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Fonder la morale

Publié le 17/10/2024

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« Fonder la morale « Le larcin, l’inceste, le meurtre des enfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses.

» disait Pascal dans les Pensées (294).

Cette assertion dresse un constat pessimiste de la vertu des hommes en ce monde.

En effet, si des actes traditionnellement condamnés sont présentés comme ayant leur légitimité au sein des actions vertueuses, cela peut remettre en question les bases sur lesquelles reposent nos jugements moraux.

Pourtant, la morale est une représentation très claire et partagée à travers des concepts normatifs entre ce qui est bien et de ce qui est mal.

Sa racine étymologique morales et mores, qui signifie mœurs ou coutumes, associe la morale à un fait social universel, partagé et reconnu dans toutes les sociétés humaines comme des ensembles de règles de conduite et de valeurs communes, qu’il faut fermement respecter.

La morale est elle-même une injonction. Fonder la morale, si on l’entend l’entend dans sa forme impérative, formule une sorte d'obligation de ce qui est obligé.

Fonder la morale, si on l’entend comme une forme de proposition, cela veut dire qu’il y a une forme de recommandation motivée en raison de certaines évaluations, comme celle de Pascal qui pointe du doigt les négligences en matière de vertu dans la conduite des hommes.

Peut être le signe d’une morale mal fondée en vue des comportement moraux non régulés.

Dans les deux cas, d’impératif ou de proposition, est-il sous entendu que la morale soit dépourvue de fondement ? Ou bien à l’inverse, une multitude de fondements ? Le fondement renvoie à ce qui justifie ou rend raison d'une chose.

Il est bien entendu nécessaire de le faire pour un domaine aussi capital qu’est la morale dans nos sociétés.

Si l’on arrive à justifier la morale, celle-ci peut prétendre à une efficacité sans pareil.

Fonder la morale, c’est l’enjeu de bâtir le socle d’une seule et unique morale commune à tous.

Dès lors, peut-on envisager la possibilité d’un accord commun en promouvant le projet d’une réalisation de l’éthique pratique, univoque et applicable ou les critères moraux peuvent être concrètement listés pour enfin corriger les défauts d’acquittements antérieurs, en reconnaissant une portée de type universelle ? En proposant, ainsi, d’admettre une pratique active et fonctionnelle d’une seule morale solidement bâtit pour s’engager comme il le convient dans la réparation de son inapplication.

En premier lieu, nous verrons que l'aspiration au bonheur offre un argument convaincant et motivant pour l'adhésion à la moralité.

En second lieu, nous défendrons la nécessité de s'appuyer sur des principes moraux solides et précis reposant sur la raison, et le principe d’universalité.

Enfin, nous défendrons l’idée que fonder la morale, ce n’est pas l'idéaliser, mais plutôt la reconnaître dans la complexité de son atteinte : prendre l’injonction de déconstruire la morale pour la fonder sur des bases solides comme sorte de réévaluation nécessaire. Pour véritablement fonder la morale, il faut, avant toute chose, rendre raison de sa justification.

Pourquoi donc faire le choix d’agir moralement ? Pour quels motifs les hommes s’y conformeraient ? Un argument convaincant et motivant s’y prête : le bonheur en résultant. La base de toute morale réside dans l'eudémonisme, alors on peut dire que fonder la morale revient à fonder le bonheur.

Mais quels rapport entretiennent moral et bonheur? Le principe et fondement premier, qu’il faut absolument retenir pour Aristote dans Éthique à Nicomaque, c’est le souverain bien, qui est selon lui, le principe premier du bien.

Car la finalité de nos actions ne peut être autre chose que le bien.

Par exemple, la médecine, l’économie ou bien encore la politique, sont toutes des activités qui se donnent comme fin la réalisation d’un bien.

En effet, la médecine vise au perfectionnement de la santé, l’économie veut croître les richesses et la politique contribue au bien de la cité.

Or, tous ces biens intermédiaires ne sont pas voulue pour eux même mais en tant que moyen pour parvenir a un seul bien final, le bonheur, qui est le souverain bien.

Il le caractérise comme « quelque chose de parfait qui se suffit à soi-même, et il est la fin de nos actions.

» La multiplicité des fins éthiques tendent au bout du compte vers une fin ultime qui est le bonheur, fin la plus parfaite car elle n’est pas voulue pour autre chose (cf.

Livre X, chapitre VI, 1176 a32).

Dès lors, le bonheur peut fonder l’action morale car il est son but ultime.

Aristote propose de voir dans le bonheur, l’activité de l’âme accompagné de vertu et de rationalité, et qui se trouve davantage dans les vertus morales, qui sont des moyens agréables du bonheur.

La vertu au sens aristotélicien est « une disposition à agir d’une façon délibérée, consistant en une médiété relative à nous, laquelle est rationnellement déterminée et comme la déterminerait l’homme prudent ».

C’est à dire qu’elle consiste au développement d’un caractère et à la disposition à agir de manière juste et équilibrée.

Elle se fonde en grande parti sur la mesure.

Pour bien diriger ces actions, en d’autre terme, agir moralement, Aristote soutient que cela demande de l'entraînement, la formation d’une habitude que l’on intègre au fur et à mesure à l’instar d’un sport.

C’est justement la pratique d’action vertueuse qui va nous permettre d'être finalement vertueux.

Par exemple, dans le cas du courage, la juste mesure n’est ni la lâcheté qui est un manque de courage, ni la témérité qui est un excès de courage, c'est l’entre deux.

L'évaluation de cette mesure peut se réaliser grâce à l’intuition qui va être développée par la répétition du comportement moral.

C’est dans ce sens que l’on peut comprendre la formule d’Aristote « Une hirondelle ne fait pas le printemps.

» (cf.

Livre I, VII, 16).

Il faut la répétition d’une même action pour devenir vertueux, on comprend donc que bonheur s’acquiert avec l’exercice.

Ce sont les bonnes habitudes et l’expérience qui participent le plus à l’acquisition de la vertu morale et par la suite, à l’obtention du bonheur. Aristote affirme (Livre I) que la vertu est essentielle au bonheur en tant qu'un office appartient à un individu et à son homologue vertueux.

Il prend pour cela l'exemple du cithariste en comparaison avec le bon cithariste.

L'office du cithariste est de jouer mais celui du bon cithariste est de bien jouer.

La supériorité attribuée par la vertu à une espèce s'ajoute donc à son office.

Mais pourquoi alors Aristote fait-il de la vertu une condition nécessaire au bonheur ? Il semble en effet au premier abord que la pensée actualisée pourrait suffire à ce que l'homme réalise sa fonction propre et soit ainsi heureux.

Selon l'auteur, cette activité à elle seule ne permet pas d'atteindre le bien.

Il faut, pour que les œuvres de l'homme soient belles et parfaites, qu'elles traduisent sa vertu.

On voit de cette manière que l'activité rationnelle détermine l'humain, mais non le bien ou la vertu.

Il est hors de question de demander à la raison pure ce qui est bien.

Par conséquent, l'office de l'homme est de vivre de manière conforme à sa raison, et s'il effectue bien son office alors l'œuvre sera belle, et il atteindra le bonheur.

La définition du bien comporte donc un genre, qui est l'activité rationnelle et une différence spécifique, le fait que l'activité exercée traduise la vertu.

Le genre dit en quoi le bien est chose proprement humaine, et la différence, ce en quoi cette chose humaine est spécifiquement un bien.

Nous comprenons ainsi que la sagesse est la traduction du bonheur, la sagesse étant l'activité méditative accompagnée de vertu.

On s'aperçoit alors qu'il y a identification entre bien préférable en soi, essence de l'homme, bonheur, et maintenant l'arétè, qui est l'excellence de l'homme, intrinsèquement liée au bonheur et qui est elle aussi spécifiquement humaine en tant qu'identique à l'activité de l'âme. La vertu propre de l'être humain étant de bien penser, seul un être intellectuellement actif et vertueux peut donc accéder, et exceller, au bonheur. Le fondement de l’action morale qui vise au bonheur ne peut être autre chose que contrôle de nos représentations.

A la question : chaque homme possède-t-il ce qui est requis pour devenir sage, donc moral, donc heureux ? La philosophie stoïcienne répond que oui, tout homme possède bien les notions indispensables, or il ne sait pas les appliquer.

Il faut donc apprendre à le faire en fonction des événements, conformément à la nature.

Dans ce but, l’homme doit apprendre à se connaître et s’efforcer d’agir selon la raison, c’est notamment la thèse défendue par Epictète dans le Manuel.

Il existe certaines notions « communes à tous les hommes » comme celle « que le bien est utile et désirable, qu’il faut le rechercher et le poursuivre », « que le juste est beau et convenable » et « que la sainteté est à honorer » (cf.

Entretiens, I, 22).

Ces prénotions sont de l’ordre du sens commun et se constituent naturellement et spontanément, comme un système, puisqu’elles sont en accord les unes.... »

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