Heidegger: oui et non à la technique
Extrait du document
«
On doit à Marcel Mauss une définition précise de la technique: « On appelle
technique un groupe de mouvement, d'actes généralement et en majorité
manuels, organisés et traditionnels, concourant à produire un but connu
comme physique, chimique ou organique; », Journal de psychologie.
La technique est donc ce qui nous permet de transformer le monde de nous
en rendre comme maîtres et possesseurs pour paraphraser Descartes.
La
technique entendue comme savoir faire productif exploite la connaissance
scientifique du monde pour réaliser des objectifs de l'espèce humaine.
Elle a
procuré aux sociétés contemporaines de nouvelles modalités de mise à
disposition et de nouvelles manières de travailler.
En ce sens il est difficile
d'envisager aujourd'hui la réalité et le devenir du monde sans considérer en
même temps un autre élément le savoir faire en renouvellement constant
auquel donne lieu l'application technique du savoir.
Mais la technique a ce
trait propre d'évoluer de façon indéterminée si bien d'ailleurs que l'homme ne
semble avoir de prise sur elle.
En effet si la technique elle a permis d'améliorer notre condition de vie elle est
également porteuse par-même d'effets néfastes.
On déplore souvent les
débordements de la technique, l'idée même que elle puisse un jour nous
asservir est souvent suggéré.
Autant dire que la technique suscite autant
l'espoir que la crainte, la confiance que la méfiance.
Elle est autant un
instrument de libération, qu'un instrument potentiel d'asservissement.
C'est cette ambiguïté que Heidegger décèle
dans la technique et qu'il souligne précisément dans ce texte, où le tout est de comprendre comment vivre dans un
monde habité par la technique sans tomber dans l'asservissement.
Nous verrons en premier lieu qu'il est impossible de nous passer de la technique de « Il serait insensé..
» à « il faut
qu'on en use.
»
Et ensuite que dans cette mesure ce qui doit être envisagé c'est un bon usage de la technique par lequel nous
restons maîtres de celle-ci.
(De « Mais nous pouvons en même temps....
» à « qui dépendent de plus haut
qu'elles ».
La technique habite notre vie
Heidegger part d'un constat c'est qu'il est inenvisageable de vivre sans la technique.
Ainsi il écrit: « Il serait insensé
de donner l'assaut, tête baissée, au monde technique et ce serait faire preuve de vue courte que de vouloir
condamner ce monde comme étant l'œuvre du diable.
».
Refuser la technique comme la condamnée en faisant une
œuvre diabolique est tout à fait vain.
Et ce pour une raison fondamentale c'est que nous ne serions vivre sans la
technique.
Nous sommes même continuellement poussés à perfectionner les objets technique.
Il écrit: « Nous
dépendons des objets que la technique nous fournit et qui, pour ainsi dire, nous mettent en demeure de les
perfectionner sans cesse.
».
Mais qui dit dépendance dit également aussi risque d'asservissement.
C'est ce à quoi
Heidegger lui-même conclut.
Il écrit: « Toutefois, notre attachement aux choses techniques est maintenant si fort
que nous sommes à notre insu devenus leurs esclaves.
».
Mais si Heidegger refuse de tomber dans la condamnation
morale c'est que si la technique n'est pas le fait de forces diaboliques l'asservissement que l'on peut ressentir vis-àvis de la technique n'est pas irréversible.
Il écrit alors: « Mais nous pouvons nous y prendre autrement.
».
la
technique ne nous contraint à rien même si elle forge une modalité de notre rapport au monde.
C'est dans cette
mesure qu'il peut écrire: « Nous pouvons utiliser les choses techniques, nous en servir normalement mais en même
temps nous en libérer de sorte qu'a tout moment nous conservions nos distances à leur égard ».
La dépendance vis
à vis de la technique se situe dans le fait que nous ne prenons pas assez de distance par rapport à elle, que nous
nous reposons sur elle.
Nous délestant ainsi de notre rôle de maîtrise que nous devons toujours garder vis-à-vis des
objets techniques.
C'est en ce sens qu'il conclut cette partie en écrivant: « Nous pouvons faire usage des objets
techniques comme il faut qu'on en use.
».
Il faut user de la technique non se reposer sur elle.
Mais en quoi consiste
précisément ce bon usage de la technique?
Le bon usage de la technique
Si la solution ne réside pas dans un refus radicale de la technique même si celle-ci contient en elle le risque de nous
asservir, comment en faire un bon usage? C'est-à-dire un usage qui maintient le mieux possible notre autonomie? Il
faut pour se faire, que la technique n'intervienne pas dans ce qui fait notre être mais qu'elle conserve son rôle
fondamentale et premier qui est de nous faciliter notre existence.
Il écrit: « Mais nous pouvons en même temps
laisser à eux mêmes comme ne nous atteignant pas dans ce que nous voulons de plus intime et de plus propre.
».
L'asservissement intervient justement quand la technique se place dans ce qui fait notre être, notre identité,
lorsque elle nous aliène.
Qu'elle fait qu'un objet technique se substitue à notre être.
Là l'usage de la technique que
nous faisons est corrompu.
Il faut donc et paradoxalement à la fois dire oui à la technique et se refuser à elle.
De là
il écrit: : « Nous pouvons dire "oui" à l'emploi inévitable des objets techniques et nous pouvons en même temps lui
dire "non" en ce sens que nous les empêchions de nous accaparer et ainsi fausser, brouiller et finalement vider notre
être.
».
Il faut se distancier par rapport à technique, faire qu'elle ne devienne pas une partie de nous.
Mais.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Heidegger: oui et non à la technique.
- Heidegger et la critique de la technique
- Explication du texte de Heidegger Thème : Rapport de l’homme à la technique
- Heidegger: La technique
- Heidegger: La science et la technique