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Jankélévitch: Toute vérité est-elle bonne à dire ?

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Toute vérité n'est pas bonne à dire ; on ne répond pas à toutes les questions, du moins on ne dit pas n'importe quoi à n'importe qui il y a des vérités qu'il faut manier avec des précautions infinies, à travers toutes sortes d'euphémismes et d'astucieuses périphrases ; l'esprit ne se pose sur elles qu'en décrivant de grands cercles, comme un oiseau. Mais cela est encore peu dire : il y a un temps pour chaque vérité, une loi d'opportunité qui est au principe même de l'initiation ; avant il est trop tôt, après il est trop tard. Est-ce la vérité qui s'insère dans l'histoire ? ou la conscience qui se développe selon la durée ? La chose certaine est qu'il y a toute une déontologie du vrai qui repose sur la saisie irrationnelle de l'occasion opportune et, comme nous dirions volontiers, de la flagrante conjoncture. La véridicité ou diction de la vérité est un événement historique. Ce n'est pas tout de dire la vérité, « toute la vérité », n'importe quand, comme une brute : l'articulation de la vérité veut être graduée ; on l'administre comme un élixir puissant et qui peut être mortel, en augmentant la dose chaque jour, pour laisser à l'esprit le temps de s'habituer. La première fois, par exemple, on racontera une histoire ; plus tard on dévoilera le sens ésotérique de l'allégorie. C'est ainsi qu'il y a une histoire de saint Louis pour les enfants, une autre pour les adolescents et une troisième pour les chartistes ; à chaque âge sa version ; car la pensée, en mûrissant, va de la lettre à l'esprit et traverse successivement des plans de vérité de plus en plus ésotériques. Aux enfants le lait des enfants, aux adultes le pain substantiel des forts : c'est en ces termes que Paul s'adresse aux Corinthiens et aux Hébreux. Le cycle des études a, lui aussi, ses Petits et ses Grands Mystères [...] ; et l'on peut même dire que toute philosophie qui se propose la conduction des âmes vers l'essence cryptique - Platon avec sa dialectique, Pascal avec le renversement du pour au contre -, admet plusieurs degrés de vérité. Le voilà bien, le « pieux mensonge », celui qui est plus vrai que la vérité même.

« ankélévitch : Toute vérité n'est pas bonne à dire ; on ne répond pas à toutes les questions, du moins on ne dit pas n'importe quoi à n'importe qui il y a des vérités qu'il faut manier avec des précautions infinies, à travers toutes sortes d'euphémismes et d'astucieuses périphrases ; l'esprit ne se pose sur elles qu'en décrivant de grands cercles, comme un oiseau.

Mais cela est encore peu dire : il y a un temps pour chaque vérité, une loi d'opportunité qui est au principe même de l'initiation ; avant il est trop tôt, après il est trop tard.

Est-ce la vérité qui s'insère dans l'histoire ? ou la conscience qui se développe selon la durée ? La chose certaine est qu'il y a toute une déontologie du vrai qui repose sur la saisie irrationnelle de l'occasion opportune et, comme nous dirions volontiers, de la flagrante conjoncture. La véridicité ou diction de la vérité est un événement historique.

Ce n'est pas tout de dire la vérité, « toute la vérité », n'importe quand, comme une brute : l'articulation de la vérité veut être graduée ; on l'administre comme un élixir puissant et qui peut être mortel, en augmentant la dose chaque jour, pour laisser à l'esprit le temps de s'habituer. La première fois, par exemple, on racontera une histoire ; plus tard on dévoilera le sens ésotérique de l'allégorie.

C'est ainsi qu'il y a une histoire de saint Louis pour les enfants, une autre pour les adolescents et une troisième pour les chartistes ; à chaque âge sa version ; car la pensée, en mûrissant, va de la lettre à l'esprit et traverse successivement des plans de vérité de plus en plus ésotériques.

Aux enfants le lait des enfants, aux adultes le pain substantiel des forts : c'est en ces termes que Paul s'adresse aux Corinthiens et aux Hébreux.

Le cycle des études a, lui aussi, ses Petits et ses Grands Mystères [...] ; et l'on peut même dire que toute philosophie qui se propose la conduction des âmes vers l'essence cryptique - Platon avec sa dialectique, Pascal avec le renversement du pour au contre -, admet plusieurs degrés de vérité.

Le voilà bien, le « pieux mensonge », celui qui est plus vrai que la vérité même Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Y a-t-il des choses à ne pas dire ? 2 Pourquoi ne pas dire toute la vérité ? 3 Quand une vérité est-elle bonne à dire ? Réponses: 1 - Oui.

La vérité suppose des circonstances, des temps et des lieux spéciaux où elle pourrait être reçue. 2 - Soit parce qu'elle doit s'inscrire dans une réalité (historique, locale, personnelle) qui ne l'attend pas forcément ; soit parce qu'elle-même ne tombe pas du ciel, d'un seul coup, toute armée : elle se construit lentement. 3 - Cela dépend de choses difficilement prévisibles (l'occasion, la chance, le risque plus ou moins grand), mais aussi de règles générales : on n'apprend pas l'Histoire de la même façon à des enfants et à des étudiants.

Les philosophes distinguent plusieurs degrés de vérité, jusqu'à rendre parfois le mensonge préférable. ANALYSE ET PROBLEMATISATION DU TEXTE. § Ce texte, tiré de l’ouvrage L’Ironie ou la bonne conscience de Jankélévitch, met en lumière le problème de la vérité et des degrés de vérité.

En effet, si la vérité est nécessaire, il n’en reste pas moins dans ce texte que toute vérité ne semble pas bonne dire.

C’est donc le point de vue du récepteur de la vérité que prend ce texte au sens où chacun ne peut pas entendre une vérité de la même manière. § Il semblerait onc qu’il y ait des degrés de vérités correspondant aux degrés de maturité de l’esprit de l’homme, et c’est la thèse que semble soutenir Jankélévitch.

Il y aurait donc une corrélation entre histoire et vérité et plus précisément entre histoire et durée de la conscience et vérité. § Qui plus est, Jankélévitch semble par là critiquer les penseurs de la vérité qui mettent en lumière la nécessité de dire la vérité et de la connaître, tout en mettant en place des systèmes qi reconnaissent implicitement que la vérité ne peut se donner à tous les esprits de la même manière et selon le même degré. § Le problème qui se pose est alors le suivant : comment Jankélévitch parvient-il dans ce texte à mettre ne exergue l’idée selon laquelle la vérité nécessite d’être donnée selon des degrés, ces degrés n’étant pas inhérents à la vérité elle-même mais au sujet qui doit la recevoir, faisant de la nécessité de dire toute la vérité en bloc une absurdité et ouvrant ainsi sur une critique des penseurs de la vérité qui refusent le mensonge et l’illusion tout en acceptant de « pieux mensonges » ? PROPOSITION DE PLAN. I) « Toute vérité n’est pas bonne à dire ». § Le texte s’ouvre sur cette assertion selon laquelle toute vérité n’est pas bonne à dire.

Jankélévitch. »

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