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FREUD: une illusion n'est pas la même chose qu'une erreur

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Une illusion n'est pas la même chose qu'une erreur, une illusion n'est pas non plus nécessairement une erreur. L'opinion d'Aristote, d'après laquelle la vermine serait engendrée par l'ordure - opinion qui est encore celle du peuple ignorant -, était une erreur ; de même l'opinion qu'avait une génération antérieure de médecins, et d'après laquelle le tabès aurait été la conséquence d'excès sexuel. [...] Ce qui caractérise l'illusion, c'est d'être dérivée des désirs humains ; elle se rapproche par là de l'idée délirante en psychiatrie, mais se sépare aussi de celle-ci [...]. L'idée délirante est essentiellement -nous soulignons ce caractère -en contradiction avec la réalité ; l'illusion n'est pas nécessairement fausse. Une jeune fille de condition modeste peut par exemple se créer l'illusion qu'un prince va venir la chercher pour l'épouser. Or ceci est possible ; quelques cas de ce genre se sont réellement présentés. Que le Messie vienne et fonde un âge d'or, voilà qui est beaucoup moins vraisemblable : suivant l'attitude personnelle de celui qui est appelé à juger de cette croyance, il la classera parmi les illusions ou parmi les équivalents d'une idée délirante. [...] Ainsi nous appelons illusion une croyance quand, dans la motivation de celle-ci la réalisation d'un désir est prévalente, et nous ne tenons pas compte, ce faisant, des rapports de cette croyance à la réalité, tout comme l'illusion elle-même renonce à être confirmée par le réel. FREUD

« PRESENTATION DE "L'AVENIR D'UNE ILLUSION" DE FREUD Cette oeuvre s'inscrit dans une réflexion sur la culture, à la lumière des découvertes de la psychanalyse.

Analysant le rapport de la religion au désir, Freud (1856-1939) montre sa nature d'illusion.

Il critique sa valeur, tant pour le bonheur individuel que pour le maintien de la société, et invite à son dépassement rationnel.

Mais Freud se garde ici de tout scientisme : renoncer à la religion ne consiste pas à la remplacer par une autre illusion, la croyance en la toute-puissance de la science. La religion apparaît comme un phénomène culturel universel : présente dans toutes les sociétés humaines, elle a même résisté aux progrès de la science dans les sociétés modernes.

Pour expliquer sa permanence, il faut saisir sa fonction au sein de la culture et les besoins — conscients et inconscients, auxquels elle répond.

À partir de là, on peut s'interroger sur la valeur réelle de la religion, pour savoir si l'on doit la conserver.

Reste alors à se demander si les hommes peuvent se passer de religion. FREUD : QU'EST-CE QU'UNE ILLUSION ? Freud différencie l'illusion de l'erreur, et celles-ci du délire.

Constituent des illusions les idées que nous tenons pour vraies parce qu'elles répondent à nos désirs, quel que soit par ailleurs leur rapport objectif à la réalité. « Une illusion n'est pas la même chose qu'une erreur, une illusion n'est pas non plus nécessairement une erreur.

L'opinion d'Aristote, d'après laquelle la vermine serait engendrée par l'ordure - opinion qui est encore celle du peuple ignorant -, était une erreur ; de même l'opinion qu'avait une génération antérieure de médecins, et d'après laquelle le tabès aurait été la conséquence d'excès sexuel.

[...] Ce qui caractérise l'illusion, c'est d'être dérivée des désirs humains ; elle se rapproche par là de l'idée délirante en psychiatrie, mais se sépare aussi de celleci [...].

L'idée délirante est essentiellement -nous soulignons ce caractère -en contradiction avec la réalité ; l'illusion n'est pas nécessairement fausse.

Une jeune fille de condition modeste peut par exemple se créer l'illusion qu'un prince va venir la chercher pour l'épouser.

Or ceci est possible ; quelques cas de ce genre se sont réellement présentés.

Que le Messie vienne et fonde un âge d'or, voilà qui est beaucoup moins vraisemblable : suivant l'attitude personnelle de celui qui est appelé à juger de cette croyance, il la classera parmi les illusions ou parmi les équivalents d'une idée délirante.

[...

] Ainsi nous appelons illusion une croyance quand, dans la motivation de celle-ci la réalisation d'un désir est prévalente, et nous ne tenons pas compte, ce faisant, des rapports de cette croyance à la réalité, tout comme l'illusion elle-même renonce à être confirmée par le réel.

» FREUD, L'Avenir d'une illusion, P.U.F.

p.

44-45 Ordre des idées 1) Freud oppose erreur et illusion: une illusion n'est pas nécessairement une erreur. - Exemples d'erreurs : des idées scientifiquement dépassées, qu'on a crues en accord avec le réel et dont on a découvert qu'elles ne l'étaient pas. - Caractère majeur de l'illusion : elle est faite d'idées qui sont inspirées par le désir ; leur vérité ou leur fausseté est alors inessentielle.

La vraie distinction entre l'erreur et l'illusion apparaît au montent de la réfutation.

On explique ainsi pourquoi l'illusion survit à sa réfutation.

A l'inverse de l'erreur, qui une fois rectifiée disparaît.

Par exemple, on peut aisément faire comprendre à quelqu'un que de la double affirmation : les poissons vivent dans l'eau, la baleine vît dans l'eau on ne saurait logiquement conclure que la baleine est un poisson, car la première proposition ne dit pas que seuls les poissons vivent dans l'eau.

Tout le monde peut comprendre qu'un syllogisme de ce genre (syllogisme dit de la « deuxième figure », parce que les deux premières propositions ont le même attribut ici « vivent dans l'eau ») ne peut avoir de conclusion que négative.

Il est correct de dire : Les poissons vivent dans l'eau.

Or l'écureuil ne vit pas dans l'eau, donc l'écureuil n'est pas un poisson.

Lorsque la règle logique a été vraiment comprise, on ne commet plus l'erreur. Selon Freud la plupart des illusions sont le produit de nos désirs.

Ce sont des croyances suscitées par le désir, par le besoin impérieux de satisfaire nos pulsions.

C'est donc le principe du plaisir, et l'oubli du principe de réalité qui est à la racine de l'illusion. 2) Freud différencie alors illusion et délire. a) Caractère de l'idée délirante : par définition, elle est perception non conforme au réel, en contradiction avec ce qui est. b) Caractère différent de l'illusion : inspirée par le désir, elle peut être réalisable (même si c'est rare).

Par exemple, une jeune fille de condition modeste qui est convaincue qu'un jour ou l'autre un prince viendra la chercher dans son taudis et l'épousera.

Cela est très peu probable, mais cela s'est déjà produit ! Un autre exemple qui montre qu'une illusion ne soit pas loin de la vérité, comme le rêve alchimiste – la transmutation du plomb en or – dont nous savons, depuis que nous connaissons la formule atomique des métaux, qu'il était raisonnable...

sans le savoir ! L'illusion reste toujours dans les limites du possible, aussi éloigné soit-il. Exemples d'illusions: - réalisables en droit : qu'une souillonne épouse un prince charmant (cf.

ci-dessus); - qu'il est difficile de différencier du délire : la croyance en la venue d'un Messie ; 3) Définition de l'illusion, au sens strict : une idée tenue pour vraie non parce qu'on a vérifié sa conformité avec le réel mais parce qu'on désire qu'elle soit vraie.. »

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