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Histoire et histoires ?

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« Termes du sujet: HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie). Pensant à l'histoire de l'espèce humaine, on se réfère à son devenir et au récit qui en est fait.

Les historiens ont en effet pour tâche de rendre compte de ce cours unique de l'histoire des hommes, par leur enquête objective.

Ils doivent rapporter ce qui s'est passé, comme cela s'est passé. Cependant, l'interprétation des faits historiques montre que l'unité du devenir historique est très relative : les individus ne vivent pas de la même manière un même fait.

Comment dès lors en tirer une représentation fidèle, unique et globale ? De plus, concernant le récit du devenir les historiens ont, selon leur personnalité et leur époque, des façons diverses de mener leur enquête et de donner sens au cours des événements.

Selon quel critère déterminer lequel est le plus proche de ce qui, de toute façon, est irrémédiablement passé, voire perdu ? Dès lors, comment penser le rapport entre l'histoire des hommes et les histoires auxquelles nous sommes conduits en voulant en rendre compte ? Unité de l'Histoire et enquête historique Quand on se réfère à l'Histoire, avec un grand H, aux époques passées, au devenir d'un peuple, au progrès d'une civilisation, etc., il semble évident que l'on fait référence à une histoire et non à plusieurs.

De plus, un fait historique apparaît comme unique, non reproductible, contingent, imprévisible.

C'est, par exemple, le 14 juillet 1789.

Le fait historique se distingue du fait scientifique, reproductible, nécessaire, prévisible, construit rationnellement, objectif. L'Histoire est donc « ce qui s'est passé » à un moment précis, en un lieu repérable : le vécu des hommes qui, agissant ainsi, bâtissent leur existence. C'est cette Histoire que les premiers historiens grecs avaient pour projet de restituer et conserver : rapporter ce qui s'est passé pour en comprendre le sens vrai, et en faire bénéficier les hommes.

Cette histoire, avec un petit h, est donc la science du devenir humain : enquête (étymologie : historie) et récit.

La chronologie, par exemple, permet de dater époques et périodes.

De plus, l'exigence de vérité justifie le principe d'objectivité des historiens, afin que l'unité de l'Histoire soit préservée, sans dénaturation partisane, orientée par les préjugés, les goûts, les passions, les idées d'une époque, celle de l'historien. L'histoire, dont les deux sens sont indissociables, renvoie donc dans un premier temps à l'unité de ce qui s'est déroulé, et à l'unité du savoir de ce devenir. Histoires et interprétations Cependant, cette dualité de sens du mot « histoire » indique à la fois un écart et un rapport.

Tout d'abord, un même événement renvoie à des expériences très différentes.

Tous les hommes qui ont vécu le 14 juillet 1789 n'ont pas éprouvé de la même manière l'événement.

La multiplicité des témoignages montre à quel point l'Histoire recouvre en réalité une diversité d'histoires individuelles et collectives.

Par ailleurs, la propagande ou la manipulation de la vérité historique, les faux témoignages, montrent bien que l'on peut « raconter des histoires ». Or, ce que l'historien a en vue, dans ses recherches, c'est le devenir, la réalité passée telle qu'elle a été vécue par les hommes.

Mais il ne peut y accéder directement.

Le passé lui-même demeure à jamais occulté, détruit en partie ou effacé, voire déformé par ceux qui l'ont vécu.

Alors les historiens sont obligés d'interpréter les traces, vestiges, témoignages, documents.

La science historique n'est pas simple collection ou chronique, mais toujours « regard porté sur...

», engagement d'une conscience. De plus, en tant qu'hommes du présent, les historiens interrogent les traces du passé en fonction de l'idée qu'ils s'en font, des questions qui les intéressent.

Ils créent les documents, dans le sens où, par leurs questions, ils les font sortir de l'ombre et de l'oubli.

Sur ce plan, la subjectivité « impliquée » de l'historien, tout en étant au service de la recherche de la vérité historique, intervient de façon décisive et positive.

Il y a donc un devenir de la science historique elle-même.

L'Histoire ne peut apparaître que sous l'aspect d'histoires : une page de J.

Michelet (XIXe siècle) est bien différente d'une page de G.

Duby (XXe siècle) sur la même période de l'Histoire de France.

L'historien est lui-même un sujet historique. Ainsi, c'est en plusieurs sens que l'on peut dire qu'il y a des histoires et non une seule.

Cette difficulté est inhérente à l'idée même d'histoire.

En effet, le devenir de l'espèce humaine dans le temps apparaît tout autant unique que multiple, et ce dans les deux sens du mot « histoire », comme devenir et science de ce devenir. Le déterminisme historique Si l'historien, en quête des liens de causalité entre les événements, peut saisir une unité globale qui pouvait échapper aux contemporains de l'événement, cette unité du processus révèle une dialectique entre les hommes et leurs milieux, où interviennent nécessité et liberté.

C'est le problème du déterminisme historique. L'histoire, en tant qu'histoire unique et histoires multiples, est caractéristique de celui qui la vit : l'homme, capable de se penser dans le temps, qui n'a d'histoire que s'il en a conscience.

Il ne se contente pas de vivre, ou de faire, il veut savoir ce qu'il vit et fait, et ce qu'il doit faire.

Plongé dans un monde et une époque qu'il n'a pas choisis et s'imposent comme des conditions nécessaires, il s'en rend responsable, y découvre et crée sa raison d'être, librement. Ainsi, l'homme fait l'histoire, lui donne un sens.

Et l'unité de l'Histoire est une « idée régulatrice », un « fil conducteur », pour la réflexion de l'historien, l'idée de son sens possible.. »

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