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Individualisme, égocentrisme et egoïsme

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« Introduction.

— L'homme est un être social.

Mais dans la société de ses semblables, c'est encore son intérêt personnel qui bien souvent détermine paroles et conduite.

Trois mots désignent ce comportement : individualisme, égocentrisme, égoïsme.

Mais il s'en faut, nous allons le voir, qu'ils soient synonymes. I.

— INDIVIDUALISME Le mot le dit, l'individualiste est centré sur l'individu.

Mais cet individu peut être l'homme en général aussi bien que lui-même.

De là deux sortes d'individualisme : Comme doctrine philosophico-politïque, l'individualisme place la valeur suprême, non pas dans l'Etat ou dans la société, mais dans l'individu.

Cet individualisme s'oppose au socialisme ou plutôt à l'étatisme. Comme attitude pratique, l'individualisme consiste à organiser son existence sans tenir compte des autres. L'individualiste évite tout ce que peut réduire la liberté de ses mouvements : équipe de travail, associations amicales, parti politique... II.

— ÉGOCENTRISME Comme l'individualiste pratique dont nous venons de parler, l'égocentriste est centré sur l'individu, mais sur l'individu qu'il est lui-même. Toutefois, l'égocentrisme a un caractère plus intellectuel : il consiste à voir toutes choses et à en juger de son point de vue à soi.

Il se remarque surtout chez l'enfant qui, par suite de sa faible capacité d'abstraction, ne peut pas se mettre par la pensée à la place des autres. Cette incapacité d'ordre intellectuel a bien des conséquences morales : l'égocentriste est tout naturellement amené à ne chercher que son propre plaisir et même à faire souffrir les autres, ne se rendant pas compte de la peine qu'il cause.

S'il s'en rendait compte, il serait égoïste. III.

— ÉGOÏSME C'est un égocentrisme, mais de caractère moral.

Pour désigner son contraire d'un nom dépourvu de la nuance chrétienne de « charité » et qui soit verbalement son corrélatif exact, Stuart Mill créa le mot « altruisme » : l'altruiste met son idéal dans le dévouement à autrui ; l'égoïste ne tient compte que de soi, il est fermé aux autres. Cette fermeture comporte bien une composante intellectuelle : l'égoïste se rend mal compte de ce que les autres souffrent ou souffriront par sa faute. Mais elle est essentiellement affective : l'égoïste n'aime que soi, et c'est par défaut de tout autre attachement qu'il ne voit pas les désirs et les peines d'autrui.

Il est totalement dépourvu des yeux du coeur qui nous charment tant dans les âmes délicates. Conclusion.

— L'examen de ces trois mots désignant des attitudes analogues nous ont amené à relever une fois de plus l'interdépendance de l'esprit et du coeur.

C'est le coeur, la sympathie à l'égard des autres qui nous sauvent de l'égoïsme.

Mais la naissance de cette sympathie est conditionnée par la découverte de l'autre dans sa réalité vécue. Ou plutôt connaissance et sympathie se conditionnent mutuellement.

L'égoïsme résulte d'une grave carence de l'une et de l'autre.. »

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