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HEGEL: violence, vengeance et droit

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La vengeance se distingue de la punition en ce que l'une est une réparation obtenue par un acte de la partie lésée, tandis que l'autre est l'oeuvre d'un juge. C'est pourquoi il faut que la réparation soit effectuée à titre de punition, car, dans la vengeance, la passion joue son rôle et le droit se trouve ainsi troublé. De plus, la vengeance n'a pas la forme du droit, mais celle de l'arbitraire, car la partie lésée agit toujours par sentiment ou selon un mobile subjectif. Aussi bien le droit qui prend la forme de la vengeance constitue à son tour une nouvelle offense, n'est senti que comme conduite individuelle et provoque, inexpiablement, à l'infini, de nouvelles vengeances. HEGEL



« La vengeance se distingue de la punition en ce que l'une est une réparation obtenue par un acte de la partie lésée, tandis que l'autre est l'oeuvre d'un juge. C'est pourquoi il faut que la réparation soit effectuée à titre de punition, car, dans la vengeance, la passion joue son rôle et le droit se trouve ainsi troublé.

De plus, la vengeance n'a pas la forme du droit, mais celle de l'arbitraire, car la partie lésée agit toujours par sentiment ou selon un mobile subjectif.

Aussi bien le droit qui prend la forme de la vengeance constitue à son tour une nouvelle offense, n'est senti que comme conduite individuelle et provoque, inexpiablement, à l'infini, de nouvelles vengeances. 1) Quelle est la thèse de Hegel et comment le texte est-il construit ? 2) Expliquez: a) "un acte de la partie lésée" b) "le droit se trouve ainsi troublé" c) "un mobile subjectif" 3) La punition peut-elle ne rien devoir à la vengeance ? 1. Énoncé de la thèse de Hegel: En tant qu'acte de droit, la punition s'oppose rigoureusement à la logique purement passionnelle de la vengeance. Étude de la construction du texte: Tout le texte constitue une exposition et une justification argumentée de l'opposition de la vengeance et de la punition. • La première phrase explicite l'opposition des deux termes en distinguant leurs sources respectives : la victime et le juge, considérés comme auteurs des actes envisagés. • Les deuxième et troisième phrases mettent en place la punition comme acte de droit, et désolidarisent la réparation de toute implication passionnelle, donc de la vengeance, rattachée à l'arbitraire. • La dernière phrase récuse toute confusion entre le droit et la vengeance, et en indique les conséquences intenables (logique de la violence). 2. a) « un acte de la partie lésée » : une réaction de la victime qui, ayant subi un préjudice, veut obtenir réparation ellemême ; b) « le droit se trouve ainsi troublé » : le droit, défini comme ensemble de règles qui rend possible la cohésion et la concorde d'un groupe, ne peut s'affirmer que dans le silence des passions : en tant que détermination rationnelle des normes de la vie commune, il requiert l'avènement, en chaque individu, de la raison, faculté de saisir les exigences ultimes de l'organisation commune, et de les mettre en oeuvre ; l'assujettissement aux impulsions, à la passion d'un intérêt particulier exacerbé, ne peut que perturber cette mise en oeuvre ; c) « un mobile subjectif » : le mobile, c'est ce qui pousse à agir, à mettre en mouvement ; le mobile peut relever de l'affectivité, de la subjectivité personnelle, ou d'un examen réfléchi et rationnel ; est subjectif un mobile qui relève de la subjectivité, c'est-à-dire de l'affectivité propre à chaque homme, considéré dans la particularité de son existence et de ses réactions. 3.

« Nul n'a le droit de se faire justice soi-même.

» Comprendre un tel précepte, c'est se délivrer des représentations non réfléchies qui peuvent résulter des impressions et des impulsions premières.

Il peut sembler paradoxal en effet d'interdire à la victime de l'agression toute riposte qui ne relève pas de la légitime défense.

Pourtant, la fondation d'un état de droit est incompatible avec l'acceptation de la possibilité d'une telle riposte, qui conduirait à transformer l'ensemble de la société en un champ clos de luttes incessantes, en un règne de la vendetta.

Pour que la punition soit normée par la seule loi, il faut qu'elle soit affranchie de toute passion.

La punition peut-elle ne rien devoir à la vengeance ? La volonté de dissocier punition et vengeance relève d'une conception générale des rapports entre les hommes dans une société civilisée.

Pour faire échapper ces rapports au règne de la violence et à la loi du plus fort, il faut les placer sous la juridiction d'un état de droit, où doit prévaloir la norme de ce qui doit être, conformément à une exigence de justice.

Dans un tel cadre, toute infraction, après avoir été dûment établie et caractérisée, doit être sanctionnée conformément à la loi, et non selon l'appréciation personnelle de tel ou tel individu, ou le désir de vengeance de la victime.

Placer toute punition sur le plan de la loi commune et des dispositions générales qui la concrétisent, c'est lui assurer sa force et sa légitimité : nul n'en peut contester le principe ou l'application dès lors qu'elle s'impose à tous de. »

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