FREUD et l'essence grandiose de la religion
Extrait du document
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Analyse du sujet
— Texte assez facile à cerner : il s'agit de comparer la religion et la science, en précisant les trois fonctions de la
première, et comment la science ne leur correspond que très partiellement.
— Le plan s'impose de lui-même : on consacrera une partie à chaque fonction, en suivant l'ordre suggéré par Freud
dans la deuxième phrase de l'extrait.
Il suffira alors d'illustrer ses affirmations en empruntant des exemples aux
religions, mais aussi aux sciences.
— Que peut-on en déduire quant à la possibilité d'une critique de la religion avec des arguments scientifiques ?
Pièges à éviter
— Ne vous laissez pas emporter par vos propres croyances religieuses pour méconnaître l'analyse de Freud.
Pas
davantage, en sens contraire, de grandes déclarations antireligieuses, qui rateraient également la véritable portée du
texte.
— Inutile de rédiger de longs développements sur la critique freudienne de la religion comme illusion : ce n'est pas ce
point de vue qui intervient ici.
On pourra donc tout au plus y faire allusion, dans l'introduction ou en cours de
développement (par exemple, à propos des réconforts apportés par la religion).
— Rappelez-vous qu'il existe d'autres religions que les trois grands monothéismes, et essayez de fournir quelques
exemples qui ne concernent pas ces derniers.
Plan
Introduction
I.
La religion comme savoir
II.
La religion comme réconfort
III.
Religion et morale Conclusion
[Introduction]
On peut donner de la religion différentes définitions, en soulignant, par exemple, la façon dont elle rassemble les
hommes, ou son contenu doctrinal, ou son organisation institutionnelle.
Dans cet extrait, Freud préfère mettre en
valeur ses différentes fonctions, pour la comparer à la science.
Comparaison qui n'est en elle-même guère inédite, mais
qui est ici effectuée d'une manière particulièrement efficace, parce qu'elle permet de comprendre que la religion comble
des attentes plus vastes que la science, et d'en déduire qu'il y a sans doute là une des raisons qui la rendent peu
perméable aux arguments scientifiques qui prétendraient la critiquer.
En fait, religion et science correspondent à deux
versants de l'être humain — et il n'est pas évident, d'après ce que dit Freud, que ces deux versants puissent coïncider.
[I.
La religion comme savoir]
Si la religion présente ce que Freud n'hésite pas à nommer une "essence grandiose", c'est parce qu'elle remplit trois
fonctions, qui correspondent à des attentes permanentes des hommes.
Ces trois fonctions rouvrent en effet des
aspects fondamentaux de l'existence, et ils constituent de la sorte un système qui semble de nature à satisfaire
intégralement le désir humain.
La religion résout en effet les questions que l'on peut se poser sur l'origine des choses ;
elle rassure les hommes et leur garantit un réconfort dans le malheur ; elle leur impose enfin des normes morales.
La
science, en raison même de la nature des connaissances qu'elle élabore, peut sans doute entrer en rivalité avec la
religion sur le premier point ; elle est déjà moins compétitive sur le deuxième ; quant au troisième point, elle y demeure
muette.
En précisant que la religion informe les hommes sur « l'origine et la constitution du monde », Freud répète à sa façon
ce que Comte avait repéré comme caractéristique de l'état théologique : la croyance répond aux questions concernant
les causes premières, c'est-à-dire aux interrogations portant sur le « pourquoi » des choses.
Les mythes des sociétés
« primitives » aussi bien que le récit biblique de la Genèse comblent de la sorte « le désir humain de savoir ».
Toute
croyance religieuse satisfait la curiosité fondamentale de l'être humain à propos de l'apparition du monde et des
hommes eux-mêmes, en proposant une cosmogonie qui conte ou « explique » leur origine.
Il est vrai que la science répond aussi au désir de savoir, mais on doit remarquer que le savoir qu'elle propose est moins
ambitieux : il concerne le « comment » des choses, et non leur « pourquoi ».
Une loi scientifique rend compte d'un
fonctionnement, non d'une apparition.
Même lorsque les sciences construisent des théories cosmogoniques (le big
bang), elles sont moins immédiatement affirmatives que les religions : on sait que les théories scientifiques sont
destinées à être inlassablement refaites, alors qu'un dogme religieux est par définition impossible à modifier.
Il y a ainsi
d'un côté une vérité en construction permanente, de l'autre (dans chaque système religieux) une vérité affirmée
comme définitive.
En sorte que la rivalité entre la religion et la science ne tourne guère, dans ce domaine, à l'avantage
de la deuxième, synonyme de patience, de prudence dans les conclusions, de remise en chantier de ce qui était admis,
là où le désir de savoir semble exiger des réponses globales et rapides.
S'il peut arriver que la science oblige la religion
à modifier certaines de ses affirmations (les autorités chrétiennes ont quand même fini par reconnaître F
héliocentrisme), elle semble incapable de résoudre sans délai tous les problèmes de connaissance que la religion
prétend avoir résolus depuis longtemps.
[II.
La religion comme réconfort].
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