Husserl et la phénoménologie
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Husserl et la phénoménologie
Husserl naquit à Prossnitz (Autriche-Hongrie) en 1859 dans une famille d'origine juive.
Il étudia aux universités de
Leipzig, Berlin, Vienne, principalement les mathématiques et la philosophie.
En 1883-4, à Vienne, il suit les cours du
philosophe et psychologue Fr.
Brentano, qui exerça une influence importante sur la direction de sa pensée et avec
lequel il se lia d'ailleurs d'amitié.
A vingt-sept ans, il se convertit à la foi chrétienne (luthérienne évangélique) et l'année suivante épousa une
institutrice, d'origine juive, elle aussi convertie à la même église, et dont il eut trois enfants.
Il poursuit une carrière
universitaire que consacre en 1919 un titre de doctor juris honoris causa de l'université de Bonn.
En 1928, à
soixante-neuf ans, il est professeur honoraire de l'université de Berlin.
Heidegger lui succède à ce poste sur
proposition d'Husserl lui-même.
En 1933, il est une première fois rayé de la liste des professeurs de l'université, à
cause de son origine juive.
Cette «radiation raciale » — encore plus abominable en son principe que les radiations ou
persécutions, de tous temps, pour motif religieux ou d'hétérodoxie — sera en un premier temps reportée — un de
ses fils étant mort au « champ d'honneur» au cours de la 1re Guerre Mondiale — puis confirmée en 1936.
Il meurt deux ans plus tard presque octogénaire.
Il est extrêmement périlleux d'essayer en quelques lignes de présenter la pensée de Husserl, d'autant plus qu'elle
n'est pas à proprement parler un système achevé.
En plus, il y en a non seulement plusieurs lectures possibles, mais
encore, il semble bien qu'il existe aussi plusieurs Husserl — c'est ce qui explique les filiations différentes :
phénoménologue et/ou spéculatif.
Un Husserl qui «reprend» la pensée grecque dans sa visée de l'Etre (et qui essaye
donc de fonder la phénoménologie), et le même (ou un autre) qui se « contente » d'en faire, mais qui, en tout cas
dans sa visée historique, est non seulement équivoque mais encore moins significatif culturellement que
l'hégélianisme et le marxisme.
La conscience de ou intentionnalité
On peut sans doute faire débuter la réflexion phénoménologique de Husserl à partir de cette formule dont il est
redevable à Brentano, dont il fut l'élève :
Toute conscience est conscience de quelque chose.
Tout état de conscience en général est, en lui-même,
conscience de quelque chose, quoi qu'il en soit de l'existence réelle de cet objet et quelque abstention que je fasse,
dans l'attitude transcendantale qui est mienne, de la position de cette existence et de tous les actes de l'attitude
naturelle
C'est ce que Husserl appelle aussi l'intentionnalité, car au fond il n'y a pas de «je pense » qui ne soit en même
temps je pense un quelque chose, c'est-à-dire un objet pensé, un cogitatum.
Le mot intentionnalité ne signifie rien d'autre que cette particularité foncière et générale qu'a la conscience d'être
conscience de quelque chose, de porter, en sa qualité de cogito, son cogitatum en elle-même.
Et s'il n'y a de conscience que de conscience de quelque chose, de même il n'y a d'objet que pour une conscience,
non pas que ma conscience crée l'objet en le visant (intentionnalité, conscience de), mais parce que cet objet n'a
de sens que le sens que je lui donne en le pensant.
Les réductions
La réduction eidétique ou les essences
Mais ce sens que je donne à l'objet en le pensant ne saurait être le sens sceptique d'un moi empirique, c'est-à-dire
une impression subjective, «psychologique» au sens du psychologisme.
C'est en faisant varier tous les aspects du « comment c'est» de l'objet, comme en en supprimant tous les aspects
psychologiques et accidentels, que je parviens à retenir du phénomène (ce qui est là où c'est) son essence
universelle (eidos : grec : forme ou essence ; d'où eidétique).
Tout se passe donc comme si je déshabillais le
phénomène de ses accidents, en même temps que ma pensée de sa gangue psychologique, pour réduire le donné
concret qui m'apparaît (phénomène) à son essence.
De là découle toute une ontologie formelle.
La réduction phénoménologique ou suspension du jugement (épochè)
Le sujet méditant sur l'objet suspend son jugement quant à toute croyance naïve à l'égard de ce monde :
Quand je procède ainsi, je ne nie donc pas ce « monde » comme si j'étais sophiste; je ne mets pas en doute son
existence comme si j'étais sceptique; mais j'opère l'épochè « phénoménologique » qui m'interdit absolument tout
jugement sur l'existence spatio-temporelle.
La réduction transcendantale ou le moi pur (sujet transcendantal)
Non seulement le monde est mis entre parenthèses mais également le moi empirique du sujet — moi biologique et moi
psychologique (subjectif) — et la conscience d'autrui (alter ego).
Par cette réduction dernière est recherchée.
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