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Il y a-t-il de l' inconnaissable en nous?

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« Introduction Le connaissable désigne ce qui peut être saisi par la conscience de l'homme.

Dès lors son contraire, l'inconnaissable, présente l'idée qu'il existe des choses que l'homme ne peut espérer comprendre ou savoir.

Aussi, pour supposer qu'une chose soit inconnaissable, il faut déjà au préalable avoir eu une idée, aussi faible soit-elle, de cette chose.

Car comment parler de l'inconnaissable s'il nous est vraiment inconnu ? On peut alors s'appuyer sur la distinction kantienne entre penser et connaître, distinction qui éclaire l'idée que l'inconnaissable pour un entendement humain, peut toujours être pensé.

L'idée de Dieu par exemple en est la preuve.

D'autre part, comment l'homme réagit-il à l'ignorance fondamentale qui l'habite ? I.

Le savoir du non savoir. a.

La philosophie est véritablement née à travers la figure de Socrate.

Celui-ci tentait, par la puissance du dialogue, d'exhorter ses interlocuteurs à se connaître eux-mêmes.

Il procédait ainsi par le moyen de la « maïeutique », moyen permettant « d'accoucher les esprits ».

Socrate alors déstabilisait chacun dans ses certitudes profondes.

Il permettait à l'autre de retrouver en lui ce qu'il avait déjà, et ainsi de connaître véritablement les raisons de ses actes.

Mais il apparaissait cependant que certaines choses ne pouvaient être révélées à la connaissance humaine.

Ainsi l'essence de la justice, capable de produire chez l'homme des actions justes, semble être difficilement atteignable.

Il faut savoir discerner ce qu'on sait de ce qu'on ne sait pas, selon Socrate, et s'appliquer autant qu'on peut à cette inscription de Delphes : « Connais-toi toi-même ».

Et Socrate dira ainsi que l'attitude du sage consiste « à savoir ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas » (Platon, Charmide, 164d167a). b.

C'est dans sa Critique de la raison pure que Kant répondra aux prétentions de ceux qui pensent connaître le divin par leur faculté d'être fini.

Il y a bien pour Kant une chose en soi qui agit en l'homme et qui lui permet d'agir conformément à la raison, au devoir moral qui est universel et inconditionnel.

C'est dans sa Critique de la raison pratique qu'il considère qu'il y a en l'homme un pouvoir capable de légiférer concernant les actions morales.

Mais ce qui est à la source de cette raison pratique en tout être humain est inconnaissable.

Elle ne peut qu'être pensée puisqu'elle dépasse les conditions humaines du savoir.

Par conséquent le connaissable se limite au pouvoir de l'entendement.

Et l'homme ne peut que penser (et non connaître) cette chose en soi qui le détermine dans le savoir comme dans l'action. II.

la difficulté de la connaissance de soi a.

Montaigne montre dans ses Essais que vouloir saisir l'être, c'est comme vouloir empoigner de l'eau.

La raison n'est pas un honorable refuge, d'où une déconstruction de l'homme et de ses prétendues facultés, c'est ce qu'appelle Montaigne « la vanité et dénéantise de l'homme ».

Il y a une vacuité ontologique de l'homme, alors que ce dernier croit le plus souvent fermement à sa raison, ou à son être.

Avec Montaigne on peut douter sur tout, sauf sur la vanité de l'homme.

Ainsi le stoïcien est vaniteux puisqu'il pense être maître de lui-même.

Le doute exclut qu'on ne fasse jamais sienne une certaine présentation du moi, et c'est toute la présentation des Essais : « Je ne peins pas l'être, je peins le passage » (III, 2).

Ainsi il n'y a pas avec Montaigne de résultat, que ce soit l'ataraxie sceptique, ou une certitude inébranlable ; de fait, pour cet humaniste, la vie humaine n'a pas de but, mais seulement « un bout » (Essai, III, 12).

Ainsi le titre de cette œuvre montre bien que l'homme est un essai permanent, qu'il a toujours en lui de l'inconnaissable, et qu'il se révèle à chaque fois différent. b.

Le fondateur de la psychanalyse, S.

Freud, montrera que « le moi n'est pas maître dans sa propre demeure ». En effet, le « moi » n'est qu'un épiphénomène (un phénomène de surface) qui exprime l'existence de quelque chose de plus enfoui dans le complexe psychique.

Et ce quelque chose, c'est l'inconscient.

L'inconscient a de l'influence sur la conscience.

Cette dernière croit être à la source de ses pensées, alors qu'en fait les causes de nos pensées proviennent de notre inconscient.

L'inconscient est une sorte de lieu en l'homme où viennent se loger des représentations que la conscience ne peut accepter.

Car la conscience se doit d'être en accord avec la réalité morale, et non d'affirmer ce qui est interdit en société.

Ce processus de « refoulement » (conserver hors de la conscience certaines choses) est naturel pour Freud, et permet aux hommes de vivre socialement, et non sous l'ordre des pulsions.

La conscience (théorique et pratique) est toujours relativement commandée par ce côté sombre du psychique, et c'est pour cela qu'on peut tout aussi légitimement dire avec M.

Foucault que « ça pense en moi ».. »

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