Jan Oort
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Jan Oort
Jan Hendrick Oort est né à Franeker (Pays-Bas) d'une famille qui compta d'éminents universitaires.
Il fit de brillantes études à l'Université
de Groningen, suivies d'un stage de deux ans à l'Observatoire de l'Université Yale.
A son retour en Hollande, l'Université de Leyde, qui
sait choisir les hommes et dont le corps professoral a compté quelques-uns des plus grands noms de la science moderne, fit appel au
jeune savant dont les dons de chercheur s'étaient déjà manifestés.
Son ascension fut rapide et nous le trouvons, après la libération de
son pays et la réouverture de l'Université, directeur de l'Observatoire de Leyde et professeur ordinaire.
La plus grande partie de l'Oeuvre du professeur Oort se rapporte à la structure et à la dynamique de la Galaxie.
Depuis l'époque lointaine
où William Herschel en avait démontré l'existence en tant que système stellaire isolé, on en avait déterminé tant bien que mal, sinon les
dimensions, du moins leur ordre de grandeur, mais quant à sa structure et aux mouvements dont elle est le siège, on en était réduit aux
hypothèses, car il manquait aux chercheurs un fil d'Ariane pour les guider dans ce labyrinthe.
Il était réservé au professeur Oort de doter
ce chapitre de la science d'une méthode fondée uniquement sur l'observation, et d'en faire lui-même les plus belles applications.
Il est le
promoteur incontesté des études galactiques, non seulement parce qu'il a su, le premier, en former un corps de doctrine et frayer la voie
qui conduit au but, mais encore parce qu'il a toujours fait preuve d'une grande sûreté de jugement et de beaucoup de clairvoyance dans le
choix des problèmes à résoudre, et qu'il possédait le don inné d'interpréter et d'utiliser les résultats d e l'observation.
Un e x a m e n
superficiel de ses publications pourrait faire naître l'idée fausse qu'il a dispersé ses efforts, puisqu'il traite successivement des questions
les plus variées, allant de la détermination des constantes fondamentales de l'astronomie à l'analyse du rayonnement radio électrique de
la Voie Lactée ; mais en fait, il a concentré sur la Galaxie, objet principal de ses recherches, tous les moyens d'attaque dont il pouvait
disposer.
C'est ainsi qu'il étudia les étoiles à grande vitesse, les mouvements propres stellaires, les vitesses radiales, l'absorption de la
lumière par la matière interstellaire, les étoiles à pulsation, les novae, le potentiel galactique, les mouvements au voisinage du noyau
galactique et dans les bras de la spirale, la répartition de l'hydrogène neutre, etc.
Il n'est pas une branche de l'astronomie mathématique
ou physique dont il n'ait tiré parti, et c'est parce qu'il n'était pas un spécialiste au sens étroit du mot qu'il s'est révélé créateur et novateur.
A l'époque des premiers travaux d e Jan Oort, on possédait déjà d e nombreuses données numériques sur les distances et les
mouvements des étoiles, mais on avait à peine commencé à les exploiter.
Kapteyn et Van Rhijn qui lui avaient enseigné l'astronomie à
l'Université de Groningen lui proposèrent un travail sur les étoiles à grandes vitesses, récemment découvertes.
Il en saisit rapidement tout
l'intérêt, et son attention ne tarda pas à se fixer sur les lois d e la distribution des vitesses radiales qui furent l'objet d e sa première
grande découverte.
En effet, en 1927, Jan Oort confirmait d e façon décisive l'hypothèse d e Lindblad sur la rotation de la Galaxie, en
l'appuyant sur les faits d'observation les plus probants.
Les étoiles qui composent la Galaxie tournent autour du centre galactique comme
les planètes autour du soleil, leur vitesse angulaire étant u n e fonction décroissante d e la distance au centre, avec u n e loi un p e u
différente de celle qui correspond à la troisième loi de Kepler pour les planètes.
Cette variation se traduit, pour l'observateur terrestre, par
un effet différentiel que l'on peut mettre en évidence par l'étude des vitesses radiales, car, dans le cas d'étoiles dont la distance au soleil
est la même, ces vitesses varient statistiquement suivant une fonction sinusoïdale de la longitude galactique, avec une amplitude qui croît
avec la distance.
Telles sont les conclusions des célèbres mémoires publiés en 1927 par Jan Oort.
Est-il besoin d'ajouter que de tels résultats, publiés par un chercheur de 27 ans, eurent un grand retentissement et suscitèrent partout une
vive émulation ? Jan Oort lui-même étendit ses recherches, muni cette fois d'un précieux fil conducteur, puisqu'il possédait une relation
entre les vitesses radiales des étoiles et leurs distances, ce qui permettait d'étudier plus efficacement la répartition de la matière dans la
Galaxie.
Mais il n'est pas possible d'entrer ici plus avant dans le détail de ces études, car l'étonnante carrière du professeur Oort nous
réserve l'un de ces rebondissements dont sont seuls capables les esprits restés jeunes et qui ne s e sont pas faits les esclaves d'une
technique unique.
La radioastronomie est née pendant la dernière guerre, mais elle s'était développée en secret, et les astronomes n'en avaient guère
entendu parler, ceux des pays occupés moins encore que les autres.
U n jour du printemps d e l'année 1944, la Hollande n'étant pas
encore libérée, quelques astronomes étaient réunis autour du professeur Oort pour discuter les premières informations parvenues sur
cette nouvelle branche de l'astronomie.
Avec une prescience géniale, Jan Oort conclut la séance en ces termes : "S'il existe au moins une
raie d'émission dans le spectre radioélectrique, la radioastronomie peut avoir une importance vraiment considérable." La réponse à la
question posée devait lui être apportée l'année suivante par l'un des participants de ce petit colloque, Van de Hulst, lequel démontra par
la théorie l'existence d'une raie monochromatique de l'hydrogène neutre vers la longueur d'onde de 21 cm.
Cette raie est émise lorsque
le spin de l'électron passe de la position parallèle à la position 0 par rapport au spin du proton.
Dès lors, le professeur Oort ne songe plus
qu'aux moyens de capter cette radiation, et de détecter enfin l'hydrogène neutre, répandu dans les bras de la Galaxie, où il échappe
complètement aux méthodes de l'optique proprement dite.
Oort eut la satisfaction d'enregistrer la raie nouvelle en 1951, avec le concours
et le matériel de l'administration hollandaise des postes.
D'autres observateurs disposant de moyens très puissants l'avaient précédé de
trois mois, m a i s la suite devait faire éclater la supériorité d e l'esprit sur l'équipement.
En effet, au cours des a n n é e s suivantes, le
professeur Oort va déterminer la distance des nuages galactiques d'hydrogène neutre, en appliquant à leur vitesse radiale les lois de la
rotation différentielle connues grâce à lui depuis un quart de siècle, et la connaissance de ces distances lui permettra de tracer la carte des
bras spiralés de la Galaxie, en lui fournissant une valeur plus précise de la distance et des dimensions de son noyau.
Il est possible de
distinguer des nuages d'hydrogène échelonnés à d e s distances différentes, dans u n e m ê m e direction, parce qu'ils n'ont pas l a m ê m e
vitesse radiale et que l'effet Doppler déplace leurs raies d'émission de quantités différentes.
La largeur naturelle de la raie de l'hydrogène
neutre étant très faible, les raies émises par les différents nuages sont ainsi bien séparées.
La même méthode appliquée au ciel austral
par les observateurs australiens a permis d e compléter la carte établie à l'aide des données recueillies en Hollande par Oort et ses
collaborateurs à l'aide d'un radiotélescope de 25 m d'ouverture.
Ainsi se refermait le cercle d'un ensemble unique de travaux poursuivis avec une belle continuité et une exceptionnelle variété de moyens,
par un esprit resté aussi actif, aussi lucide, qu'au temps de ses premières recherches.
Aujourd'hui, grâce au professeur Oort et à tous ceux
qui sont ses disciples dans le monde, nous connaissons la Galaxie dans laquelle nous sommes plongés.
L'Oeuvre du professeur Oort, si remarquable par son unité et sa richesse, devait lui valoir l'admiration des savants du monde entier.
De
grandes universités, comme Copenhague, Glasgow ; Louvain, Oxford, l'ont fait docteur honoris causa, et les principales académies l'ont
élu correspondant ou associé étranger.
Avec la médaille d'or d e la Royal Astronomical Society d e Londres et la médaille Bruce de
l'Astronomical Society of the Pacific, il a reçu deux des plus hautes distinctions que puisse ambitionner un astronome.
Il fut longtemps
secrétaire général de l'Union Astronomique Internationale, qu'il présida de 1958 à 1961.
Il s'est éteint en 1992..
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