Henri Matisse
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Jusqu'à 20 ans, Henri Matisse ne montra pas de sensibilité particulière pour l'art. Il avait suivi des études de droit à la faculté de Paris et était devenu clerc de notaire à Saint-Quentin. Il se mit à la peinture par désoeuvrement, lors d'une convalescence consécutive à une opération de l'appendicite en 1890. La révélation sera fulgurante. En 1891, il abandonne la carrière juridique pour se consacrer à la peinture et s'installe à Paris. Il s'inscrit aux cours du soir de l'École des Arts Décoratifs et entre dans l'atelier de Gustave Moreau aux Beaux-Arts. A cette époque, le style de Matisse est dominé par l'influence du réalisme hollandais du XVIIe siècle, mais un voyage en Bretagne en 1895 éclaircira sa palette. La peinture en plein air éveille sa passion de la couleur pure, territoire qu'il explorera jusqu'à ce qu'il atteigne l'intensité maximale de l'impact chromatique. Durant ces premières années, Matisse acquiert un petit succès dans les milieux officiels de l'art, mais il cessera d'exposer au Salon après 1899. Malgré l'impasse financière dans laquelle il se trouve, sa réputation d'artiste incontournable de l'art moderne ne cesse de croître. Après avoir expérimenté quelques temps la technique pointilliste de Seurat, il trouve dans les couleurs vibrantes de la Méditerranée l'impulsion qu'il lui manquait pour débrider son style. En 1905, il expose au Salon d'automne la Fenêtre ouverte à Collioure et la Femme au chapeau. Devant ces oeuvres aux couleurs violentes posées par taches plates, le critique Louis Vauxcelles aura le mot de "fauves" pour caractériser péjorativement les exposants du salon, baptisant sans le savoir le nouveau mouvement dont Matisse s'affirmera comme le chef de file, même si par ses couleurs éclatantes il restait avant tout un révolutionnaire de l'art. Enrichi par le succès commercial de sa peinture, Matisse put parcourir le monde, s'astreignant malgré tout à une discipline de travail rigoureuse qu'il ne relâcha jamais, même à la fin de sa vie. Quand l'âge et l'infirmité réduisirent sa liberté de mouvement, il continua de dessiner de grandes toiles au moyen d'un crayon attaché à une longue tige de bambou. Les dernières oeuvres de l'investigation créatrice de Matisse, de grandes gouaches découpées aux couleurs vives, révélèrent une nouvelle fois l'audace et l'imagination de cet artiste fondamental. Lumière et ligne, mais fondues selon un mode qui est plus que matériel, décoration essentiellement expressive, poésie sensuelle qui conduit le regard au delà de l'image elle-même, harmonie sensible dont la nature est la base, la couleur et la lumière sont les moyens, le rythme est le moteur, la sensibilité est le guide et la raison le juge ; un mélange d'impressionnisme et d'orientalisme, contrôlé par un amour tout français de l'ordre ; tel est l'art d'Henri Matisse qui apporta une vie nouvelle à la peinture d'Occident, car, de même que l'impressionnisme a préparé la rupture définitive avec l'académisme du XIXe siècle, et qu'à leur tour, et chacun à sa manière, Renoir et Gauguin ont apporté à l'art théoriquement impersonnel des impressionnistes un élément de poésie sensuelle, Matisse a mis l'accent sur l'émotion et l'expression sensible, et cela à une époque dont l'art, sans lui, eût couru le risque d'être desséché par l'intellectualisme et l'abstraction.
«
Peintre français (1869-1954), chef du groupe des Fauves, une des plus grandes figures de l'art du XXème siècle,
maître de la couleur et de la forme conçues comme moyen d'expression de l'émotion.
Matisse naît à CateauCambrésis, dans le nord de la France, le 31 décembre 1869.
Il s'intéresse à la peinture en 1890 alors qu'il se remet
d'une crise d'appendicite.
Deux ans plus tard, il part étudier l'art à Paris.
Ses premiers professeurs sont académiques
et conservateurs.
Matisse s'intéresse à l'art contemporain, particulièrement aux impressionnistes, et commence à
expérimenter de nouvelles idées, ce qui lui vaut une réputation d'élève rebelle.
La vraie libération artistique,
l'utilisation de la couleur pour rendre les formes et organiser l'espace, est provoquée par l'influence de Paul Gauguin,
de Paul Cézanne et de Vincent Van Gogh, qu'il étudie attentivement autour de 1899.
En 1903-1904, il étudie la
peinture des pointillistes Henri Cross et Paul Signac, qui juxtaposent des petites touches ou des points de pigment
pur afin de créer la plus forte vibration visuelle possible.
Matisse adopte cette technique et la modifie, en appliquant
des coups de pinceaux plus larges.
En 1905, il a produit quelques unes des images les plus audacieuses jamais
créées, dont un portrait de sa femme (1905, Musée National, Copenhague), rendu singulier par le large coup de
pinceau vert brillant qui dessine le front et le nez de Madame Matisse.
Avec André Derain et Maurice de Vlaminck, il
forme un groupe surnommé les Fauves, à cause des émotions extrêmes qu'ils affectionnent, de leur utilisation de
couleurs vives et de leur déformation des formes.
Parmi les commandes importantes qu'il reçoit, un collectionneur
russe lui demande des panneaux muraux illustrant la danse et la musique (terminés en 1911, musée de l'Ermitage,
Saint-Petersbourg).
Des thèmes aussi larges plaisent à Matisse et lui permettent de donner libre cours à sa liberté
d'invention et de jouer sur la forme et sur l'expression.
Ses images de danseuses, et de la figure humaine en général,
suggèrent d'abord l'expression; les détails anatomiques sont secondaires.
Matisse étend ce principe à d'autres
domaines: ses bronzes, ses dessins et d'autres moyens d'expression graphique qu'il expérimente révèlent le même
contour expressif que sa peinture.
Matisse souligne l'importance de l'instinct et de l'intuition dans la création.
Selon
lui, un artiste n'a jamais le contrôle total sur la forme et sur la couleur; celles-ci,au contraire, dictent à l'artiste
réceptif comment il pourrait les employer en relation les unes avec les autres.
Vers la fin de sa carrière, Matisse
passe la plupart de son temps dans le sud de la France, à Nice en particulier, et peint des scènes locales avec des
applications fluides et légères de couleurs vives.
On lui commande la décoration de la petite chapelle de SainteMarie-du-rosaire à Vence, qu'il exécute entre 1947 et 1951.
Souvent obligé de garder le lit vers la fin de sa vie, il
s'occupe en créant des oeuvres faites de morceaux de papier coloré découpé qu'il arrange sur une toile.
Il meurt à
Nice le 3 novembre 1954.
Henri Matisse
Jusqu'à 20 ans, Henri Matisse ne montra pas de sensibilité particulière pour l'art.
Il avait suivi des études de droit à
la faculté de Paris et était devenu clerc de notaire à Saint-Quentin.
Il se mit à la peinture par désoeuvrement, lors
d'une convalescence consécutive à une opération de l'appendicite en 1890.
La révélation sera fulgurante.
En 1891,
il abandonne la carrière juridique pour se consacrer à la peinture et s'installe à Paris.
Il s'inscrit aux cours du soir de
l'École des Arts Décoratifs et entre dans l'atelier de Gustave Moreau aux Beaux-Arts.
A cette époque, le style de
Matisse est dominé par l'influence du réalisme hollandais du XVIIe siècle, mais un voyage en Bretagne en 1895
éclaircira sa palette.
La peinture en plein air éveille sa passion de la couleur pure, territoire qu'il explorera jusqu'à ce
qu'il atteigne l'intensité maximale de l'impact chromatique.
Durant ces premières années, Matisse acquiert un petit
succès dans les milieux officiels de l'art, mais il cessera d'exposer au Salon après 1899.
Malgré l'impasse financière
dans laquelle il se trouve, sa réputation d'artiste incontournable de l'art moderne ne cesse de croître.
Après avoir
expérimenté quelques temps la technique pointilliste de Seurat, il trouve dans les couleurs vibrantes de la
Méditerranée l'impulsion qu'il lui manquait pour débrider son style.
En 1905, il expose au Salon d'automne la Fenêtre
ouverte à Collioure et la Femme au chapeau.
Devant ces oeuvres aux couleurs violentes posées par taches plates,
le critique Louis Vauxcelles aura le mot de "fauves" pour caractériser péjorativement les exposants du salon,
baptisant sans le savoir le nouveau mouvement dont Matisse s'affirmera comme le chef de file, même si par ses
couleurs éclatantes il restait avant tout un révolutionnaire de l'art.
Enrichi par le succès commercial de sa peinture,
Matisse put parcourir le monde, s'astreignant malgré tout à une discipline de travail rigoureuse qu'il ne relâcha
jamais, même à la fin de sa vie.
Quand l'âge et l'infirmité réduisirent sa liberté de mouvement, il continua de dessiner
de grandes toiles au moyen d'un crayon attaché à une longue tige de bambou.
Les dernières oeuvres de
l'investigation créatrice de Matisse, de grandes gouaches découpées aux couleurs vives, révélèrent une nouvelle
fois l'audace et l'imagination de cet artiste fondamental.
Lumière et ligne, mais fondues selon un mode qui est plus
que matériel, décoration essentiellement expressive, poésie sensuelle qui conduit le regard au delà de l'image ellemême, harmonie sensible dont la nature est la base, la couleur et la lumière sont les moyens, le rythme est le
moteur, la sensibilité est le guide et la raison le juge ; un mélange d'impressionnisme et d'orientalisme, contrôlé par
un amour tout français de l'ordre ; tel est l'art d'Henri Matisse qui apporta une vie nouvelle à la peinture d'Occident,
car, de même que l'impressionnisme a préparé la rupture définitive avec l'académisme du XIXe siècle, et qu'à leur
tour, et chacun à sa manière, Renoir et Gauguin ont apporté à l'art théoriquement impersonnel des impressionnistes
un élément de poésie sensuelle, Matisse a mis l'accent sur l'émotion et l'expression sensible, et cela à une époque
dont l'art, sans lui, eût couru le risque d'être desséché par l'intellectualisme et l'abstraction.
"Il est à peu près entendu aujourd'hui, a écrit André Lhote (De la Palette à l'Écritoire, Paris, 1946) que, sans le
cubisme, la structure des tableaux contemporains manquerait de solidité ; il n'en est pas moins vrai que, sans
Matisse, la rigueur des rapports classiques manquerait d'un je ne sais quoi d'ailé, de souple et de fulgurant tout
aussi nécessaire à la vie profonde de l'oeuvre d'art que le rythme et l'ordonnance."
Matisse accepta l'héritage de la génération qui l'avait précédé et lui donna une vie nouvelle.
Ses camarades du.
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