Hobbes: Hors de l'état civil
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Texte de Hobbes :
Dès le début du XV Ième siècle, une crise religieuse entraîne la remise en question de la légitimité du pouvoir et de l'organisation de la société.
C e qui est
remis en cause c'est bien l'obéissance qui vient d'une perte de valeur.
C'est pourquoi des penseurs comme Hobbes, Spinoza, Rousseau se sont efforcés de
construire une théorie rationnelle de l'état.
Il s'agit dans ce texte de montrer que la société civile est la meilleure solution, qu'elle apporte paix et bonheur.
C omment Hobbes s'y prend-il? Qu'est-ce qui permet de dire que la société est meilleure? Meilleure à quoi?
Il est possible de décomposer le texte en trois grandes parties : dans la première, Hobbes établit des contradictions au sein même des phrases, le rythme
est rapide, puis dans une deuxième partie il décrit l'état "hors de la société civile" plus longuement, avant de s'attarder sur "l'ordre du gouvernement".
I Comparaison entre société civile et état de nature
Pour montrer pourquoi la société est à accepter, Hobbes la met en comparaison avec l'état de nature de l'homme.
Le terme de nature n'est pas cité ici, mais
il est sous-entendu : Hobbes définit en effet l'état de nature comme étant antérieur à l'état social, c'est-à-dire à cet acte par lequel les hommes se donnent
un souverain qui fait des lois, impose ainsi un certain ordre collectif et instaure l'état social.
L'état des hommes hors de la société civile est une hypothèse
qui permet de discerner le genre de vie qui prévaudrait s'il n'existait pas de pouvoir d'un gouvernement.
On pourrait d'ailleurs remarquer ici que Hobbes donne de l'état de nature une définition purement négative, par abstraction de tout ce qui, en l'homme,
relève de la société.
" hors de la société civile, "hors du commerce des hommes", "hors de la société." C 'est ainsi, par exemple, que Rousseau opère dans
son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : il faut, écrit-il dans sa préface, examiner l'homme par la pensée et ainsi "démêler
ce qu'il tient de son propre fonds d'avec ce que les circonstances et ses progrès ont ajouté ou changé à son état primitif".
C e qui ressort de ce premier mouvement, c'est bien la différence entre un état où l'individualité n'est pas protégée, ni favorisée alors que dans la société, la
multitude des hommes permet la sécurité, l'abondance.
II L'état de nature comme règne des passions
Hobbes s'oppose à la tradition aristotélicienne selon laquelle l'homme est un animal naturellement social.
En absence de société civile, les hommes s'affrontent en raison même de leur nature.
C haque individu, possédant par nature les mêmes forces, les mêmes
besoins, le même droit de se défendre, cherche à atteindre ses fins : la conservation et même l'agrément.
Donc "les passions règnent."
Or dit Hobbes, dans le Léviathan, " si deux individus désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible qu'ils en jouissent tous les deux, ils deviennent
des ennemis." Les individus sont donc autant de forces se redoutant mutuellement et la défiance engendre la guerre.
L'état naturel est donc un état de
"guerre éternelle" qui est la conséquence nécessaire des passions naturelles des hommes et, par conséquent, à cet état tout est préférable : "nous ôtent
toutes les douceurs de la vie".
La vie ne vaut pas d'être vécue dans cet état.
On ne saurait payer trop cher pour mettre fin à la guerre, même s'il faut, pour
cela, renoncer à la liberté.
III Le gouvernement est le domaine de la raison
Seul un artifice qui est le contrat permet de sortir de cet état de guerre.
C e contrat est un acte rationnel par lequel chacun cède le droit qu'il a sur toutes
choses, reconnaissant que c'est ce qui fait son malheur et qu'en agissant ainsi, il fait cesser la guerre.
L'état résulte donc de cette cession du pouvoir du
plus grand nombre à un seul homme ou à une seule assemblée, que Hobbes compare au Léviathan biblique( voir Livre de Job, ancien testament).
" mais dans
l'état, cette puissance n'appartient qu'à un seul." Il n'y a plus qu'un seul homme qui désormais peut contraindre toutes les autres volontés individuelles.
Le rôle de l'État sera donc non pas de rendre l'homme vertueux, mais de sauvegarder son droit naturel à la vie.
Par ailleurs la "vie bonne" que les hommes
espèrent atteindre en se regroupant dans une société civile n'est pas une vie d'excellence définie de façon morale et téléologique, mais une vie confortable,
qui constitue la récompense du dur labeur : "dans un État, rien ne manque à ceux qui s'évertuent".
La fonction de l'État sera par conséquent aussi d'assurer
aux citoyens, autant qu'il est possible, confort.
Elle permet même aux hommes de retrouver le plaisir de vivre ensemble " on goût les charme de la
conversation." "et nous ne vivons plus ignorants des lois de l'amitié."
Hobbes est donc l'un des premiers a comprendre la nécessité de revenir à un état de nature, un état "hors société" pour refonder la légitimité du pouvoir et
de l'état.
Pour lui, les hommes, par nature et en l'absence de tout pouvoir coercitif, poursuivent la satisfaction de leur passion et sont enclins à la guerre de
chacun contre chacun.
Tous ont en effet la liberté et le droit de faire ce qu'ils ont envie.
L'état de nature est un état de peur perpétuelle et la méfiance
empêche aux hommes de se côtoyer.
La vie dépérit.
Par un acte volontaire et rationnel, les hommes préfèrent par un contrat social, déléguer leur force à un pouvoir souverain dont la tâche est de maintenir
coûte que coûte la paix civile et assurer le droit à la vie de chacun.
HOBBES (Thomas).
Né à Malmesbury en 1588, mort à Hardwick en 1679.
Il fit ses études à Oxford et devint précepteur du jeune comte de Devonshire qui, plus tard, devait lui confier aussi l'éducation de son propre fils.
Il fit deux
longs voyages en Europe, vécut à P aris de 1640 à 1651, y fréquenta le P.
Mersenne, puis rentra en A ngleterre.
La C hambre des Communes exigea qu'il ne
publiât plus aucun livre, après avoir vivement attaqué Léviathan en 1667.
La fin de la vie de Hobbes fut occupée par des controverses avec les
mathématiciens.
— L'oeuvre de Hobbes est une théorie et une apologie fort logiques du despotisme.
Toutes les substances sont corporelles et la vie est
mouvement.
Le désir, fondement du monde animal, est égoïste et guidé par l'intérêt.
Il n'y a ni amour ni accord possible entre les hommes ; ceux-ci sont
naturellement insociables et méchants.
L'état de nature, c'est la guerre de tous contre tous.
Mai les hommes, qui considèrent que la paix est le plus grand
des biens, confèrent tous leurs droits à un seul souverain.
Ils remplacent l'ordre mécaniste naturel par un ordre mécaniste artificiel, qui leur convient mieux
: c'est l'État.
Le salut de l'État s'identifie avec le salut du souverain.
La souveraineté absolue d'un seul homme crée un déséquilibre qui assure la stabilité.
Le souverain établit les lois et définit la justice, se plaçant ainsi au-dessus d'elles.
Le bien et le mal dépendent de ses décisions ; la vraie religion est celle
qu'il autorise.
Ainsi, les hommes sont libres et heureux, puisqu'ils peuvent agir à leur gré dans le cadre des lois.
Le souverain absolu n'est pas un tyran
arbitraire le tyran est l'esclave de ses passions, alors que le souverain en est délivré par le caractère absolu de son pouvoir.
C ar les passions résultent de
la finitude humaine.
En somme, le pouvoir du souverain est légitime parce qu'absolu.
La pensée de Hobbes a eu une influence incontestable sur Hegel..
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