Imagination, avenir et utopie ?
Extrait du document
«
Vocabulaire:
AVENIR: Le temps à venir, le futur, cette partie du temps qui n'est pas encore.
UTOPIE (n.
f., étym.
: néologisme formé par Th.
MORE à l'aide du grec ou [non] et topos [lieu] pour désigner la cité
imaginaire qu'il décrit ; d'où, par ext.) Description d'une société ou d'un avenir meilleur considéré comme irréalisable,
chimérique ; par ext., l'adj.
utopique a souvent le sens d'irréalisable.
IMAGE - IMAGINATION - IMAGINAIRE
L'image est, en psychologie, une représentation mentale d'objets non présents.
L'imagination est, dans la psychologie
classique, une activité de l'esprit qui fabrique des combinaisons nouvelles d'images.
Pour Sartre (qui nie comme Alain la
réalité de l'image mentale, reflet passif du réel) l'imagination, ou fonction imageante, n'est qu'une manière de viser un
objet réel : le viser, l'« intentionner » comme n'étant pas là.
Est dit imaginaire, tout produit de l'imagination, en tant qu'il se
distingue du réel.
L'esprit humain est doué de diverses facultés, l'intuition sensible, l'entendement et l'imagination : celle-ci
permet aux hommes de se représenter mentalement des objets non présents, autrement dit de les imaginer.
Elle joue
également un rôle essentiel dans l'invention, c'est-à-dire dans la production de fictions.
Mais quelle est la puissance
créatrice de l'imagination ? Il semble que l'imagination est limitée aux objets que nous avons antérieurement perçus.
Sans être encore du réel, l'avenir est déjà du possible: nous ne pouvons donc pas imaginer absolument à notre
fantaisie.
Il est même à remarquer que notre représentation de l'avenir, notre idéal de vie et de bonheur empruntent
généralement beaucoup à notre expérience présente ou passée où nous appelons de nos voeux, par simple contraste
avec ce qui nous déplaît dans le présent.
Bien entendu, l'imagination est ici thématisée par le caractère propre et l'état
affectif du sujet: l'optimiste ne voit dans l'avenir que succès et événements heureux; le pessimiste que déboires et
catastrophes; l'ambitieux se voit arrivé au sommet de la gloire; le médiocre (ou le sage?) se contente de rêves plus
modestes.
La représentation de l'avenir peut être parfois utopique, c'est-à-dire qu'elle semble s'affranchir de toutes les
conditions de possibilité, perdre tout contact avec le réel.
Il n'en est rien cependant et il s'en faut que l'utopie soit toujours
une évasion sans courage dans un idéal séparé de sa relation avec la réalité.
Son rôle est d'enseigner le sens de nos liens
avec le monde futur et elle contribue efficacement à augmenter le dynamisme humain en projetant dans l'avenir et
donnant pour réalisées les aspirations vers un monde meilleur.
Certes, les utopies ne sont pas toujours des anticipations.
Leur auteur les situe souvent dans une région de
l'espace fictive ou inaccessible, voire dans le passé: il arrive que les utopistes soient "en deçà de leur époque"; il y a même
des utopies de régression, comme ces utopies de nos jours qui supposent abolis le machinisme, le progrès technique et
scientifique.
Mais, même lorsqu'il n'a pas de "prétention prophétique", l'utopiste joue un rôle utile en nous invitant à nous représenter
"autre chose que ce qui est", à nous libérer du présent.
En ce sens, on peut définir le mode utopique comme un acte essentiellement spéculatif, comme un exercice mental
sur les possibles qui n'est pas sans analogie, en tant qu'expérience mentale, avec l'hypothèse scientifique et qui met sur
le chemin de l'invention.
« L'Utopie, ou le Traité de la meilleure forme de gouvernement.
» Thomas More, titre complet de L'Utopie, 1516.
« La cité qu'il faut placer au premier rang, la cité dont la constitution et les lois sont les meilleures, est celle où régnera
le plus complètement possible dans la vie sociale sous toutes ses formes l'antique maxime d'après laquelle tout doit être
réellement commun entre amis.
» Platon, Les Lois, ive s.
av.
J.-C.
« Si par communisme [...] on entend une société d'où serait absente toute résistance, toute épaisseur, toute opacité; [...]
où les désirs de tous s'accorderaient spontanément [...], il faut dire clairement que c'est là une rêverie incohérente, un
état irréel et irréalisable dont la représentation doit être éliminée.
» Cornélius Castoriadis, L'Institution imaginaire de la
société, 1975.
« Deux amours ont bâti deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu fit la cité terrestre; l'amour de Dieu jusqu'au
mépris de soi fit la cité céleste.
» Saint Augustin, La Cité de Dieu, 413-424.
« Il y a si loin de la manière dont on vit à celle dont on devrait vivre, que celui qui tient pour réel et pour vrai ce qui devrait
l'être sans doute, mais qui malheureusement ne l'est pas, court à une ruine inévitable.
» Machiavel, Le Prince, 1532
(posth.)
Les philosophes « ne conçoivent point les hommes tels qu'ils sont, mais tels qu'eux-mêmes voudraient qu'ils fussent.
De là
cette conséquence que la plupart [...] n'ont jamais eu en politique de vues qui puissent être mises en pratique.
» Spinoza,
Traité politique, 1677..
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