Hegel: Dialectique du maître et de l'esclave
Extrait du document
«
Hegel, dans la phénoménologie de l'Esprit, développe un système
philosophique qui fonde toute sa pensée : la dialectique.
Cette dialectique
hégélienne désigne l'accès à la vérité et à l'idéalisme absolu via des idées
contradictoires.
C'est de la confrontation des contraires et de leur
dépassement dans la synthèse des deux que la pensée se construit pour le
philosophe.
Ainsi, la négation n'est jamais pensée comme un échec chez
Hegel, mais plutôt comme une étape nécessaire et constructive vers la
vérité.
Le texte étudié ici s'enracine dans cette conception de la négation
« formatrice », et illustre sa théorie en donnant un exemple pratique, celui du
travail humain.
La thèse formulée par l'auteur dans ce passage est celle d'un
travail libérateur de la conscience humaine, qui serait cause d'un retour de la
conscience sur elle-même, d'une prise de la conscience humaine sur ellemême, et ainsi d'une autonomie de l'esprit qui émancipe l'homme.
Pour
expliquer cela, Hegel procède méthodiquement en décrivant les diverses
étapes de cette appropriation de la conscience par elle-même grâce au
travail de l'homme.
D'abord, Hegel expose le rapport de l'homme à l'objet
lorsqu'il n'est pas dans un cadre de travail, à travers la figure du maître, qui
ne travaille pas.
Puis il oppose à cette première situation celle du travailleur,
et en souligne les différences intrinsèques.
Enfin, il explique la conséquence
de ce rapport singulier que le travail instaure entre le travailleur et l'objet, en
démontrant qu'il permet à la conscience de se révéler dans son
indépendance.
1ère partie : Thèse.
Situation initiale de la conscience dans son rapport aux objets.
- Hegel commence par poser la thèse du texte dès la première phrase : « C'est par la médiation du travail que la
conscience vient à soi-même ».
Il annonce ce qu'il va démontrer par la suite, la libération de la conscience qui se
découvre à elle-même grâce au travail, c'est-à-dire grâce à l'activité par laquelle l'homme transforme le monde pour
satisfaire ses besoins et désirs.
L'auteur introduit d'emblée le travail comme une « médiation », c'est-à-dire un
passage, un moyen, une étape nécessaire au retour de la conscience sur elle-même.
La conscience se constitue
donc à travers différents « moments ».
- Le premier « moment » envisagé par l'auteur est celui qui « correspond au désir dans la conscience du maître ».
Hegel désigne par « maître » l'homme qui ne travaille pas (qui fait travailler d'autres à sa place).
Comme tout
homme, le maître désire, et il entretient avec la chose désirée un « rapport inessentiel ».
Cela signifie que la chose
désirée est absolument distincte, différente et indépendante du maître qui la désire.
La chose « maintient son
indépendance », et en cela la conscience reste « conscience servante » car seulement conscience de la chose,
donc asservie à un objet dont son rôle est de prendre conscience.
- Dans le rapport désirant, le désir reste désir et la chose reste la chose.
C'est ce que signifie Hegel lorsqu'il dit que
« le désir s'est réservé à lui-même la pure négation de l'objet ».
La « pure négation » désigne ici le fait que le désir
du maître s'oppose radicalement à l'objet en le pensant comme objet, distinct et différent de lui.
Il n'y a en aucun
cas confusion entre le maître et l'objet qu'il désire puisque les deux ne sont liés par aucun autre rapport que le
rapport de désir, qui est « rapport inessentiel ».
« Nier » l'objet consiste ici à objectiver l'objet, c'est-à-dire à le voir
comme objet et rien d'autre.
C'est cette négation qui permet à l'homme de rester soi-même, et de s'affirmer dans
son indépendance par son opposition aux objets.
L'homme ainsi désirant est dans un « sentiment sans mélange de
soi-même ».
2ème partie : Problème : ce rapport distinct entre conscience et objets ne dure pas.
Solution par le travail.
Hegel qualifie de « satisfaction » ce premier moment de rapport inessentiel aux choses par le désir de l'homme oisif
(qui ne travaille pas).
Il faut rappeler que d'après la thèse exposée en prémisse, la fin visée par l'auteur est de
rechercher l'autonomie de la conscience dans un retour de la conscience sur elle-même.
Il semble juste de parler de
« satisfaction », dans la mesure où l'auteur vient de montrer que le sentiment sans mélange de soi-même, c'est-àdire la conscience de soi, était possible.
- Cependant, Hegel soulève un problème inhérent à cette première situation : elle n'est pas durable, mais constitue
un « état disparaissant ».
La cause de cette précarité en est le « manque de côté objectif ou la subsistance ».
Hegel introduit alors la notion de « travail », que la notion de « subsistance » annonçait.
Pour l'auteur, ce n'est que
dans un rapport de travail, c'est-à-dire dans le rapport du travailleur avec l'objet qu'il transforme pour son travail,
que la conscience peut se libérer durablement.
- En effet, le travail est « désir réfréné, disparition retardée ».
Il est donc un désir, mais comporte une dimension
supplémentaire, celle de son inaccessibilité immédiate.
C'est par le travail que le désir va être satisfait, c'est-à-dire
par l'action de l'homme sur l'objet de son désir.
Le rapport du travailleur à l'objet est alors dans un rapport de
domination, car c'est le travailleur qui « forme » l'objet, et la négativité exercée par l'homme n'est plus de l'ordre
d'une simple objectivation des choses, mais d'une création, d'une transformation de la chose.
L'objet pour le
travailleur n'est donc plus seulement saisissable en un moment, mais est formé pour durer.
- le rapport négatif à l'objet devient alors permanent pour le travailleur qui est opposé pour toujours à l'objet, et non
à un moment donné comme pour le maître.
« À l'égard du travailleur, l'objet a une indépendance », insiste Hegel, et.
»
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