Husserl: De simples sciences de faits forment une simple humanité de fait...
Extrait du document
«
De simples sciences de faits forment une simple humanité de fait...
Dans la
détresse de notre vie...
cette science n'a rien à nous dire.
Les questions
qu'elle exclut par principe sont précisément les questions qui sont les plus
brûlantes à notre époque malheureuse pour une humanité abandonnée aux
bouleversements du destin : ce sont les questions qui portent sur le sens ou
l'absence de sens de toute cette existence humaine...
Ces questions
atteignent finalement l'homme en tant que dans son comportement à l'égard
de son environnement humain et extra-humain il se décide librement, en tant
qu'il est libre...
de donner à soi-même et de donner au monde ambiant une
forme de raison.
Or, sur la raison et la non-raison, sur nous-mêmes les
hommes en tant que sujets de cette liberté, qu'est-ce donc que la science a
à nous dire ? La simple science des corps manifestement n'a rien à nous dire,
puisqu'elle fait abstraction de tout ce qui est subjectif.
En ce qui concerne
d'autre part les sciences de l'esprit, qui pourtant dans toutes leurs disciplines,
particulières ou générales, traitent de l'homme dans son existence spirituelle,
il se trouve, dit-on, que leur scientificité rigoureuse exige du chercheur qu'il
mette scrupuleusement hors-circuit toute prise de position axiologique .
Mais
est-il possible que le Monde et l'être humain en lui aient véritablement un
sens si les sciences ne laissent valoir comme vrai que ce qui est constatable dans une objectivité de ce type ?
QUESTIONNAIRE INDICATIF
• Importance de la notation : « de simples sciences de faits forment une simple humanité de fait » ?
• Qu'est-ce que « la science exclut par principe » ? — Selon quel principe ? — Pourquoi ?
• Quelles questions sont exclues ? — Pourquoi ?
• Cette exclusion atteint l'homme « en tant que » quoi ? Importance de cette notation dans l'économie de ce
texte ?
• Pourquoi (et « en tant que quoi ») « la simple science des corps n'a rien à nous dire » selon Husserl ?
• Pourquoi « la scientificité rigoureuse » des « sciences de l'esprit » mettrait-elle « hors circuit toute prise de
positions axiologique » ?
— Importance du « dit-on » pour la compréhension de la position de Husserl ?
• Pourquoi, selon Husserl, cela amène-t-il à se poser la question de savoir s'il est « possible que le monde et l'être
humain aient véritablement un sens, si les sciences...
»?
— Ne pourrait-on objecter qu'il n'y va pas de la faute des « sciences » mais de ce qui « est » ?
— Qu'objecterait à cela Husserl ?
• Qu'est-ce que veut faire apparaître ici Husserl ?
— Quel est l'enjeu de ce texte ?
Articulation des idées
Idée centrale : des sciences qui ne s'attachent qu'aux faits (les sciences positives) ne peuvent répondre aux
questions essentielles et angoissantes qui se posent à l'homme.
Explication:
a) Les sciences des corps (physique, biologie, etc.) ignorent tout ce qui est subjectif (qui appartient au sujet en
tant que conscience).
Or l'homme est avant tout un sujet conscient et libre, qui se donne et donne au monde une « forme de raison »,
dont les sciences physiques ne se préoccupent pas.
b) Les sciences de l'esprit (psychologie) prétendent, au nom précisément de leur scientificité, exclure tout
jugement de valeur (bien et mal).
Elles ne peuvent donc pas non plus éclairer l'homme sur la valeur de ses actes.
Conclusion générale : de telles sciences ne se préoccupent pas du sens des choses.
Or c'est le sens ou
l'absence de sens de son existence qui importe le plus à l'homme.
HUSSERL : LES SCIENCES IGNORENT LE SENS DE L'EXISTENCE
Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ? Telles sont les questions que les hommes se posent.
La
science peut-elle y répondre ? Elle y prétend dans une certaine mesure.
Mais ses réponses ne sont pas celles que
nous attendons vraiment, car se prononçant uniquement sur des faits, la science se tait sur ce qui est au coeur
de nos interrogations, le sens de notre existence..
»
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