FREUD: «[Les idées religieuses] sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens...»
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PRESENTATION DE "L'AVENIR D'UNE ILLUSION" DE FREUD
Cette oeuvre s'inscrit dans une réflexion sur la culture, à la lumière des découvertes de la psychanalyse.
Analysant le
rapport de la religion au désir, Freud (1856-1939) montre sa nature d'illusion.
Il critique sa valeur, tant pour le bonheur
individuel que pour le maintien de la société, et invite à son dépassement rationnel.
Mais Freud se garde ici de tout
scientisme : renoncer à la religion ne consiste pas à la remplacer par une autre illusion, la croyance en la toutepuissance de la science.
La religion apparaît comme un phénomène culturel universel : présente dans toutes les sociétés humaines, elle a même
résisté aux progrès de la science dans les sociétés modernes.
Pour expliquer sa permanence, il faut saisir sa fonction
au sein de la culture et les besoins — conscients et inconscients, auxquels elle répond.
À partir de là, on peut
s'interroger sur la valeur réelle de la religion, pour savoir si l'on doit la conserver.
Reste alors à se demander si les
hommes peuvent se passer de religion.
FREUD: «[Les idées religieuses] sont des illusions, la réalisation des
désirs les plus anciens...»
La raison nous montre que la religion est une illusion.
«[Les idées religieuses] sont des illusions, la réalisation des désirs les plus
anciens, les plus forts, les plus pressants de l'humanité; le secret de leur force
est la force de ces désirs.» Freud, L'Avenir d'une illusion (1927).
• Pour Freud, il ne suffit pas de dire que la religion est une erreur, qui décrit de
manière erronée la réalité et donne aux prêtres un ascendant illégitime sur les
gens assez crédules pour les croire.
La religion a une force propre, celle du désir.
Elle est, comme l'ensemble des comportements humains, une des manifestations
de la libido.
Pour Freud, la croyance en un Dieu providentiel est une projection
de la figure paternelle, qui permet de se prémunir contre les angoisses
rencontrées dans la réalité.
La religion est une pathologie, une névrose
obsessionnelle, qui nous maintient dans un stade infantile et dont il faut se
délivrer pour parvenir à l'âge adulte.
• La critique freudienne est à double tranchant, car elle permet aussi de voir que
certaines critiques de la religion reproduisent, au nom de la science et de la
liberté de penser, les mécanismes qu'elles croient critiquer.
Ce qui se prétend
«discours rationnel» n'est souvent pas moins dogmatique et pas moins symptomatique de certains désirs et angoisses
que la religion.
« Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que l’homme ne saurait
absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l’illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le
poids de la vie, la réalité cruelle.
Oui, cela est vrai de l’homme à qui vous avez instillé dès l’enfance le doux -ou le doux
et amer- poison.
Mais de l’autre, qui a été élevé dans la sobriété? Peut-être celui qui ne souffre d’aucune névrose n’at-il pas besoin d’ivresse pour étourdir celle-ci.
Sans aucun doute l’homme alors se trouvera dans une situation difficile;
il sera contraint de s’avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l’ensemble de l’univers; il ne sera plus le centre de la
création, l’objet des tendres soins d’une providence bénévole.
Il se trouvera dans la même situation qu’un enfant qui a
quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud.
Mais le stade de l’infantilisme n’est-il pas
destiné à être dépassé? L’homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s’aventurer dans
l’univers hostile.
On peut appeler cela « l’éducation en vue de la réalité »; ai-je besoin de vous dire que mon unique
dessein, en écrivant cette étude, est d’attirer l’attention sur la nécessité qui s’impose de réaliser ce progrès? »
FREUD.
D’origine juive, mais formé à l’école de la philosophie des Lumières, du darwinisme et de l’hellénisme, Freud s’est très
vite démarqué de la religiosité de sa famille.
C’est, de son propre aveu, ses réflexions sur l’origine de la culture qui l’ont
amené à rencontrer le phénomène religieux .
« Totem & Tabou » (1913), « Malaise dans la civilisation » (1930), « Moise
& le Monothéisme » (1934), « L’avenir d’une illusion » (1927)., autant d’œuvres qui témoignent de l’intérêt de Freud
pour la religion.
Dans cet ouvrage, Freud affirme que ce serait l’angoisse de l’homme devant la nature toute-puissante, angoisse
analogue à celle de l’enfant, qui aurait engendré, en quelque sorte, le comportement religieux.
En personnifiant les
forces naturelles sous formes d’êtres supérieurs, parfois terrifiants, mais pourvus d’une volonté semblable à celle des
hommes, en attribuant aux dieux les caractères que l’enfant attribue au père, les hommes auraient cherché à exorciser
l’angoisse due à la cruauté de la nature.
La première fonction de la religion serait donc d’humaniser la nature, de protéger l’homme contre celle-ci.
Mais,
humaniser la nature, c’est aussi la tâche de la civilisation.
Or, si celle-ci rend la nature plus supportable, elle impose
néanmoins à l’homme des privations et des souffrances qui, à leur tour, suscitent l’anxiété et le besoin d’un
dédommagement ou d’une consolation.
La religion aurait donc aussi pour objectif de protéger l’homme contre « les.
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