HEGEL: L'Esprit dans l'histoire.
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«
Qu'est-ce que l'Esprit dans l'histoire ?
Introduction :
Dans son livre la Raison dans l'histoire, Hegel cherche à penser l'histoire universelle comme le processus d'incarnation de l'Esprit
absolu.
En effet, le postulat rationaliste de Hegel est le suivant : la raison ou l'esprit gouverne le monde.
La thèse principale est :
l'histoire est le lieu où l'esprit travaille à s'incarner.
: « l'histoire universelle est la manifestation du processus divin ».
Notre texte nous
met alors face à deux interrogations : tout d'abord quelle est la structure ontologique que doit posséder l'Esprit pour pouvoir se
connaître soi-même et se réaliser ?Autrement dit qu'est-ce qui dans la nature de son être lui permet de s'incarner à travers l'histoire ?
Et ensuite par quel moyen l'Esprit peut-il faire cela ?
I L'Esprit est un être qui a la même structure que le sujet humain conscient
_ Quel est donc l'être de l'esprit ? Hegel commence par le définir négativement : « l'Esprit n'est pas un être naturel comme l'animal qui
est ce qu'il est immédiatement ».
L'animal est en effet un être sans esprit dans la mesure où son concept est réalisé dès sa naissance :
il n'a pas à être car il est tout ce qu'il est sans avoir besoin d'une médiation pour la faire être.
En ce sens on peut parler d'une
perfection de l'animal : est parfait une chose qui n'a plus besoin de médiation pour trouver son achèvement.
Par opposition, l'homme
est un être perfectible, c'est-à-dire imparfait : il n'est pas tout ce qu'il est immédiatement, mais il a besoin du temps pour devenir ce
qu'il a à être.
_ L'Esprit possède en ce sens la même structure que la sujet humain.
En effet l'homme n'est pas un être donné, il doit se construire,
c'est-à-dire se faire être lui-même.
Ce qui n'est pas immédiatement tout ce qu'il doit être doit nécessairement en passer par un faire :
« L'esprit se produit lui-même, il se fait lui-même, il se fait lui-même ce qu'il est ».
Si l'esprit comme l'homme a un rapport à son être
comme une exigence à réaliser, il est logique que « son être n'est pas existence en repose, mais activité pure ».
Par rapport à la
quiétude de l'être naturel qui n'a qu'à être ce qu'il est, on peut alors parler d'une in-quiétude de l'esprit; Toute son être « est d'avoir été
produit par lui-même, d'être devenu pour lui-même, de s'être fait par soi-même.
Par analogie on pourrait dire de l'esprit qu'il est un
« self-made man » c'est-à-dire un être qui s'est fait lui-même.
_ L'existence désigne la manière pour un être d'être hors de son être.
Ainsi « pour exister vraiment il faut qu'il ait été produit par luimême : son être est le processus absolu.
»Si l'Esprit a à se produire lui-même, la production de son être réclame du temps, c'est la
raison pour laquelle on peut parler du processus.
Mais pourquoi processus absolu ? Contrairement à ce qui est relatif, ce qui est absolu
n'a besoin que de lui-même pour être ce qu'il est; or l'Esprit est absolu en ce que son « processus est médiation de lui-même avec luimême et par lui-même (et non par un autre) ».
Aussi puisque l'esprit est un processus, il implique une marche vers une nouvelle
forme, opération appelée « différenciation ».
C ette différenciation de l'existence de l'esprit en « moments » correspond exactement à
l'existence humaine qui, elle aussi se livre « au mouvement et au changement » et afin de se faire être elle-même, se différencie en
différentes étapes temporelles comme l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte et la vieillesse.
Nous avons montré que la structure de l'Esprit est la même que la structure du sujet humain conscient qui se fait être lui-même à
travers différents moments.
Mais par quel moyen l'esprit parvient-il à se réaliser au sein de l'histoire ?
II Le devoir de l'esprit est se connaître soi-même et de se réaliser à travers les peuples
_ La reconnaissance de la structure de l'Esprit est destinée à comprendre l'histoire universelle.
En effet le projet de Hegel s'intègre dans
les philosophies de l'histoire qui tentent, par la reconstitution du passé, de produire une interprétation globale du passé tout entier en
en dégageant le sens.
Ainsi l'interrogation sur l'être de l'esprit est ici convoquée comme un prisme herméneutique destiné à
comprendre l'histoire universelle.
Grâce à cette définition de l'Esprit, on peut comprendre l'histoire universelle comme « la
manifestation du processus divin , de la marche graduelle par laquelle l‘Esprit connaît et réalise sa vérité».
Dieu ou l'Esprit ou la Raison
s'incarne dans l'histoire parce qu'il doit lui-même se faire être dans la mesure où il n'est pas tout ce qu'il est immédiatement.
Ainsi
analogie entre l'homme et l'Esprit trouve son achèvement dans cette idée : l'homme se distingue des animaux pas sa capacité de
réaliser son être et de prendre conscience de lui-même.
De même, l'Esprit réalise son être à travers l'histoire et durant cette
réalisation, il prend progressivement conscient de lui-même, tel un petit homme en qui la raison grandit : « tout ce qui est historique
est une étape de la connaissance de soi ».
Nous ne pouvons nier que toutes les étapes déjà passées de notre enfance nous rendent
plus conscients de ce que nous sommes, et même de ce que nous avons encore à devenir.
On peut ainsi dire que le seul être de
l'homme est son devoir être; de même « le devoir suprême, l'essence de l'esprit est de se connaître soi-même et de se réaliser »;
_ Comment l'Esprit parvient-il donc à se réaliser .
L'esprit se produit lui-même dans l'histoire sous la forme de peuples historiques par
lesquels il peut prendre conscience de soi.
« Chacun de ses peuples exprime une étape, désigne une époque de l'histoire
universelle.
»Ainsi les peuples correspondent dans la structure humaine à des étapes de notre existence comme l'enfance par exemple.
Aussi de même que l'enfance est appellée à être dépassée dans l'adulte, mais en même temps conservée dans la mémoire, les peuples
se succèdent les uns après les autres selon « une connexion nécessaire qui exprime la nature de l'esprit ».
Qu'est-ce à dire ? « ce
peuples incarnent les principes que l'Esprit a trouvés en lui et qu'il a dû réaliser dans le monde ».
_ Prenons un exemple de Hegel lui-même : si l'histoire universelle est la présentation de l'esprit dans son effort pour acquérir le savoir
de ce qu'il est en soi, les Orientaux croient que la liberté est réservée à un seul homme le despote, puis les Grecs pensèrent que
quelques uns les citoyens étaient libres, enfin le christianisme affirma que tout homme est libre du seul fait qu'il est un homme .
Dans
ces exemples on peut observer un progrès de la conscience de l'esprit par l'esprit lui-même au moment où il se réalise.
Aussi si « les
peuples historiques, les caractères déterminés de leur éthique collective, de leur constitution de leur art, de leur religion, de leur
science constituent les configurations de cette marche graduelle », il est alors nécessaire que les peuples soient compris comme des
expressions multiples et contradictoire d'une vérité en marche, celle de l'esprit absolu.
Conclusion :
L'esprit est un être qui a la même structure que le sujet humain conscient : contrairement à l'animal, il a à se faire être par
processus graduel différencié en une pluralité de moments qui se nient les uns les autres, mais se réconcilient dans l'unité
l'existence elle-même.
C'est sa structure ontologique comme exigence de réalisation et de connaissance de soi qui lui permet
s'incarner dans l'histoire et c'est par sa définition que l'histoire universelle peut devenir intégralement intelligible : les peuples sont
moyens par lequel l'esprit s'autoproduit et au sein de ses peuples, nous pouvons préciser que ce sont les grands hommes
permettent à l'Esprit d'accéder à l'effectivité ( die Wirklichkeit).
un
de
de
les
qui.
»
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