"Il n'y a point d'âme si faible, qu'elle ne puisse étant bien conduite acquérir un pouvoir absolu sur ses passions." (Descartes). Qu'en pensez-vous ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
FAIBLE: (adj.) 1.
— En gén.
l'opposition fort/faible sert à désigner une différence de degré dans la qualité ou la détermination :
raisonnement faible (c.-à-d.
peu concluant) ; en psychol.
de la forme, forme faible (c.-à-d.
peu structurée, opposée à prégnante) ; au
sens vulg., une théorie faible est une théorie peu convaincante.
2.
— Pour NIETZSCHE, l'opposition fort/faible désigne une opposition
fondamentale entre deux types d'homme (les maîtres et les esclaves), entre deux qualités d'être (l'action et la réaction) : morale des
faibles, SYN.
de morale du ressentiment.
POUVOIR:
Du latin populaire potere, réfection du latin classique posse, «être capable de ».
1° Verbe : avoir la possibilité, la faculté de.
2° Avoir le droit, l'autorisation de.
3° Nom : puissance, aptitude à agir.
4° En politique,
ressource qui permet à quelqu'un d'imposer sa volonté à un autre, autorité.
5° Employé seul (le pouvoir), les institutions exerçant
l'autorité politique, le gouvernement de l'État.
PASSION:
* Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.
Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que le corps fait subir à
l'âme.
Son origine n'est pas rationnelle ni volontaire.
* Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse).
ABSOLU:
1) Étymologiquement: détaché, indépendant, sans lien; absolu s'oppose à relatif.
2) Adjectif: achevé, total, qui ne comporte ni restriction, ni réserve.
3) Nom: l'absolu désigne la chose en soi (ou noumène), telle qu'elle est en elle-même, indépendamment de la représentation que nous
pouvons en avoir.
4) Qui ne peut être transgressé (une loi, un principe absolus).
Les passions sont bonnes à condition de s'en rendre maître
Descartes trouve les passions presque toutes bonnes, et tellement utiles à cette vie que « notre
âme n'aurait pas sujet de vouloir demeurer jointe à son corps un seul moment, si elle ne pouvait
les ressentir » (Lettre à Chanut du 1er Novembre 1646).
A condition toutefois que l'âme s'en rende
maître.
Or les âmes les plus faibles, n'ayant pas une volonté éclairée par des « jugements fermes
et déterminés touchant la connaissance du bien et du mal », se laissent emporter aux passions
présentes, lesquelles « étant souvent contraires les unes aux autres », mettent l'âme « au plus
déplorable état qu'elle puisse être ».
Descartes donne à «passion » son sens étymologique : ce qui est subi par ».
Les passions sont des
affections de l'âme causées par le corps.
Toutes les passions ont leur point de départ dans les
objets qui « meuvent les sens ».
Partant de là, Descartes distingue six passions fondamentales :
l'admiration, l'amour, la haine, le désir, la joie, la tristesse.
On remarquera que par « passions »,
Descartes entend, en fait, ce qui relève de l'affectivité (sentiments).
Mais, Descartes l'affirme : « Il n'y a point d'âme si faible, qu'elle ne puisse étant bien conduite
acquérir un pouvoir absolu sur ses passions ».
Comment? En corrigeant, selon les cas, une
association désagréable par une association agréable, ou une association agréable par une
association désagréable.
Exemple : si, en présence d'un danger, je suis toujours envahi par un
sentiment de peur et si je prends la fuite, je peux, grâce à l'habitude, associer à la fuite la
représentation de la lâcheté ou de la honte.
Mon âme fortement imprimée par cette représentation
me disposera à affronter le danger avec courage.
L'âme n'est donc pas impuissante.
Elle peut réagir et opposer aux passions qui sont nuisibles une pensée ou une volonté contraires.
Pour les maîtriser, il faut comprendre en quoi les passions sont utiles
Il faut, lorsque c'est possible, corriger les passions par la raison.
Pour cela, il faut comprendre en quoi elles sont utiles.
Elles incitent
d'abord l'âme « à consentir et contribuer aux actions qui peuvent servir à conserver le corps ou à le rendre en quelque façon plus
parfait ».
C'est ainsi que généralement la douleur nous avertit de ce qui est nuisible au corps et le plaisir de ce qui est utile au corps.
Mais surtout, « elles fortifient et font durer en l'âme des pensées, lesquelles il est bon qu'elle conserve, et qui pourraient facilement
sans cela en être effacées » (art.
74).
Ainsi, par exemple, l'admiration « fait que nous apprenons et retenons en notre mémoire les
choses que nous avons auparavant ignorées; car nous n'admirons que ce qui nous paraît rare et extraordinaire...
» (art.
75).
La générosité est le plus efficace remède contre les passions
Mais, le plus efficace « remède contre tous les dérèglements des passions » (art.156), c'est la générosité.
Le généreux, dit Descartes, «
ne manquera jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu'il jugera être les meilleures.
Ce qui est suivre
parfaitement la vertu.
»
Ne pouvant agir de front contre les passions, la volonté peut le faire indirectement, par une sorte de ruse.
Prenons un exemple.
Comment vaincre la peur ? Non pas simplement en me disant qu'il ne faut pas avoir peur, mais en liant, par l'habitude, à mes
mouvements spontanés l'idée de tout ce que la fuite a d'inefficace, ou de honteux.
Ainsi, ma fuite sera empêchée.
Le plus que la volonté puisse faire, en cas de passion violente, n'est donc pas de s'empêcher de la ressentir, mais de ne pas consentir à
ses effets.
Les exhortations sont inutiles, c'est la connaissance du mécanisme passionnel qui permet de se dresser soi-même.
Mais alors que les faibles tentent de faire jouer les passions les unes contre les autres, sans trouver de vraie stabilité, les âmes fortes
opposent à toutes les passions la générosité*, qui est la passion – spirituelle – de la liberté..
»
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