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HOBBES : LA PUISSANCE DE L'ÉTAT DOIT ÊTRE ABSOLUE

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On objectera peut-être ici que la condition des citoyens est misérable, exposés qu'ils sont à la concupiscence et aux autres passions sans règle de celui ou de ceux qui ont en main un [...] pouvoir illimité [...]. Mais les gens ne tiennent pas compte de ce que la condition de l'homme ne peut jamais être exempte de toute espèce d'incommodité ; et de ce que les plus grandes incommodités dont on peut imaginer affligé l'ensemble du peuple, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, sont à peine sensibles au regard des misères et des calamités affreuses qui accompagnent soit une guerre civile, soit l'état inorganisé d'une humanité sans maîtres, qui ignore la sujétion des lois et le pouvoir coercitif capable d'arrêter le bras qui s'apprêtait à la rapine ou à la vengeance. Ils ne tiennent pas compte non plus de ce que, lorsque ceux qui les gouvernent souverainement leur imposent les fardeaux les plus lourds, cela ne procède pas de l'attente d'un plaisir ou d'un avantage quelconque que pourrait leur valoir le préjudice ou l'affaiblissement de leurs sujets, dont la vigueur est le fondement de leur force et de leur gloire, mais du caractère rétif des gouvernés eux-mêmes, et de la mauvaise grâce qu'ils apportent à contribuer à leur propre défense, obligeant ainsi leurs gouvernants à leur soutirer ce qu'ils peuvent en temps de paix, afin d'avoir les moyens de résister ou de l'emporter sur leurs ennemis, en cas d'occasion imprévue ou de besoin soudain. HOBBES

« HOBBES : LA PUISSANCE DE L'ÉTAT DOIT ÊTRE ABSOLUE L'État, selon Hobbes, est la seule manière par laquelle les hommes peuvent surmonter leur propre violence.

Sans une Puissance souveraine absolue auquel chacun abandonne la totalité de ses droits naturels, qui cumule donc tous les pouvoirs, la société éclate, et ceux qui en font partie se détruisent.

Ainsi, à la violence naturelle ne peut-on opposer que la force absolue de l'Etat-Léviathan. « On objectera peut-être ici que la condition des citoyens est misérable, exposés qu'ils sont à la concupiscence et aux autres passions sans règle de celui ou de ceux qui ont en main un [...] pouvoir illimité [...].

Mais les gens ne tiennent pas compte de ce que la condition de l'homme ne peut jamais être exempte de toute espèce d'incommodité ; et de ce que les plus grandes incommodités dont on peut imaginer affligé l'ensemble du peuple, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, sont à peine sensibles au regard des misères et des calamités affreuses qui accompagnent soit une guerre civile, soit l'état inorganisé d'une humanité sans maîtres, qui ignore la sujétion des lois et le pouvoir coercitif capable d'arrêter le bras qui s'apprêtait à la rapine ou à la vengeance.

Ils ne tiennent pas compte non plus de ce que, lorsque ceux qui les gouvernent souverainement leur imposent les fardeaux les plus lourds, cela ne procède pas de l'attente d'un plaisir ou d'un avantage quelconque que pourrait leur valoir le préjudice ou l'affaiblissement de leurs sujets, dont la vigueur est le fondement de leur force et de leur gloire, mais du caractère rétif des gouvernés euxmêmes, et de la mauvaise grâce qu'ils apportent à contribuer à leur propre défense, obligeant ainsi leurs gouvernants à leur soutirer ce qu'ils peuvent en temps de paix, afin d'avoir les moyens de résister ou de l'emporter sur leurs ennemis, en cas d'occasion imprévue ou de besoin soudain.

» HOBBES QUELQUES DIRECTIONS DE RECHERCHE • • • • • Que signifie « pouvoir coercitif » ? Qu'est-ce qui est justifié ici par Hobbes ? Comment ? Comment comprenez-vous « le pouvoir sous toutes ses formes...

est le même »? Comment Hobbes tente-t-il de rendre compte de l'opinion de ceux qui ne partagent nullement la sienne ? Que pensez-vous de l'argumentation et de la thèse de Hobbes ? Sur quoi est-elle fondée implicitement ? ordre des idées 1) Exposé d'une objection : si le pouvoir de celui ou ceux qui gouvernent l'État est absolu, les gouvernés ne seront-ils pas soumis à l'arbitraire de leur égoïsme ? 2) Réponses de Hobbes à l'objection, sous la forme : a) d'une concession : c'est possible, aucune politique n'est sans défaut ; b) d'une comparaison : les inconvénients qui peuvent résulter de la puissance des gouvernants sont presque nuls, si on les compare aux inconvénients qu'entraîne l'absence de maîtres politiques puissants.

Exemples en ce sens : la guerre civile ou l' "anarchie" d'une société où règne la violence de tous contre tous, faute d'un État puissant. c) d'une double justification du caractère absolu du pouvoir des gouvernants : — ces derniers tirent leurs propres avantages non de la ruine mais de la prospérité des gouvernés; — l'exercice d'un pouvoir sans limite est rendu nécessaire par la résistance des gouvernés, incapables, par imprévoyance, de se donner les moyens de se défendre contre leurs ennemis. Hobbes ne défend le pouvoir absolu du souverain que parce qu'il redoute par-dessus tout le retour à un état de nature, c'est-à-dire à une guerre incessante de chacun contre chacun (guerre réelle ou larvée).

L'homme n'a dans sa nature aucun instinct de sociabilité.

Il a un désir de puissance qui le pousse à considérer les autres hommes comme des concurrents.

Ses passions (la crainte de la mort) ou sa raison lui donnent bien l'idée d'un état de paix, mais cette idée reste sans effet tant qu'il n'a pas cédé à une puissance supérieure la totalité de ses droits et de sa liberté naturels. C'est finalement ce qu'il fait, par calcul.

Cet État dont la puissance est sans limite, Hobbes le nomme le Léviathan, parce que la Bible parle d'un être de ce nom comme d'un monstre d'une puissance prodigieuse.

Le Léviathan est aussi le titre du principal ouvrage de Hobbes, publié en 1651. Dans cette perspective, l'intérêt du Souverain (un monarque est préférable) se confond avec celui de ses sujets : il tient d'eux sa richesse, sa puissance, et n'a donc aucun intérêt à les léser.

Mais son devoir, ce pourquoi il reçoit puissance, c'est d'assurer la sécurité et la paix.

Il lui faut, pour cela, certains moyens.

Le Souverain cumule pouvoir exécutif et pouvoir législatif.

Il définit à travers les lois ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, sans que l'individu puisse jamais se prévaloir d'un droit naturel extérieur à celui que concède le Souverain.

La liberté des sujets résulte du silence des lois ; comme celles-ci n'ont pour but que la sûreté commune, elles peuvent être peu nombreuses et laisser une réelle liberté.

Mais la puissance de l'État doit être telle qu'elle rende impossible tout retour au chaos naturel.

Hobbes montre qu'on peut se faire une idée de ce chaos en considérant les relations internationales : chaque État est comme un homme naturel pour chaque autre État, et l'histoire montre que la guerre n'a rien d'exceptionnel.. »

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