l'arrivée du nouveau directeur qui diminua sa pension et le démit peu à peu de ses responsabilités. Presque aveugle, Chardin acheva sa vie dans l'obscurité et mourut dans l'indifférence générale en 1779. Longtemps oubliée, son œuvre fut redécouverte au XIXe siècle par les historiens d'art qui le consacrèrent plus grand peintre de natures mortes du XVIIIe siècle.   

« Jean-Baptiste Chardin Jean-Baptiste Siméon Chardin, naquit, vécut et mourut dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés.

On en sait peu de sa formation artistique, sinon qu'il travailla sous la tutelle des peintres Cazes et Coypel.

En 1724, il fut reçu maître peintre à l'Académie de Saint-Luc, et quatre ans plus tard sans doute grâce à l'appui bienveillant du peintre de cour Nicolas de Largillière il devint membre de l'Académie Royale.

Dans les années 1730, il réalisa ses premiers tableaux de figures et se spécialisa sur les scènes de genre et les études de nature morte.

En 1740, il fut présenté au roi Louis XV et lui offrit La Mère laborieuse et le Bénédicité, geste qui lui vaudra une renommée immédiate et durable.

Le peintre gagna bientôt l'admiration de ses confrères et l'aisance financière qui lui permirent de rayonner durant vingt ans sur le milieu culturel parisien.

En 1761, ses collègues de l'Académie le chargèrent officiellement de “ l'accrochage ” des tableaux du Salon, où il exposait chaque année depuis 1737.

Cette mission honorifique lui permit de rencontrer le philosophe et encyclopédiste Diderot, qui dressera en tant que critique d'art un portrait lyrique et glorifiant de l'artiste, qualifié avec admiration de “ grand magicien ”.

Malgré le grand succès de sa carrière de peintre, Chardin eut une fin de vie difficile, assombrie par des drames personnels (le suicide de son fils en 1767) et professionnels.

Les goûts du public avaient changé et le peintre, dont la vue faiblissait, perdit les faveurs de l'Académie à l'arrivée du nouveau directeur qui diminua sa pension et le démit peu à peu de ses responsabilités. Presque aveugle, Chardin acheva sa vie dans l'obscurité et mourut dans l'indifférence générale en 1779.

Longtemps oubliée, son œuvre fut redécouverte au XIXe siècle par les historiens d'art qui le consacrèrent plus grand peintre de natures mortes du XVIIIe siècle. Si le XVIIIe siècle possède en nombre appréciable des peintres d'imagination, Chardin, lui, est le peintre de la réalité, à vrai dire le seul grand en France.

Celui qui se contente des objets les plus banaux, des plus humbles personnages, en les répétant sans cesse. Il n'eut pas besoin de chercher bien loin ses modèles.

Ces meubles, ces ustensiles, ces vases, tous ces attributs généralement assez vulgaires, ou peu luxueux, c'est dans son propre ménage qu'il les trouva, sauf à les emprunter à des amis, des confrères.

De même, c'est dans le quartier de Paris où ce fils de menuisier vit le jour et passa toute son existence, qu'il découvrit ces femmes, ces enfants auxquels il s'attacha ; ils appartiennent au peuple, tout au plus à la bourgeoisie, jamais à l'aristocratie.

Et voilà le “ réaliste ” Chardin promu au rang de peintre bourgeois.

Ces héros sans prétention, il n'eut que la peine de les regarder et surtout celle de les aimer.

Car c'est là que réside son secret : encore qu'éloigné de toute sentimentalité autant que de tout parti pris moralisateur, Chardin éprouva une réelle tendresse pour tout ce qu'il peignit, choses et gens.

Il mit non seulement tout son savoir, qui était grand, mais aussi tout son amour à les décrire.

Pour employer un terme fort à la mode, il “ s'engagea ” en les peignant.

Si objective soit-elle, dans sa discrétion et sa pudeur, son œuvre n'en est pas moins autobiographique, précisément par tout ce qu'il y mit de ses affinités, de ses préférences personnelles.

Sans le savoir et sans le vouloir, il s'y confesse tout entier, Français moyen, Parisien de naissance et d'élection, artisan probe, bon mari et bon père, homme d'intérieur, un peu borné peut-être, très simple, sans grande ambition, si ce n'est celle, combien méritoire, de faire consciencieusement, avec beaucoup d'application et de soin, son œuvre volontairement limitée.

Occupé tantôt à peindre dans son intérieur, tantôt à flâner dans les rues, il n'a cure que de ce qui frappe directement son regard.

C'est même cette incapacité, ou ce refus, de suppléer à la nature, qui étonna le plus ses contemporains, habitués à plus de fantaisie, à une mise en scène plus grandiose ou plus plaisante.

En effet, comme il lui était impossible d'improviser ou d'inventer, il fallait que Chardin eût constamment devant les yeux les choses ou les hommes qu'il se proposait, non point d'imiter, comme l'écrit Mariette, mais d'interpréter.

Et cependant, on lui fait tort en admettant que son art se limite à la reproduction platement naturaliste des personnages ou des objets choisis par lui.

Un artiste emploie souvent autant d'imagination à combiner sur un bout de toile une nature morte qui se tienne en équilibre, à évoquer à petite échelle une scène d'intérieur du plus judicieux effet, qu'à créer d'énormes tableaux historiques ou mythologiques.

Mais il y a plus : jamais Chardin, ce soi-disant réaliste, ne s'est borné, en fait, à rendre uniquement l'aspect extérieur de la vie.

Par l'émotion même, si paisible soit-elle, dont il enveloppe son univers, il recrée celui-ci.

Au réel, il ajoute, sciemment ou non, l'irréel, grâce à tout ce que son œuvre comporte de pénétration un peu mystérieuse, de sublime occulte.

Au demeurant, pour nous toucher, un artiste n'a pas besoin de recourir à l'imagination et à la pensée, à la mise en scène, aux sujets grandioses, aux effets puissamment décoratifs.

Et nous ne croyons plus à la hiérarchie des genres.

C'est en tant que peintre, par des moyens éminemment picturaux, par son langage plastique, que Chardin, lui aussi, fera surgir la nouveauté, jaillir la surprise. Aussi bien, ce que nous admirons le plus aujourd'hui chez le maître de natures mortes comme le Pain ou le Menu de gras ou le Menu de maigre, ou chez celui d'épisodes bourgeois comme la Pourvoyeuse ou le Bénédicité ou la Mère laborieuse, c'est avant tout sa technique.

Souvent même sommes-nous surpris d'éprouver une émotion aussi profonde devant une œuvre aussi modeste.

Voilà, certes, l'art le moins ambitieux qui soit, le plus discret, voire le plus effacé, et cependant il nous émeut autant qu'il nous charme.

Sentimentalement peut- être, mais surtout par ses qualités plastiques.

Tant est-il que nous avons retenu la leçon de Chardin : “ Pour être avant tout question de sentiment, la peinture n'en est pas moins affaire de technique ”. Jamais peintre n'a mieux dévoilé, par ses traits et ses couleurs, cette harmonie qui, dans l'univers des formes, ordonne les plans, équilibre les volumes, relie les lignes et enveloppe dans un même éclairage féerique les tons et les teintes, les ombres et les reflets.

Chaque fois que Chardin recrée les substances, il le fait avec tant de justesse que nous retrouvons leur conformation, leur densité, leur couleur.

Mais sa magie ne s'arrête pas à cette illusion.

Des parentés secrètes, des rapprochements subtils, des oppositions raffinées s'établissent entre le rose d'un corsage ou le gris bleuâtre d'une jupe et le rouge d'un chaudron, entre une nappe blanche, toute lisse, et la pelure grumeleuse. »

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