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François Adrien Boieldieu

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1775-1834 Boieldieu, citoyen de Rouen, naquit le 16 décembre 1775. Louis XV vient de mourir et c'est Louis XVI qui s'est installé sur le trône de France, Louis XVI, l'hésitant et le maladroit, dont Voltaire annonce qu'il apportera de grandes choses à la France - et, en effet, il lui fera don de la Révolution. Sous ce règne infortuné et apocalyptique, Boieldieu va grandir et se former à la vie et à la musique, danser sur le volcan au son des flûtiaux poétiques de Parny et lyriques de Grétry, avant d'assister à la prodigieuse éruption de 1789. Aveuglé d'abord par cette pluie de cendres, il s'y accommodera, comme il s'habituera ensuite à la coulée de laves de l'Empire. Mais c'est une nature sereine et douce, qui aspire au calme de la tradition et d'un ordre social stable pour être en mesure d'exprimer les harmonies dont son cOeur déborde. Aussi ne sera-t-il pleinement lui-même qu'à l'époque de la Restauration, retour au paisible climat de son enfance. Même dans sa prédilection pour l'ancien régime, il y a beaucoup plus de goût de la paix que de conviction. Et il a raison, car c'est bien au souffle de la Révolution qu'il doit de ne pas s'être encroûté dans le classicisme désuet de la fin du XVIIIe siècle, d'avoir cherché sinon toujours trouvé mieux, assoupli son orchestration, rénové le style de l'opéra-comique.

« François Adrien Boieldieu 1775-1834 Boieldieu, citoyen de Rouen, naquit le 16 décembre 1775.

Louis XV vient de mourir et c'est Louis XVI qui s'est installé sur le trône de France, Louis XVI, l'hésitant et le maladroit, dont Voltaire annonce qu'il apportera de grandes choses à la France — et, en effet, il lui fera don de la Révolution.

Sous ce règne infortuné et apocalyptique, Boieldieu va grandir et se former à la vie et à la musique, danser sur le volcan au son des flûtiaux poétiques de Parny et lyriques de Grétry, avant d'assister à la prodigieuse éruption de 1789.

Aveuglé d'abord par cette pluie de cendres, il s'y accommodera, comme il s'habituera ensuite à la coulée de laves de l'Empire.

Mais c'est une nature sereine et douce, qui aspire au calme de la tradition et d'un ordre social stable pour être en mesure d'exprimer les harmonies dont son cOeur déborde.

Aussi ne sera-t-il pleinement lui-même qu'à l'époque de la Restauration, retour au paisible climat de son enfance.

Même dans sa prédilection pour l'ancien régime, il y a beaucoup plus de goût de la paix que de conviction.

Et il a raison, car c'est bien au souffle de la Révolution qu'il doit de ne pas s'être encroûté dans le classicisme désuet de la fin du XVIIIe siècle, d'avoir cherché sinon toujours trouvé mieux, assoupli son orchestration, rénové le style de l'opéra-comique. Ses parents, négociants aisés, ne mirent aucun obstacle à sa vocation.

A douze ans, il entra en apprentissage chez l'organiste Broche, ancien élève de Desmazures et du père Martini.

Broche était un professeur brutal, surtout lorsqu'il avait bu un verre de trop, ce qui lui arrivait souvent.

Boieldieu patienta trois ans, puis s'enfuit un beau jour à Paris.

Il resta dans la capitale jusqu'en 1793, y poursuivit ses études, mais revint à Rouen au moment où la Terreur battait son plein.

C'est alors qu'il présenta ses deux premières Oeuvres, la Fille coupable et Rosalie Myrza, deux opéras larmoyants, mais où éclate déjà l'invention mélodique. Boieldieu fit ensuite un nouveau et bref séjour à Paris, sans néanmoins s'y installer vraiment qu'après le 9 Thermidor.

Il fut fort bien accueilli par les musiciens qui y faisaient alors la pluie et le beau temps, notamment par Cherubini, Méhul et Kreutzer.

La mode était alors aux romances, et Boieldieu, pour le compte de l'éditeur Cochet, en écrivit de nombreuses qui lui assurèrent une telle réputation qu'en 1797, il put faire son début sur la scène au théâtre Feydeau, un des plus importants de Paris.

Il y monta un petit ouvrage en un acte, la Famille suisse, qui remporta le plus vif succès.

Peu après, on lui demandait sa première pièce de circonstance (genre "collaborationniste" où la vie le força d'exceller) : l'Heureuse nouvelle, écrite à l'occasion de la paix de Campo-Formio. L'année suivante, il eut l'occasion de donner une pièce beaucoup plus remarquable, Zoraïme et Zulnare, drame écrit sur un livret de SaintJust et Longchamp et où le style si particulier du compositeur se dessine pour la première fois avec fermeté.

Puis vinrent diverses Oeuvres mineures, telles que la Dot de Suzette, les Méprises espagnoles et la Prisonnière.

Il faut toutefois attendre 1800 pour voir Boieldieu créer les partitions qui ont réellement fondé sa gloire.

Ce sont, avant tout, Beniowski, le Calife de Bagdad et Ma Tante Aurore.

C'est cette année même qu'il est nommé professeur au Conservatoire, honneur peu commun pour un homme aussi jeune.

Beniowski allait y ajouter encore. Il s'agit d'un drame — et Boieldieu en a peu écrit — qui contient de nombreux morceaux d'une envolée mélodique remarquable.

Tout au contraire, le Calife de Bagdad est un petit chef-d'Oeuvre classique, dont l'ouverture, en particulier, est étincelante.

On y décèle, très nette, l'influence de Cherubini et de Cimarosa.

Ma tante Aurore, important ouvrage en trois actes, ne fut d'abord qu'un demi-succès et dut être remanié.

Pourtant, dans sa seconde version, il déchaîna l'enthousiasme et le mérita par son orchestration savante et son art de l'harmonie. Boieldieu eut la chance de devenir célèbre très tôt, mais il eut moins de bonheur sur le plan de la vie privée.

En 1802, il épousa une danseuse de l'Opéra, Clotilde Augustine Mafleurai, femme d'une admirable beauté, mais "de peu de mOeurs", comme on disait à l'époque.

En choisissant le jeune compositeur, elle avait surtout cherché à faire une fin honorable ; à peine était-elle Mme Boieldieu, qu'elle reprit ses fâcheuses habitudes.

Son mari en fut profondément affecté et, pour retrouver son équilibre, décida de partir pour la Russie.

Dans l'année1803, il se rendit à Saint-Pétersbourg où l'empereur Alexandre le nomma son maître de chapelle, puis l'attacha au théâtre français, comme directeur de musique, aux appointements de trois mille roubles par an. En revanche, l'artiste s'engageait à écrire trois opéras nouveaux par an pour le tsar.

Durant son séjour de sept ans en Russie, il composa notamment : Aline, reine de Golconde ; Télémaque ; les Voitures versées ; la Jeune femme colère ; Rien de trop, ou les deux paravents ; la Dame invisible. De retour à Paris, à la veille de la campagne de Russie, Boieldieu se mit énergiquement au travail.

Le 4 avril 18I2, il fit représenter à l'Opéra-Comique jean de Paris, une Oeuvre en deux actes qui eut, auprès des contemporains, autant de renommée que la Dame blanche, plus tard.

On y découvre une habileté et une élégance qui annoncent la vraie maîtrise.

Weber lui-même, dans le Journal de Dresde, salua la pièce avec enthousiasme.

Puis ce furent le Nouveau seigneur du village, la Fête du village voisin (1816), Charles de France (ouvrage écrit pour le mariage du duc de Berry), dans lequel il collabora avec le jeune Hérold.

L'année suivante, il était nommé membre de l'Institut, en remplacement de Méhul, qui venait de mourir.

A cette occasion, il composa le Petit chaperon rouge, partition d'une écriture plus savante que les précédentes et où le chant, sans rien perdre de son charme, se marie mieux avec l'orchestre. Ensuite, l'activité de Boieldieu se ralentit : il remanie surtout des pièces antérieures et on dirait qu'il se recueille pour créer son plus authentique chef-d'Oeuvre, la Dame blanche, qui fut joué en première à la fin de 1825.

Si l'influence de Rossini s'y fait sentir, elle a été parfaitement assimilée par le génie spontané et brillant de Boieldieu ; qu'il s'agisse de l'ouverture ou des principaux airs de la pièce, ils ont une ampleur et une pureté de ligne qui leur ont assuré, jusqu'à aujourd'hui, la plus évidente jeunesse.

Le public ne s'y trompa point et fit à l'artiste un triomphe. Hélas, ce devait être son chant du cygne.

Sa santé, vacillante depuis son séjour en Russie, fut tout à fait compromise à la suite d'une chute, une année après que, sa première femme étant morte, il eut pu épouser Jeanne-Philis Desoyres qu'il aimait tendrement.

Dès cet accident, Boieldieu dut ralentir considérablement son travail ; retiré à la campagne, il composa encore les Deux nuits qui est loin de valoir la Dame blanche, et c'est à peu près tout.

A partir de 1829, une longue et douloureuse maladie s'abattit sur lui : il devait y succomber en 1834. Rénovateur de l'opéra-comique en France, artiste plein d'originalité, de feu et d'une rare élégance de style, Boieldieu fut encore un cOeur d'élite et un caractère droit et généreux.

C'est une des plus belles figures de la musique française.. »

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