Introduction : Sait-on toujours son devoir ?
Publié le 31/12/2022
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DS 2 : Dissertation type bac
Entrainement
Sujet :
« Sait-on
devoir ? »
toujours
son
A/ Analyse préparatoire du sujet
1) Analyse des termes
a) Que signifie « savoir » ? A quoi « savoir » pourrait-il s’opposer ici ?
« savoir »= connaître, déterminer avec certitude, avoir une représentation adéquate de
son objet
Cela pourrait donc s’opposer à ignorer, (au sens où on ne sait pas), mais aussi à sentir
ou ressentir (et qui ne relèverait pas ici de l’activité de la raison)
b) « on » : qui est concerné par la question posée?
Il n’y a de devoir que pour l’homme, en tant qu’il un être à la fois raisonnable (à la
différence des choses et des animaux) et sensible (raison pour laquelle l’action morale
peut lui apparaître comme un impératif contraignant et non comme quelque chose qu’il
se porte de lui-même à accomplir).
Attention ici : on ne demande pas ici si tous les hommes font leur devoir, agissent
moralement (car de fait, il y a des crapules et des assassins) mais s’ils le connaissent
toujours avec certitude (quand bien même ils ne le feraient pas).
Donc, si on part du
principe que tout homme est doté de conscience morale, il faut réfléchir sur ce qui
pourrait rendre difficile , voire impossible, la détermination de ce qu’il doit faire.
c) Que signifie l’adverbe « toujours ? » ? A quoi « toujours » pourrait-il s’opposer ?
Toujours signifie sans exception, quelques soient les circonstances
Toujours pourrait donc s’opposer à parfois (dans certains cas) ou à jamais (dans aucun cas)
d) « Son » : l’adjectif possessif doit-il être entendu comme synonyme de ce qui ne concerne
que moi ?
L’adjectif possessif ici ne signifie pas que le devoir n’est que le mien, mais que l’on parle bien
de devoir moral, cad d’une obligation intérieure que la conscience éprouve sous une forme
impérative exigible de tous les hommes (parler de devoir au singulier, c’est donc se placer
au-delà de la multiplicité des obligations juridiques qui varient selon le temps et le lieu, et
réfléchir sur l’exigence morale que ma conscience rencontre nécessairement dans l’expérience
même de mon humanité)
e) « devoir » : le devoir est-il une nécessité ? une contrainte ? une obligation ? Vous
donnerez une définition précise du concept ici.
Faut-il, selon vous, étendre le sujet à nos
devoirs juridiques ?
Le devoir n’est pas une nécessité (ce qui ne peut pas être autrement) car il suppose la liberté
de désobéir (raison pour laquelle les animaux n’ont pas de devoirs, mais sont soumis à la
stricte nécessité naturelle) ; il n’est pas non plus une forme de contrainte extérieure qui
suppose l’usage de la force, parce qu’il est ce que le sujet s’impose à lui-même de faire, au
nom de la légitimité qu’il reconnaît à l’action à accomplir.
Le sujet ne requiert pas d’être entendu à nos devoirs juridiques : non seulement le singulier
renvoie à la dimension universelle du devoir moral, mais encore la question ne se pose pas
pour les devoirs de droit, puisqu’ils sont définis par la loi que nul n’est censé ignorer, et donc
objectivement déterminés ( il suffit de lire le code civil par exemple)
2°) analyse des présupposés et des enjeux
a) Le sujet présuppose-t-il que notre devoir est facile à connaître quelques soient les
circonstances (justifiez votre réponse) ?
Le sujet présuppose que notre devoir peut être incertain, donc que la détermination de ce
dernier peut être difficile voire impossible selon les circonstances, ou encore que ce sont elles
qui fragilisent la certitude morale (dilemme, embarras, etc)
Il présuppose encore que notre devoir pourrait ne pas être su non parce qu’il est incertain,
mais parce qu’il n’est pas un objet de savoir, de raisonnement, mais de sentiment (par
exemple chez Rousseau)
b) Pourquoi est-il important d’établir que notre devoir est toujours simple à déterminer ?
Ou à l’inverse, qu’il est incertain ? (justifiez chacune des hypothèses)
Si notre devoir est tjs simple à déterminer, il est facile de savoir quoi faire, il n’y a donc pas à
hésiter ou à discuter : on ne peut pas se réfugier derrière l’incertitude morale de l’action pour
ne pas l’accomplir.
La simplicité tend à nous faire penser que ce ne sont donc pas les
circonstances ou les conséquences de l’action qui définissent la valeur de l’action morale,
puisque des conditions particulières et variables tendent à multiplier les considérations
possibles et l’embarras à trancher.
A l’inverse, s’il était incertain, cela signifie que nous ne savons pas toujours ce que nous
devons faire en fonction même des situations qui se présentent et des conséquences à
anticiper, ou qu’il y a même conflits de devoirs, par exemple entre le devoir de dire la vérité
et celui de sauver la vie de quelqu’un qu’on pourrait protéger par le mensonge.
3° recherche du problème
a) Pourquoi saurait-on toujours ce qu’on doit faire ?
Parce que notre devoir est (plusieurs hypothèses à discuter)
- Issu de la loi divine, laquelle nous commande à travers les textes Révélés : il n’y
a donc pas à discuter, les commandements moraux sont aussi clairs que les
dogmes de la foi
- Issu de l’intériorisation des institutions sociales, qui ne peuvent jamais nous être
étrangères puisque l’homme est un être social
- Issu de la raison, laquelle nous commande d’agir au nom même de la loi morale
qu’elle est capable d’instituer : or la forme de la loi étant par def l’universel, la
raison ne me commande rien d’autre que de ne rien faire qui la rende
impossible, je dois me demander si je peux vouloir universaliser la maxime de
mon action sans contradiction, cad en faire une loi exigible de tous les hommes.
Elle ne dépend donc pas des circonstances variables de l’action ou des
conséquences partiellement prévisibles, mais de l’intention pure de la volonté,
étrangère à toute autre considération sensible : quand bien même j’hésiterais à
suivre mon désir plutôt mon devoir, la voix du devoir est toujours claire.
Donc, il
ne faut pas confondre le contenu du devoir (toujours clair puisqu’inconditionné)
et la difficulté de l’accomplir (sur ce point je peux hésiter non pas sur ce que je
dois faire mais à faire ce que je dois en sacrifiant mes intérêts sensibles.)
b) Pourquoi ne le saurait-on que parfois?
- Parce qu’il n’y a pas de fondement absolu du devoir, nos devoirs sont toujours
relatifs à l’examen d’une situation complexe : en témoigne d’ailleurs la difficulté
de concilier les morales religieuses et la modernité de pratiques qu’elles ne
pouvaient pas anticiper.
- Parce que l’obéissance à la loi sociale ne nous dispense pas de questionner, dans
certains cas, la moralité d’une situation et des institutions : l’approche
sociologique du devoir ne permet pas de comprendre comment la conscience
morale peut ne pas se contenter de suivre les exigences du groupe.
- Parce que notre devoir rencontre la réalité des faits, que la morale de Kant tente
d’évacuer : or, ce sont les faits eux-mêmes, les circonstances où j’ai à choisir et
à agir, qui rendent la décision difficile.
C’est pourquoi il faut réintroduire le calcul des conséquences comme le fait
l’utilitarisme de Bentham pour tenter de trouver une forme de certitude morale,
-
bien qu’elle soit toujours compliquée à obtenir dans l’anticipation des effets pour
le plus grand nombre.
Parce que certains dilemmes montrent qu’il existe des conflits de devoirs
insolubles pour la morale déontologique de Kant comme pour la morale
conséquentialiste d’un Bentham (le dilemme du tramway de P.FOOT) ; dans le
cas même du devoir de véracité, Constant dans sa polémique avec Kant rappelle
qu’il faut adapter le principe aux circonstances (nul n’a droit à la vérité quand il
s’en sert pour nuire)
c) Pourquoi l’ignorerait-on toujours, dans tous les cas?
Parce qu’il n’y a jamais aucune certitude morale= le bien et le mal en soi n’existent
pas, on ne peut donc que choisir sans pouvoir se fonder sur des valeurs qui
préexisteraient à ma liberté : ce sont mes choix qui dessinent une image de
l’humanité, non pas comme des objets d’un savoir, mais comme la forme même
que prend l’engagement de la conscience dans le monde qui les vit en se projetant
vers ses possibles (Sartre)
Parce qu’il y aurait une certitude morale, mais qui n’est pas l’objet d’un savoir au
sens d’une connaissance raisonnée (« conscience, instinct divin ») Rousseau
Parce que l’origine des valeurs morales est une mystification qui s’ignore ellemême : sous les catégories morales, c’est le ressentiment des esclaves qui s’est imposé et
retourné contre les maîtres, les forts, les êtres actifs et en pleine santé c’est la négation de la
vie et de la volonté de puissance qui a triomphé (Nietzsche)
4° recherche des références précises
On sait toujours ce que l’on doit faire (thèse)
Références du cours (justifiez votre choix) :
La morale religieuse et le Décalogue : le croyant sait toujours ce qu’il doit faire, ses devoirs
sont inscrits dans les textes sacrés
Durkheim, l’Education morale : « quand notre conscience....
»
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