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HUME et l'identité personnelle ?

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Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir... 
L'Homme a tendance à concevoir le "moi" comme un sujet indivisible, permanent, qui est le même à chaque instant. Dans ce texte, Hume cherche à savoir ce qu'est ce moi auquel on se réfère parfois, par exemple lorsque l'on parle à la première personne. De quoi est-il question dans ce que j'appelle « moi » ? Hume applique une démarche empiriste pour répondre à cette question. Si l'on s'en tient aux données perceptives, le « moi » comme sujet indivisible pose problème. En effet, les perceptions étant toutes particulières et différenciées, comme expliquer le ressenti d'un « moi » permanent, identique à tout moment ? Hume expose ici sa vision d'un sujet que l'on ne peut pas percevoir directement. L'on perçoit toujours quelque chose, mais jamais l'on atteint directement ce fameux « moi » que m'on conçoit pourtant si distinctement. Dans le premier paragraphe, l'auteur réduit le sujet à une collection de perceptions. Dans un second paragraphe, Hume propose, à partir de cette réduction, un moi d'une autre sorte, une identité qu'imagine l'esprit à partir de la succession de toutes les perceptions qui lui parviennent. On commentera ces deux paragraphes dans deux parties distinctes et on critiquera la vision de l'auteur dans une troisième partie. 

« Demande d'échange de corrigé de De oliveira Thomas ([email protected]). Sujet déposé : Commentaire d'un texte de Hume, tiré du "Traité sur la nature humaine" : Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir.

Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment sans une perception et je ne peux rien observer que la perception.

Quand mes perceptions sont écartées pour un temps, comme par un sommeil tranquille, aussi longtemps je n'ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n'existe pas.

Si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort et que je ne puisse ni penser, ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr après la dissolution de mon corps, je serais entièrement annihilé et je ne conçois pas ce qu'il faudrait de plus pour faire de moi un parfait néant. Si quelqu'un pense, après une réflexion sérieuse et impartiale, qu'il a, de lui-même, une connaissance différente, il me faut l'avouer, je ne peux raisonner plus longtemps avec lui.

Tout ce que je peux lui accorder, c'est qu'il peut être dans le vrai aussi bien que moi et que nous différons essentiellement sur ce point.

Peut-être peut-il percevoir quelque chose de simple et de continu qu'il appelle lui : et pourtant je suis sûr qu'il n'y a pas en moi de pareil principe.

Mais, si je laisse de côté quelques métaphysiciens de ce genre, je peux m'aventurer à affirmer du reste des hommes qu'ils ne sont rien qu'un faisceau ou une collection de perceptions différentes qui se succèdent les unes aux autres avec une rapidité inconcevable et qui sont dans un flux et un mouvement perpétuels.

Nos yeux ne peuvent tourner dans leurs orbites sans varier nos perceptions.

Notre pensée est encore plus variable que notre vue ; tous nos autres sens et toutes nos autres facultés contribuent à ce changement : il n'y a pas un seul pouvoir de l'âme qui reste invariablement identique peut-être un seul moment.

L'esprit est une sorte de théâtre où diverses perceptions font successivement leur apparition ; elles passent, repassent, glissent sans arrêt et se mêlent en une infinie variété de conditions et de situations.

Il n'y a proprement en lui ni simplicité à un moment, ni identité dans les différents moments, quelque tendance naturelle que nous puissions avoir à imaginer cette simplicité et cette identité. Hume, Traité sur la nature humaine. L'Homme a tendance à concevoir le "moi" comme un sujet indivisible, permanent, qui est le même à chaque instant. Dans ce texte, Hume cherche à savoir ce qu'est ce moi auquel on se réfère parfois, par exemple lorsque l'on parle à la première personne.

De quoi est-il question dans ce que j'appelle « moi » ? Hume applique une démarche empiriste pour répondre à cette question.

Si l'on s'en tient aux données perceptives, le « moi » comme sujet indivisible pose problème.

En effet, les perceptions étant toutes particulières et différenciées, comme expliquer le ressenti d'un « moi » permanent, identique à tout moment ? Hume expose ici sa vision d'un sujet que l'on ne peut pas percevoir directement.

L'on perçoit toujours quelque chose, mais jamais l'on atteint directement ce fameux « moi » que m'on conçoit pourtant si distinctement. Dans le premier paragraphe, l'auteur réduit le sujet à une collection de perceptions.

Dans un second paragraphe, Hume propose, à partir de cette réduction, un moi d'une autre sorte, une identité qu'imagine l'esprit à partir de la succession de toutes les perceptions qui lui parviennent.

On commentera ces deux paragraphes dans deux parties distinctes et on critiquera la vision de l'auteur dans une troisième partie. Dès la première phrase, l'auteur pose un problème : il ne parvient pas à accéder au « moi » sans « bute[r] […] sur une perception particulière ou sur une autre.

Qu'elles soient sensorielles (« de chaud ou de froid »), ou qu'elles appartiennent au domaine des sentiments (« de douleur ou de plaisir »), toutes sont des perceptions particulières que l'on ressent lorsque l'on tente une introspection dans soi.

Le moi dérive de ces différentes perceptions que l'on ressent, par exemple, lorsque l'on approche sa main d'une plaque chauffante, ou lorsque l'on a connu un sentiment de peine.

Il n'y a pas, selon Hume, de moi substantiel, comme chez Descartes, mais bien une série de perceptions, sans rien au-delà d'elles. Par conséquent, lorsque ces perceptions ont annihilées pendant un temps, « comme par un sommeil tranquille », ou bien par une syncope, la conscience de soi est abolie, et on la retrouve qu'au réveil, au retour des perceptions.

Le sommeil, ou la syncope, en supprimant les perceptions, fait perdre la conscience de soi et entraîne une perte temporaire de soi-même (« je n'ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n'existe pas »).

Les perceptions et l'existence forment donc un tout qui surgit et disparaît en même temps.

Il y a une discontinuité de l'existence due à l'intermittence des perceptions.

Dans l'hypothèse de la disparition permanente des perceptions, due à la mort de l'individu (« si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort »), Hume considère qu'il y a disparition pure et simple de soi-même.

Le sujet intermittent devient alors « un parfait néant ». Dans la deuxième partie du paragraphe, Hume s'oppose à la vision cartésienne de la conscience, mais admet qu'un autre homme peut avoir une connaissance de lui-même différente.

En effet, cet homme pense par lui-même et on ne peut pas contester la connaissance qu'il a de lui (« il peut être dans le vrai aussi bien que moi »), à condition qu'il ait fait preuve d'une « réflexion sérieuse et impartiale ».

Si vraiment cet homme perçoit un sujet continu et indivisible en lui-même, il est légitime qu'il l'affirme.

En revanche, cette différence de connaissance ne permet pas le dialogue (« je ne peux raisonner plus longtemps avec lui ») car un dialogue demanderait une connaissance. »

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