FREUD: Là où "ça" était, "je" dois devenir. FREUD
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«
Là où "ça" était, "je" dois devenir.
Dans la trente et unième des « Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse » (1932),
intitulé « La décomposition de la personnalité psychique », Freud décrit le but du traitement
psychanalytique par cette formule : « Là où « çà » était, « je » dois devenir », où le « ça »
représente l’inconscient.
Il est remarquable que la traduction de la phrase allemande ait prêté à
controverses.
Pour comprendre l’enjeu de cette phrase, il faut garder à l’esprit que la psychanalyse, avant
d’être une discipline, voire une science, est avant tout une thérapie, une façon de guérir des
patients.
Dans notre texte, Freud affirme « C’est que l’être humain tombe malade en raison du conflit
entre les revendications de la vie pulsionnelle et la résistance qui s’élève en lui contre elles ».
La
maladie provient d’un conflit entre les normes « éthiques, esthétiques et sociales » et des désirs
qui « semblent remonter d’un véritable enfer ».
Or ces désirs censurés ne sont pas plus conscients que la censure elle-même.
Le malade subit
donc un combat interne dont il n’a ni la maîtrise, ni la connaissance : « La psychanalyse
entreprend d’élucider ces cas morbides inquiétants, elle organise de longues et minutieuses
recherches, elle se forge des notions de secours et des constructions scientifiques et, finalement
peut dire au moi : « il n’y a rien d’étranger qui se soit introduit en toi, c’est une part de ta propre
vie psychique qui s’est soustraite à ta conscience et à la maîtrise de ton vouloir.
»
En quoi consiste alors le traitement ? A traduire l’inconscient en conscient : « On ne prête pas
assez attention dans cette affaire à un point essentiel, à savoir que le conflit pathogène des névrosés n’est pas comparable à une
lutte normale que des tendances psychiques se livrent sur le même terrain […] Il y a lutte entre des forces dont quelques-unes ont
atteint la phase du […] conscient, tandis que les autres n’ont pas dépassé la limite de l’inconscient.
C’est pourquoi le conflit ne peut
aboutir que lorsque les deux se retrouvent sur le même terrain.
Et je crois que la seule tâche de la thérapeutique consiste à rendre
cette rencontre possible.
» (« Introduction à la psychanalyse »).
Le but de la cure est donc de faire que le patient, au lieu de subir un conflit dont il n’a pas la maîtrise, puisse prendre conscience de
celui-ci.
Un conflit qui existe mais n’est pas posé ne peut être résolu.
Seule la claire conscience des désirs qui agitent le patient, et
des choix qu’il doit faire entre ses désirs et ses normes, peut amener à la guérison.
Supprimer le refoulement conduit à remplacer
une censure dont je n’ai pas conscience, par un jugement et un choix conscient : « En amenant l’inconscient dans la conscience,
nous supprimons les refoulements […] nous transformons le conflit pathogène en un conflit normal, qui, d’une manière ou d’une
autre, finira bien par être résolu.
»
Autrement dit, la cure n’a d’autre but que de remplacer chez le patient le ça, l’inconscient, par la conscience.
De favoriser le
jugement et le choix et d’éliminer un conflit vécu mais ni connu ni maîtrisé.
Le psychanalyste n’a donc pas à trancher le conflit à la
place de son patient, ni à transformer celui-ci.
A l’inverse, il doit permettre à ce dernier sa propre reprise en main.
Là où le patient
était un individu scindé, déchiré entre conscience et inconscient , la cure devrait favoriser une réunification du sujet.
« Vous vous étiez fait de la guérison du nerveux une autre idée, vous vous étiez figuré, qu’après s’être soumis au travail pénible
d’une psychanalyse, il deviendrait un autre homme ; et voilà que je viens vous dire que sa guérison consiste en ce qu’il a un peu
plus de conscient et un peu moins d’inconscient qu’auparavant ! Or, vous sous-estimez certainement l’importance d’un changement
intérieur de cet ordre.
»
Le but du traitement analytique tel que le décrit Freud est de rendre au sujet, déchiré par un conflit dont il n’a pas conscience, la
maîtrise de soi.
Loin que la psychanalyse soit une apologie de l’inconscient, elle s’assigne comme but la promotion du sujet, de la
conscience, et la réduction du ça, de l’inconscient.
Ni confesseur, ni gourou, le psychanalyste, sachant que tout être humain est
d’abord et avant tout un être scindé, déchiré, « décomposé » pour reprendre le mot de Freud, s’efforce de favoriser la recomposition
du sujet et l’avènement de la maîtrise de la conscience.
FREUD (Sigmund).
Né à Freiberg (Moravie), en 1856, mort à Londres en 1939.
Agrégé de neuropathologie en 1885, il suivit à Paris les cours de Charcot et s'intéressa à l'étude de l'hystérie.
Il fonda en 1910
l'Association Psychanalytique Internationale.
Il fit une série de cours aux États-Unis, devint professeur et, en 1920, professeur
extraordinaire à l'Université de Vienne.
Il dut quitter l'Autriche en 1938.
- L'apport incalculable de Freud à l'histoire de la pensée consiste
dans la création de la psychanalyse, qui est à la fois une psychothérapeutique, une « psychologie abyssale» exploratrice de l'inconscient
et une théorie psychologique.
- Les composants psychiques de la personnalité sont : le moi, le ça et le surmoi.
L'inconscient est un
système structuré, qui se révèle par les rêves, les actes manqués.
Freud a insisté sur le rôle de la sexualité dans les conflits de
l'inconscient, les refoulements et les complexes.
Freud a eu l'immense mérite d'écarter« la dangereuse psychose de la dissimulation ».
Oeuvres principales : Etudes sur l'hystérie (en coll.
avec Breuer, 1895), La science des rêves (1900), Psychopathologie de la vie
quotidienne (1904), Trois essais sur la théorie de la sexualité (1905), Totem et Tabou (1913), Au-delà du principe du plaisir (1920),
Psychologie des masses et analyse du Moi (1921), Le Moi et le Soi (1923), Inhibitions, symptômes et angoisses (1926), Le malaise de la
civilisation (1930), Leçons d'introduction à la psychanalyse (1932), Moïse et le monothéisme (1939)..
»
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