Heidegger: Le dasein et le temps
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«
LE DASEIN ET LE TEMPS
Pour accéder à l'être, Heidegger choisit de s'intéresser au seul étant qui
a la possibilité de s'interroger sur l'être.
Cet étant singulier, c'est
l'homme.
Heidegger l'appelle Dasein.
Ce terme allemand qui signifie
habituellement existence (littéralement « être-là ») désigne ici le mode
particulier d'existence de l'homme, qui consiste ù être le lieu unique où
l'être s'apparaît comme tel ù lui-même.
Pour la simplicité de la lecture,
vous pouvez dans la fiche remplacer « le Dasein» par « l'homme ».
A.
L'existence du Dasein
La nature du Dasein est d'être une conscience ; et la nature de la
conscience est d'être en rapport avec le monde et avec soi-même.
Le
Dasein est ainsi le contraire d'une chose.
« L'essence du Dasein réside dans son existence » : l'existence ne
doit plus être comprise ici comme le simple fait d'être, mais comme la
caractéristique d'un étant qui ne coïncide jamais parfaitement avec luimême, mais sort constamment de lui-même.
Le Dasein est en relation
permanente d'instabilité avec soi (cf.
fiches 59 et 87).
S'il n'est rien de
défini, c'est qu'il a devant lui toute l'étendue du possible.
B.
Le Dasein et le temps
La caractéristique fondamentale du Dasein est d'être temporel.
Non pas d'être situé « dans le temps », ce qui
est aussi le cas des choses, mais d'être tout entier, intérieurement, tissé par le temps.
Non pas le temps
extérieur, mais le temps vécu.
Le Dasein est temporel au sens où l'on dit d'un être fait de matière qu'il est «
matériel ».
Le temps n'est pas l'objet de la conscience : le Dasein est temps (pour approcher cette idée, dites-vous que le
temps est aussi essentiel au Dasein qu'il l'est à une mélodie).
Prendre conscience de soi, acquérir une identité,
et la poser comme telle, tout cela ne serait pas possible dans l'identité opaque d'un instant sans passage.
Être
présent à soi, faire réflexion sur soi, c'est se décoller de soi, ce qui serait impossible sans le temps qui nous
arrache à l'inertie de l'instant.
Le Dasein est donc constitué par l'unité synthétique des trois dimensions temporelles (passé, présent, futur) ;
Heidegger les appelle des « ex-tases », car en elles le Dasein sort de lui-même, s'étend pour revenir à soi.
Disons même que le soi n'est rien d'autre que ce retour à soi après la sortie dans l'extériorité.
Le Dasein en relation
A.
L'être-au-monde
Avant de revenir sur la temporalité du Dasein, nous devons en examiner les modes concrets d'existence.
Le
principal est « l'être-aumonde ».
Le Dasein n'est pas dans le monde comme l'eau est dans le verre, ni comme la vache est dans le pré.
Il s'y
rapporte consciemment.
Il a l'idée d'une totalité.
À proprement parler, il n'y a de monde que pour le Dasein.
L'animal, lui, vit dans le monde mais ne le sait pas, car il ne peut prendre de distance par rapport à la totalité
de l'étant.
Il ne se décolle pas de ses sensations.
Il ne prend pas ce recul particulier qui fait que l'homme peut
se sentir seul dans l'univers.
L'animal vit dans son milieu ; le Dasein existe dans le monde.
Cette relation au monde est constitutive du Dasein : la conscience est essentiellement, de part en part,
ouverture sur l'être.
Le Dasein est un rapport.
Il y a mille manières de se rapporter au monde ; on peut le cultiver, l'aimer, le haïr.
Mais il est impossible de ne
pas s'y rapporter.
C'est pourquoi fuir le monde est encore une manière d'être au monde, une manière d'y
assumer sa situation.
B.
Le monde humain
Les choses du monde, dans la vie quotidienne, apparaissent toutes, en un sens large, comme des « outils »,
c'est-à-dire comme des choses à l'usage du Dasein, et relatives à lui.
Tous les objets ont un sens humain, et
sont immédiatement appréhendées de cette manière.
Les routes, les villes, les opinions, l'air, le soleil sont des
choses utiles pour assurer notre présence au monde.
Or, chaque outil renvoie à tous les autres, et l'ensemble
forme un système qui prend son sens par le Dasein qui en est l'utilisateur.
Le monde, comme système d'« outils » ayant un sens social, nous renvoie d'emblée à autrui, comme à celui qui
participe à ce même monde.
Les objets renvoient tacitement aux autres, à l'humanité.
Mes gestes, mes paroles
portent tous en eux la présence d'autrui..
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