Foucault, Contre l'histoire globale
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Thème 277
Foucault, Contre l'histoire globale
Indications générales
Michel Foucault (1926-1984), se réclamant de la démarche de Nietzsche et de la méfiance à l'égard des grands
systèmes globalisants, a abordé en généalogiste, ou en «archéologue» (L'Archéologie du savoir, 1969), des problèmes
laissés de côté par la philosophie: la folie, la clinique, les prisons, la sexualité...
Foucault cherche comment se sont
formées les institutions et les représentations sur lesquelles vit la société contemporaine, pour montrer que, loin
d'exister de toute éternité, elles sont le fruit de processus historiques récents — à commencer par l'idée d'« homme»
elle-même.
À l'histoire globale se substitue pour lui le projet d'une histoire générale:
Citation
«Le thème et la possibilité d'une histoire globale commencent à s'effacer, et on voit s'esquisser le dessin, fort différent,
de ce qu'on pourrait appeler une histoire générale.
[...] Une description globale resserre tous les phénomènes autour
d'un centre unique — principe, signification, esprit, vision du monde, forme d'ensemble; une histoire générale déploierait
au contraire l'espace d'une dispersion ».
(L'Archéologie du savoir, 1969.)
Explication
Le xixe siècle est l'âge des « histoires globales», qui prétendent restituer toute l'histoire de l'Humanité à partir d'un seul
principe explicatif: tel est le projet d'Auguste Comte* ou, surtout, de Hegel, qui déclare: «L'histoire universelle est la
manifestation du processus divin, de la marche graduelle par laquelle l'esprit connaît et réalise sa vérité» (La Raison
dans l'histoire).
Ce que constate Foucault, c'est que l'histoire, en se constituant comme «science humaine», a mis de
côté cette volonté métaphysique totalisante, et s'est consacrée à l'étude détaillée de domaines plus spécifiques.
Elle
n'est pas vouée pour autant à l'éclatement en histoires régionales sans communication les unes avec les autres («
celle de l'économie à côté de celle des institutions, et à côté d'elles encore celles des sciences, des religions ou des
littératures»...), mais elle devient «histoire générale», c'est-à-dire qu'elle cherche à comparer et à organiser en
«tableaux» ces savoirs dispersés qu'elle a recueillis, sans plus essayer de les ramener à un principe commun.
Exemple d'utilisation
Le texte de Foucault nous donne une conception moderne de ce qu'est la science historique.
Il s'oppose bien sûr à
l'histoire mythique des religions, mais aussi aux grandes reconstitutions rationalistes de l'histoire humaine, dont il
montre qu'elles aussi, à leur manière, sont des sortes de mythes rationnels.
(Ce texte pourrait ainsi être utilisé dans
une troisième partie de dissertation sur la question de la scientificité de l'histoire).
SUJET TYPE: L'histoire: une histoire ou des histoires?
Contresens à ne pas commettre
Ne pas croire que Foucault renonce à l'ambition d'une science historique.
Au contraire: l'histoire générale, celle qu'il
met en oeuvre par exemple dans Les Mots et les choses (1966), est à la fois plus ambitieuse et moins ambitieuse que
les grands systèmes du xixe siècle.
Elle cesse de prétendre à un principe explicatif absolu, mais c'est pour gagner en
richesse de détail et de distinctions, et se garder d'amalgames qui rendent en fait l'histoire moins objective en croyant
la rendre plus cohérente.
Face à un objet aussi complexe que l'histoire humaine, renoncer à une certaine cohérence
peut vouloir dire gagner en scientificité..
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