FREUD: L'idée délirante est en contradiction avec la réalité
Extrait du document
«
L'idée délirante est essentiellement - nous soulignons ce caractère - en
contradiction avec la réalité ; l'illusion n'est pas nécessairement fausse,
c'est-à-dire irréalisable ou en contradiction avec la réalité.
Une jeune fille
de condition modeste peut par exemple se créer l'illusion qu'un prince va
venir la chercher pour l'épouser.
Or ceci est possible ; quelques cas de ce
genre se sont réellement présentés.
[...] Ainsi nous appelons illusion une
croyance quand, dans la motivation de celle-ci, la réalisation d'un désir
est prévalente, et nous ne tenons pas compte, ce faisant, des rapports de
cette croyance à la réalité, tout comme l'illusion elle-même renonce à
être confirmée par le réel.
L'illusion est un obstacle à la connaissance d'autant plus dangereux, que sa
caractéristique essentielle est de court-circuiter le jugement à l'insu de la
conscience.
Elle constitue une intrusion de l'affectivité dans le champ de la
raison.
Problématique.
L'illusion ne peut se confondre avec l'erreur.
L'erreur n'est que la conséquence
d'une défaillance de la raison, alors que dans l'illusion la part de l'affectivité est
prépondérante.
L'illusion n'est pas toujours erronée, même si la croyance qu'elle
suppose n'a pas été élaborée par la raison : certaines illusions peuvent même
correspondre à la réalité.
Enjeux.
La distinction entre illusion et idée délirante est pertinente pour comprendre ce qui distingue le psychisme perturbé du
psychisme "normal".
S'il est normal d'avoir des illusions, dans la mesure où on peut y voir une sorte de ruse créatrice de
l'affectivité, l'idée délirante s'en distingue par son caractère nettement exagéré.
L'idée obsessionnelle, la bouffée
délirante peuvent s'avérer extrêmement dangereuses pour l'individu et pour son entourage, dans la mesure où elles
peuvent être le signe d'une psychose.
Introduction :
Dans cet extrait, le psychanalyste Freud cherche à définir un symptôme de pathologie psychique qu’il désigne par
l’expression d’« idée délirante ».
Ce n’est pas la cause ou la forme de ce symptôme que Freud décrit ici, mais plutôt le
mécanisme psychique dans lequel il s’inscrit, et la perturbation qu’il introduit chez l’individu.
Pour bien faire comprendre
la spécificité de l’idée délirante, Freud établit une comparaison ave « l’illusion », et nous offre finalement à l’ici de
cette distinction conceptuelle une explication de deux processus psychiques différents chez l’humain : l’illusion et l’idée
délirante.
C’est dans leur rapport avec le réel que ces deux productions de l’esprit humain se distinguent radicalement,
et leur explication nous permet de mieux comprendre les différents degrés de croyance chez les hommes, et leurs
effets sur notre jugement et notre comportement.
Ce texte peut donc s’inscrire dans une théorie de la connaissance,
car il cherche à comprendre les mécanismes de l’esprit humain dans son rapport à la réalité, et partant, à évaluer notre
possibilité de connaître ou de s’éloigner du réel et du vrai.
1.
L’illusion et l’idée délirante par rapport à la réalité.
Freud commence par donner le trait essentiel de « l’idée délirante », c’est-à-dire ce qui fait qu’elle est telle qu’elle est,
ce qui la détermine ultimement et sans quoi elle ne serait pas.
Ce caractère essentiel de l’idée délirante est une
détermination négative, puisque c’est parce qu’elle est en contradiction avec la réalité que l’idée est délirante.
L’idée
délirante ne nie pas seulement la réalité, en n’en tenant pas compte où en la voilant, mais elle la « contredit », c’està-dire qu’elle s’y oppose fermement, qu’elle va à son encontre, et entre en conflit avec elle.
C’est cette contradiction du réel inhérente à l’idée délirante qui fait toute sa différence avec l’illusion.
En effet, l’idée
délirante n’illusionne pas le sujet, en substituant un songe à une réalité parallèle trop difficile à admettre, elle force le
réel pour imposer sa vue et détruit ainsi la réalité dont elle se coupe résolument.
Pour Freud, l'idée délirante est non
seulement coupée de toute relation au réel, mais elle contient une contradiction avec la réalité qui la rend impossible.
L'idée délirante n'a plus rien de vraisemblable, elle n'est qu'une production imaginaire.
L’illusion quant à elle reste encore
dans le vraisemblable, en lien avec la réalité, car elle ne fait que transformer la réalité.
Lorsque l’on fait tourner très
vite une torche enflammée, nous avons l’illusion de voir un cercle de feu, par exemple, et nous ne pouvons pas voir
autre chose, car il s’agit d’un effet d’optique.
Même si l’on sait que l’on se trompe, l’illusion persiste cependant, car elle
est un phénomène réel, une expérience ancrée dans le monde sensible.
L’illusion est une sorte d’erreur, mais à laquelle
s’ajoute une croyance persistante, qui fait qu’on ne peut s’en défaire même si l’on est conscient d’avoir affaire à une
illusion.
Néanmoins, Freud explique que «l’illusion n’est pas nécessairement fausse, c'est-à-dire irréalisable ou en
contradiction avec la réalité ».
L'illusion n'est pas toujours erronée, même si la croyance qu'elle suppose n'a pas été
élaborée par la raison : certaines illusions peuvent même correspondre à la réalité.
Ainsi par exemple nous pouvons
avoir l’illusion de voir un serpent sur notre chemin, alors que ce n’est qu’un bout de bois, mais qui a la forme exacte du.
»
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