Il n'y a donc point de liberté sans lois ?
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Introduction
- La liberté, c'est l'indépendance par rapport à ce qui nous détermine, ou plus précisément par rapport à ce qui nous
détermine de l'extérieur.
- Or, dans sa vie quotidienne, ce qui détermine l'individu, en tant que citoyen ou même en tant qu'individu social ou
moral, ce sont les lois, qui ont pour fonction de normer l'action humaine.
- Ainsi, la loi, loin d'étouffer la liberté individuelle, semble au contraire en constituer le ressort essentiel.
- La liberté est-elle donc possible sans lois préalables ? Une vie sans lois est-elle même une vie proprement humaine,
c'est-à-dire une vie libre ? Ou bien une vie libre sans lois est-elle possible, dont la déchéance même aurait conduit à
retrouver cette même liberté mais à partir, désormais, d'une nouvelle forme de légalité ?
I.
La liberté sans lois constitue un leurre (Leibniz).
- Selon Descartes, il est possible d'éprouver l'absoluité de notre liberté en faisant un choix inverse à celui pour
lequel l'entendement inclinerait naturellement.
Cela prouve que la volonté est absolue, puisqu'elle est détachée de la
détermination de l'entendement, même si Descartes déplore cette forme inférieure de liberté.
- Or, pour Leibniz, cette absoluité constitue un leurre, en ce que rien ne peut être sans avoir une raison pour être
ce qu'il est : aucun être ne peut faire l'économie du principe fondamentale de raison suffisante.
En ce sens, pour
que la liberté choisisse de s'exprimer en s'opposant à la détermination de l'entendement, il faut qu'elle ait une raison
de le faire : cette raison, c'est précisément d'exprimer l'absoluité de son être.
En ce sens, la liberté,
métaphysiquement parlant, n'est rien sans une raison, c'est-à-dire sans une loi qui la prédétermine.
II.
Une vie sans lois ne saurait constituer une vie libre, car elle serait
une vie d'oppression et de qui-vive permanent, non propice à
l'épanouissement individuel (Hobbes).
- L'état naturel est caractérisé par un état de guerre perpétuel : "Homo
homini lupus", l'homme est un loup pour l'homme.
Dans cet état, c'est la loi du
plus fort qui règne entre les hommes, et de ce fait chaque individu se trouve
sur le qui-vive, personne n'est jamais tranquille.
Cet état d'instabilité
permanente dessert les intérêts concrets des individus, qui vont décider
d'abandonner le droit du plus fort, par simple calcul pragmatique.
Hobbes veut être le Galilée de la science politique, par l'application des
principes de la physique à la société.
Il ne considère que les forces en
présence, portées par les individus.
L'état de nature – fiction théorique et
non description historique – représente l'état des forces individuelles en
l'absence de tout pouvoir politique.
Dans cet état, chaque individu poursuit sa conservation, poussé par trois
passions fondamentales : la peur de la mort violente, la soif de pouvoir et la
défiance à l'égard d'autrui (possible agresseur).
Pour assurer sa sécurité,
chacun dispose d'un droit illimité sur toutes choses et tout homme.
C'est le
droit de nature.
Tout est permis, jusqu'au meurtre.
L'état de nature, c'est la guerre.
Mais tous y sont égaux, car la force est
instable : celui qui domine aujourd'hui peut être surpassé demain par une alliance ou par une ruse.
Rien n'est sûr, la
crainte est générale.
- Après réflexion, l'homme de la nature décide de fonder un pacte social, dans lequel il abandonne toute possibilité
de recourir à la violence.
Chaque individu abandonne sa propre "liberté" en faveur d'une tierce puissance, l'Etat
absolu, auquel tous devront se soumettre.
L'individu gagne ainsi une forme d'égalité sociale, par la commune
soumission de tous les membres à l'Etat absolu, ce qui lui permet de servir au mieux ses intérêts personnels.
Obéir
aux lois de la cité, dans cette perspective, revient à accéder à une forme réelle de liberté, entendue comme
possibilité de subvenir à ses besoins de façon stable et assurée, par la commune égalité de tous les citoyens.
III.
Seul l'homme dans l'état de nature peut vivre libre sans lois, mais cela n'est plus possible dans l'état
social (Rousseau).
- Pour Rousseau, l'homme de la nature est libre et égal aux autres hommes dispersés dans la nature, car tout est à
tous, et il n'y a aucune relation, ni d'appropriation, ni de hiérarchisation entre les hommes.
A l'occasion du pacte
social, les individus s'aliènent entre eux leur liberté propre, ce qui les constitue comme égaux entre eux, cette
égalité constituant le fondement du droit.
- A la différence de Hobbes, Rousseau pense que les lois de la cité doivent être l'expression directe de la Volonté
générale, et non celle d'un Monarque absolu dont les décisions peuvent être arbitraires.
La Volonté générale.
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