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HUME et l'identité personnelle - Où le "moi" ?

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Il y a certains philosophes qui imaginent que nous avons à tout moment la conscience intime de ce que nous appelons notre moi ; que nous sentons son existence et sa continuité d'existence ; et que nous sommes certains, plus que par l'évidence d'une démonstration, de son identité et de sa simplicité parfaites. Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir. Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment sans une perception et je ne peux rien observer que la perception. Quand mes perceptions sont écartées pour un temps, comme par un sommeil tranquille, aussi longtemps, je n'ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n'existe pas. Si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort et que je ne puisse ni penser ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr après la dissolution de mon corps, je serais entièrement annihilé et je ne conçois pas ce qu'il faudrait de plus pour faire de moi un parfait néant. Si quelqu'un pense, après une réflexion sérieuse et impartiale, qu'il a, de lui-même, une connaissance différente, il me faut l'avouer, je ne peux raisonner plus longtemps avec lui.HUME
Hume défend ici l’idée selon laquelle on ne peut être conscient de son « moi » que par des sensations, par l’ensemble des perceptions que le monde nous offre et qui nous donnent le sentiment d’exister, et non, comme l’affirment de nombreux philosophes, comme quelque chose dont « nous sommes à chaque instant intimement conscient », dont l’identité peut être affirmée sans démonstration.
Dans un premier temps (l.1 à 5), Hume présente l’opinion de certains philosophes qui imaginent qu’à chaque instant de notre existence nous avons conscience de notre moi, de son identité et de sa simplicité, et par conséquent qu’il aurait une existence perpétuelle. Ensuite (l. 5 à 10) on trouve clairement la thèse de l’auteur, il réfute l’opinion de ces philosophes en nous exposant son point de vu grâce à ces différentes analyses et doutes qu’il a pu observer en s’attachant à sa propre personne, ainsi le moi pose interrogation et ne semble pas si simple que cela. Il en arrive ,enfin, au fait que le moi est intiment relié à nos perceptions. Puis (l. 10 à 17) Hume évoque le sommeil ainsi que la mort, soit deux états qui contredisent l’une des idées premières évoquées au tout début comme quoi le moi est perpétuel, autrement dit qu’il a « une continuité d’existence ». Pour terminer (l. 17 à la fin) il nous montre que ses idées sont vraiment une certitude… pour lui puisque si quelqu’un pense avoir une notion différente du lui même après avoir réfléchi à tout cela sérieusement et sans préjugé il ne pourra s’entretenir avec lui. 

« « Il y a certains philosophes qui imaginent que nous avons à tout moment la conscience intime de ce que nous appelons notre moi ; que nous sentons son existence et sa continuité d'existence ; et que nous sommes certains, plus que par l'évidence d'une démonstration, de son identité et de sa simplicité parfaites.

Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir.

Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment sans une perception et je ne peux rien observer que la perception.

Quand mes perceptions sont écartées pour un temps, comme par un sommeil tranquille, aussi longtemps, je n'ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n'existe pas.

Si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort et que je ne puisse ni penser ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr après la dissolution de mon corps, je serais entièrement annihilé et je ne conçois pas ce qu'il faudrait de plus pour faire de moi un parfait néant.

Si quelqu'un pense, après une réflexion sérieuse et impartiale, qu'il a, de lui-même, une connaissance différente, il me faut l'avouer, je ne peux raisonner plus longtemps avec lui.

» HUME Hume défend ici l'idée selon laquelle on ne peut être conscient de son « moi » que par des sensations, par l'ensemble des perceptions que le monde nous offre et qui nous donnent le sentiment d'exister, et non, comme l'affirment de nombreux philosophes, comme quelque chose dont « nous sommes à chaque instant intimement conscient », dont l'identité peut être affirmée sans démonstration. Pour comprendre ce texte, il faut repartir de la thèse défendue par de nombreux philosophes avec laquelle, Hume, nous le montrera ensuite, est en désaccord.

Il s'oppose ainsi aux philosophies introspectives, qui prétendent qu'on peut avoir l'intuition d'un moi, et que cette intuition est tellement évidente qu'elle se passe de toute démonstration.

Il s'attache, alors, ensuite à expliquer que le moi ne peut s'atteindre que par des perceptions et ne possède en conséquence pas l'unité dont un philosophe comme Descartes parle.

Enfin, et surtout, si le moi se résume à des perceptions, le moi n'existe pas. L'enjeu du texte réside essentiellement dans ces deux derniers points, la personne, n'existant que par ses perceptions et donc par le monde qui l'entoure, perd sa valeur absolue pour n'exister que de façon relative, dépendant du monde dans lequel elle sent, perçoit et donc existe.

Selon Hume, nous avons tendance à penser que nous sommes toujours la même personne, que notre moi actuel est le même qu'il y a cinq ans, malgré les changements qui affectent de nombreux aspects de notre personnalité.

Nous pourrions à partir de là rechercher un soi sous-jacent, qui demeure le même sous les autres changements, et nous demander quelle est sa nature et ce qui le distingue des accidents qui nous affectent.

Mais Hume nie que nous puissions faire la moindre différence entre un tel moi mystérieux et les changements dont on prétend qu'ils lui appartiennent ou qui en découlent.

Ainsi, quand nous nous examinons nous-mêmes, nous percevons des groupes d'idées et de sentiments, mais l'introspection ne permet jamais de percevoir une substance que nous pourrions appeler « moi ».

Le moi n'est rien d'autre qu'un agrégat de perceptions liées, et, selon Hume, ces perceptions n'appartiennent à rien. L'âme est ainsi une communauté qui possède une certaine identité, non en vertu de son essence, mais par la composition d'éléments changeant continuellement.

Le problème de l'identité du moi est alors pour Hume le problème de la cohésion de l'expérience individuelle. Deux temps dans la réflexion de Hume : 1 er temps : « Il y a certains philosophes qui imaginent que nous avons à tout moment la conscience intime de ce que nous appelons notre moi ; que nous sentons son existence et sa continuité d'existence ; et que nous sommes certains, plus que par l'évidence d'une démonstration, de son identité et de sa simplicité parfaites.

Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir.

» 2 nd temps : « Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment sans une perception et je ne peux rien observer que la perception.

Quand mes perceptions sont écartées pour un temps, comme par un sommeil tranquille, aussi longtemps, je n'ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n'existe pas.

Si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort et que je ne puisse ni penser ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr après la dissolution de mon corps, je serais entièrement annihilé et je ne conçois pas ce qu'il faudrait de plus pour faire de moi un parfait néant.

Si quelqu'un pense, après une réflexion sérieuse et impartiale, qu'il a, de lui-même, une connaissance différente, il me faut l'avouer, je ne peux raisonner plus longtemps avec lui.

» Dans une perspective critique : Hume, n'a pas vraiment dirigé sa critique contre cette prétendue intériorité de la conscience, cependant il aurait pu pourtant le faire.

En effet, nous avons bien vue que pour lui, quand on essaie de se penser soi-même, tout ce à quoi on a accès, ce n'est jamais à un moi pur, débarrassé de ses oripeaux psychologiques, contrairement à ce que suppose Descartes, mais toujours à des représentations, ce que Hume appelle dans son langage technique des impressions.

Kant explicite ce qu'avait entrevu Hume sans le dire explicitement (cf.

fait que quand on se saisit soi-même, on ne se saisit pas comme pure conscience, mais comme conscience de quelque chose).

Pour Kant, le fait que la conscience soit quelque chose de subjectif, qu'on vit sur le mode de la première personne, n'implique nullement qu'elle soit synonyme d'intériorité : comme le dira plus tard Husserl, il va dire que la conscience de soi n'est pas possible à part des choses hors de moi.

(Si pas de moi ou de substance pensante, alors, pas non plus, chez Kant, d'intériorité sans extériorité).. »

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